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Les pharmacies vont lutter contre les violences domestiques

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Dès novembre, certaines officines vaudoises arboreront ce label.Image: watson

Comment cet autocollant romand compte «protéger les victimes de violence»

Dès le mois de novembre, une partie des pharmacies du canton de Vaud arboreront un signe bien distinctif: un label qui certifie que les employés sont formés pour accueillir et orienter les victimes de violences conjugales et familiales. Genève et Neuchâtel suivent l'exemple. On vous explique?
21.11.2023, 18:4622.11.2023, 16:23
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Lorsqu'une personne subit des violences dans un couple ou au sein de la famille, la pharmacie est parfois le premier endroit où elle se rend. Mais pour le personnel de santé, l'accueil peut être compliqué: comment faut-il réagir? Quelles solutions proposer? Quels conseils donner?

C'est dans ce contexte que le Bureau de l’égalité entre les femmes et les hommes (BEFH) et la Direction générale de la santé (DGS) du canton de Vaud ont décidé de mettre en place début 2023 une formation destinée au personnel des pharmacies.

«Nous n'avions pas assez de connaissances pour accueillir correctement une victime de violences domestiques»
Christophe Berger, président de la Société Vaudoise de Pharmacie (SVPh)

Un problème désormais résolu pour 321 pharmaciens et 95 assistants en pharmacie. Au total, plus des trois quarts des officines du canton ont participé à la formation. Dès le mois de novembre, les établissements vaudois qui comptent plus de 30% de leurs employés formés seront certifiés d'un label qui leur permettra d'être identifiés comme lieu où les personnes lésées pourront se rendre pour demander de l'aide ou des conseils. Une première en Suisse.

Le label en question:

Le Canton de Vaud lance un label pour identifier les pharmacies qui offrent un soutien en cas de violences
Image: état de Vaud

«La pharmacie est la porte d'entrée dans le système de santé pour une victime de violences familiales ou conjugales», explique Christophe Berger, président de la Société Vaudoise de Pharmacie (SVPh). Il cite deux raisons à cela. La première, parce que l'établissement est ouvert à des horaires réguliers et offre un accès gratuit et facile à des professionnels de santé sans rendez-vous.

«Les gens viennent en sachant qu'il y aura quelqu'un à leur écoute. Même s'ils ne parlent pas la première fois, ils identifient l'endroit et y retournent lorsqu'ils se sentent à l'aise.»

La seconde, car les victimes s'y rendent pour acheter des médicaments après une agression. «Une crème contre les hématomes ou qui apaise des douleurs au poignet après une chute par exemple», poursuit l'expert.

En quoi consiste la formation?

Les enseignements dispensés en début d'année dans le canton de Vaud ont permis aux pharmaciens et assistants en pharmacie de mieux comprendre la problématique de la violence dans le couple, d'identifier les signes qui indiquent une souffrance, de savoir quelles sont les différentes phases de la violence, de communiquer correctement avec la victime lorsqu'elle est dans un moment critique ou de connaître les procédures juridiques qu'il est possible d'activer.

«J'ai également appris qu'on pouvait se rendre aux urgences sans déposer plainte. Cette démarche peut être faite dans un second temps. Dès le moment où le dossier a été ouvert, il peut être réactivé plus tard.»
Christophe Berger

D'autres cantons suivent l'exemple

Face à un tel projet, et au vu du nombre de professionnels formés, on se pose la question de l'ampleur du besoin. Le président de la SVPh confirme que lors des formations, nombre de ses collègues ont raconté s'être déjà retrouvés face à une victime de violences domestiques. Des situations dans lesquelles ils étaient souvent démunis lors de la prise en charge.

En revanche, il est difficile d'obtenir des chiffres qui indiquent le nombre de personnes qui sollicitent l'aide des pharmacies vaudoises, car aucune statistique n'est tenue. Pourquoi? «Parce qu'on veut que les gens qui sollicitent notre aide sachent qu'ils ne craignent rien», répond Christophe Berger.

D'autres cantons suivent désormais l'exemple. Des discussions sont en cours dans le Jura, au Tessin, à Fribourg et en Suisse alémanique. A Genève, la formation est dispensée depuis le 18 septembre 2023. Elle a beaucoup de succès, selon la pharmacienne cantonale Nathalie Vernaz-Hegi, «ce qui témoigne de son importance». Et de préciser:

«A ce jour, 230 personnes se sont inscrites. Cette forte adhésion souligne clairement l'existence d'un réel besoin»
Pre Nathalie Vernaz-Hegi, pharmacienne cantonale (GE)

A Neuchâtel, le lancement est prévu pour le 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Depuis cette date symbolique et jusqu'au 8 mars 2024, journée internationale des femmes, la formation sera gratuite pour les professionnels concernés.

«C'est un magnifique outil qui a été développé par le canton de Vaud. Il fonctionne, et nous sommes heureux de pouvoir l'adapter dans nos pharmacies», se réjouit Laurence Boegli, co-cheffe de l’Office de la politique familiale et de l’égalité (OPFE) de Neuchâtel. Elle confirme elle aussi l'importance d'une telle formation pour celles et ceux qui sont en contact avec des victimes.

Plus d'informations:
Dans le canton de Vaud, près de la moitié des violences constatées depuis les 8 dernières années se produisent au sein d'une relation de couple ou de parenté. Les femmes représentent 70% des personnes concernées.

Dans le canton de Neuchâtel, en 2022, 522 infractions de violences domestiques ont été enregistrées, selon le Département de l'emploi et de la cohésion sociale. 48,6% étaient des couples, 23,6% des ex-couples et 14,8% concernaient des relations parents-enfants.

Dans le canton de Genève, en 2022, les infractions pénales pour violences domestiques ont augmenté de 3% par rapport à 2021. 1743 infractions ont été recensées. 81% des victimes sont des femmes et 79% des auteurs sont des hommes.
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