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Votation

Elevage intensif: pouvoir d'achat et habitudes de viandards

De la viande de boeuf photographiee en vitrine de la Boucherie Charcuterie Stuby lors de la pandemie de Coronavirus (Covid-19) ce jeudi 18 fevrier 2021 a Vevey. Les bouchers-charcutiers qui font de la ...
Une boucherie à Vevey (VD). 20 octobre 2021Image: KEYSTONE

Aujourd'hui, votre amour de la viande et votre porte-monnaie votent pour vous

Les chances de succès de l'initiative combattant l'élevage intensif sont minces. Watson a mis son nez dans les statistiques fédérales. Et c'est passionnant. Voici ce qu'elles révèlent.
25.09.2022, 08:0825.09.2022, 19:43
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Moins que le fossé villes-campagnes, attendu sur un tel sujet, ce sont le porte-monnaie, les habitudes culturelles, ainsi que le taux de participation aux votations selon les tranches d’âge qui pourraient décider du sort de l’initiative contre l’élevage intensif des animaux. En l’occurrence en faveur du «non», donné à 52% dans le dernier sondage de la SSR.

Watson a jeté un œil aux chiffres de l’Office fédérale de la statistique (OFS) relatifs aux dépenses de consommation des ménages suisses pour la période 2015-2017, la dernière disponible auprès de l’OFS. Si l’on peut faire dire à peu près ce que l’on veut aux statistiques, elles n’en contiennent pas moins de précieuses informations, sur les achats de produits carnés, par exemple.

Notre sélection

Nous avons retenu trois types de viande pour essayer d’y voir plus clair sur les us et coutumes des consommateurs:

  • Le bœuf.
  • La volaille fraîche ou surgelée.
  • Les saucisses, les saucissons, les pâtés et autre charcuterie, composés en grande partie de porc.

L’on sait qu’avant tout, c’est la production de porc et de volaille qui est dans le collimateur de l’initiative. En Suisse, ces deux secteurs arrivent en tête de la production indigène et de la consommation de viande, en tonnes, devant les produits bovins.

Le palmarès

Que voit-on? Seule la classe de revenus la plus élevée par ménage, celle qui démarre à 12 856 francs (20% de la population), place le bœuf en tête des dépenses consacrées à la viande, soit 36,82 francs, contre 30,44 francs pour la volaille et 33,78 francs pour les saucisses. Sur un total de 185,28 francs alloués aux produits carnés en moyenne mensuelle.

De 80 francs à 100 francs par mois selon le revenu

Les deux classes de revenus les plus basses (moins de 4530 francs et entre 4530 et 6717 francs, 40% de la population à elles deux), sur des totaux respectifs de dépenses en viande de 80,36 francs et de 100,16 francs en moyenne mensuelle, accordent une place prépondérante:

  • aux saucisses et autres saucissons (17,02 francs et 20,63 francs)
  • devant le bœuf (12,52 francs et 18,11 francs)
  • et la volaille (11,86 francs et 14,59 francs).

On parle ici de valeur, pas de volume, le bœuf étant de loin la viande la plus chère des trois secteurs de dépenses que nous avons retenus. Dans les deux catégories de revenus restantes (de 6718 à 9288 francs et de 9289 à 12855 francs), les dépenses consacrées aux saucisses dépassent sensiblement aussi celles allouées au bœuf.

Le grand dilemme au moment du vote

Que retenir de ces données globales? Si l’on ne peut imputer au seul coût élevé du bœuf le choix préférentiel des consommateurs suisses pour les deux autres viandes, force est de constater que le porc, mais aussi la volaille, se taillent la part du lion (en valeur et/ou en volume).

Or l’initiative contre l’élevage intensif, si elle était acceptée, augmenterait le coût des produits volaillers et porcins. Les ménages les moins bien lotis en pouvoir d’achat auront sûrement cela en tête au moment de glisser leur bulletin dans l’urne.

Les Romands kiffent le bœuf, les Alémaniques sont très saucisses

Les habitudes culturelles ensuite. Peut-être un trait qu’ils partagent avec les Français, les Romands sont les véritables viandards de Suisse. Ils consacrent davantage de leur budget à la consommation de produits carnés que les Alémaniques (143,50 francs contre 124,74 francs, soit 1,548% contre 1,315% de leurs dépenses mensuelles).

Ils sont aussi plus gourmands en bœuf, clairement leur viande préférée, si l'on en croit leurs dépenses, avec 28,65 francs en moyenne mensuelle par ménage, devant la volaille (26,48 francs) et les saucisses (22,56 francs).

Les plus férus de viande sont les Vaudois avec 146 francs par ménage. Toujours en moyenne mensuelle.

Les moins viandards? Les Zurichois

Les Alémaniques sont-ils ici plus alignés sur l’Allemagne? Toujours est-il que les saucisses occupent la première place des achats de viande avec 27,44 francs par mois et par ménage, devant le bœuf (à bonne distance avec 20,37 francs) et la volaille (19,10 francs). Là encore, une augmentation du coût de la viande de porc impacterait la consommation de saucisses, même si les habitudes de consommation transcendent les purs critères de revenus.

Comme le relève une collaboratrice de la Fédération romande des consommateurs jointe par watson:

«Les ménages aisés ne mangent pas forcément des viandes chères, il existe en Suisse une culture de la viande populaire»
Une collaboratrice de la Fédération romande des consommateurs

Les ménages du canton de Zurich dépensent ainsi seulement 116,91 francs par mois pour de la viande achetée en magasin (la somme la moins élevée parmi les cantons les plus peuplés recensés par l'OFS).

Promotions über alles

Il n’empêche, pour beaucoup l'argument du porte-monnaie semble être déterminant lorsqu'il s'agit d'acheter de viande – la «faute», peut-être, aux sollicitations de la grande distribution, critiquée par les promoteurs de l’initiative pour sa politique d’offre de porc et de volaille à prix cassés, en partie rendue possible par une production indigène «intensive» qui fait la pomme de discorde.

Qu’on en juge: les actions promotionnelles permettent au commerce de détail de viande de réaliser 40,5% de son chiffre d’affaires, 46,9% rien que pour la viande fraîche.

Le fossé jeunes-vieux

Un autre élément pourrait faire pencher la votation de dimanche dans le camp du «non». Nombreux sont les partisans du «oui» appartenant à la jeune génération. Or seul un tiers des 18-25 ans se rend aux urnes, quand l’âge moyen des votants était de 56 ans en 2016 et qu’il devrait être de 60 ans en 2035, des catégories d'âges propices à des votes généralement plus conservateurs.

Mais le mieux-être animal est de ces causes capables de transcender les générations, pense-t-on.

Coût de l'énergie et primes maladie

Mais à Berne, dans un office fédéral dont on taira le nom, une collaboratrice tient la messe pour dite:

«Avec la hausse annoncée des coûts de l’énergie en raison de la guerre en Ukraine, avec la hausse attendue des primes de l’assurance maladie, je vois mal comment l’initiative contre l’élevage intensif, synonyme d’une viande plus chère, pourrait être acceptée»
Une collaboratrice d'un office fédéral à Berne
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Video: watson
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