Il y a un an, le baptême du feu était pour Albert Rösti: à peine deux semaines après son entrée en fonction, il vivait ses premières rencontres en tant que conseiller fédéral au World Economic Forum (WEF) de Davos. Rösti était alors si fraîchement débarqué que Robert Habeck, ministre allemand de l'Economie, ne le connaissait pas encore vraiment et l'avait appelé Monsieur «Röstli».
Cette année, c'est au tour de Beat Jans de faire figure de rookie du Conseil fédéral. Le socialiste est ministre de la Justice depuis le 1er janvier. Il aimerait profiter du WEF pour réseauter dans le domaine de la migration, communique la Confédération. Parmi ses nouveaux contacts, il y aura probablement des collègues de l'UE. Jans rencontrera également le ministre irakien des Affaires étrangères Fouad Hussein ainsi que le premier ministre kosovar Albin Kurti.
Mais contrairement à Rösti l'an dernier, ce n'est pas la première fois que Jans est présent au WEF. En 2001 déjà, il avait accédé à la manifestation, déguisé en homme d'affaires. A l'époque, les altermondialistes et les organisations de protection de l'environnement protestaient contre la rencontre des puissants de la politique et de l'économie. Les mobilisations prenaient des formes très diverses et l'actuel conseiller fédéral y avait participé à sa manière.
L'accès à Davos était alors presque complètement bouclé. Des contrôles avaient été effectués à Landquart et la police avait encerclé les manifestants. Des débordements avaient eu lieu par la suite.
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Malgré tout, Jans et ses camarades avaient réussi à «entrer dans le quartier de haute sécurité du World Economic Forum, entouré de barbelés», comme il l'a lui-même écrit peu après dans une tribune publiée dans la Basler Zeitung:
Cela a notamment été possible parce que des équipes de télévision, de l'ARD et la BBC entre autres, ont remarqué le petit groupe et l'ont accompagné. «Lorsque nous sommes arrivés à l'entrée, les responsables de la sécurité étaient plutôt impressionnés. Trois hommes habillés "normalement", entourés d'autant de caméras!»
Ce n'est que lorsque les détracteurs du WEF ont distribué des tracts que les agents de sécurité ont compris que quelque chose clochait: «Les policiers nous ont emmenés, ont photographié nos faux ventres, nos mines de criminels et ont constitué des dossiers. Après deux bonnes heures, nous étions à nouveau libres.»
Le jour de son élection au Conseil fédéral, Jans s'est exprimé le 13 décembre à la télévision alémanique sur cet épisode de ses jeunes années. Il a reconnu qu'il s'agissait d'une «action assez subversive». Mais à l'époque, le WEF n'était pas public, les journalistes n'y avaient pas non plus accès.
Adaptation française: Valentine Zenker