Le char américain M1 Abrams est enfin arrivé sur sol ukrainien. Après des semaines et des mois de discussions, puis de préparation et enfin d'envoi vers la zone de combat, on en venait presque à penser qu'il n'arriverait jamais dans les rangs des troupes de Kiev. Ce lundi pourtant, Volodymyr Zelensky a annoncé sur Telegram que les premiers d'entre eux étaient bel et bien arrivés.
Cette livraison arrive la semaine suivant une visite importante du leader ukrainien aux Etats-Unis, où il s'est notamment rendu aux Nations Unies pour un discours, et à la Maison-Blanche pour discuter du soutien américain à l'Ukraine. Joe Biden lui avait alors confirmé que les Abrams étaient sur le point d'arriver. C'est désormais chose faite.
Le M1 Abrams est le char de combat principal des Etats-Unis et est un pilier des forces armées américaines. Depuis son introduction en 1981, il a été constamment modernisé: un meilleur blindage, une propulsion plus rapide et plus silencieuse et une puissance de feu accrue.
Les dernières versions du M1 Abrams font partie des chars de combat les plus modernes du monde. Le modèle actuel est le M1A2, mais le char de combat de la génération suivante, l'AbramsX, a déjà été présenté en 2022.
Malgré ses performances, il n'est pas utilisé par beaucoup d'armées, surtout si on le compare au Leopard 2 allemand. A part les forces armées américaines, seuls l'Australie, l'Egypte, l'Irak, le Koweït, le Maroc, l'Arabie saoudite et la Grèce misent sur l'Abrams. S'ajoute encore à cette liste la Pologne, qui a commandé des centaines de chars d'occasion aux Etats-Unis.
Les forces armées américaines ont principalement utilisé le M1A2 Abrams dans des terrains désertiques, respectivement en Afghanistan et en Irak.
Il est considéré comme un char fiable pour ce genre d'environnement. Mais cela n'a pas toujours été le cas: au début, la propulsion posait de gros problèmes parce qu'elle aspirait trop de poussière et tombait trop souvent en panne. Les pannes fréquentes ont été résolues par l'installation d'un filtre.
Les principaux atouts du M1 Abrams sont son canon de 120 millimètres, son blindage composite constitué de différents matériaux ainsi que sa fiabilité. L'armée américain n'a perdu qu'une part très faible de ses chars envoyés sur ses fronts extérieur.
Un exemple donne un bon aperçu de l'efficacité de ces chars: en 2003, lors de l'invasion de l'Irak, près de 1100 M1 Abrams sont engagés dans la campagne, et 770 furent touchés. Environ 80 d'entre eux seront détruits ou endommagés au point de devoir être mis au rebut (soit 7% du total) et seuls cinq soldats américains y laisseront leur vie. Ce nombre très faible de tués est dû aux différents systèmes de sécurité destinés à protéger l'équipage des munitions explosives, un problème majeur pour de nombreux chars russes.
L'une des particularités du M1 Abrams par rapport aux autres chars de combat est son système de propulsion: il s'agit d'une turbine à gaz, mais qui peut également brûler de l'essence, du diesel ou du kérosène. La turbine de 1120 kW est réputée puissante, fiable et éprouvée au combat. Mais elle consomme aussi nettement plus de carburant que le moteur diesel d'un Leopard 2 par exemple.
La consommation élevée de carburant rend difficile l'approvisionnement du char au combat, mais son autonomie, qui peut atteindre 500 kilomètres, est comparable à celle du Leopard 2.
La question se pose sérieusement. Tout d'abord, les chaînes logistiques nécessaires à son bon fonctionnement sont trop longues et trop coûteuses. Maintenant que les chars sont sur le sol ukrainien, les Etats-Unis devront former des soldats ukrainiens à leur utilisation. Et la formation est complexe et coûteuse.
Les problèmes ne s'arrêtent pas là: le char a besoin de beaucoup d'entretien et les pièces de rechange ne sont pas disponibles en Europe. Les partenaires occidentaux de l'Ukraine devront donc mettre en place une logistique complexe de maintenance et de réparation. Ce qui va coûter cher à l'Ukraine.
Il s'agit désormais de voir comment ces chars vont pouvoir être intégrés dans les rangs de l'armée ukrainienne, et si la logistique ukrainienne pourra suivre.
