Cela fait depuis le début de la guerre, il y a presque un an, que l'Ukraine demande essentiellement la même chose à l'Occident: des armes. Un objet trône au sommet de la wishlist de Kiev depuis un beau moment: le Leopard 2 allemand, l'un des chars les plus modernes et les plus mobiles au monde.
Pour l'instant, les forces ukrainiennes devront se «contenter» de son homologue britannique, le Challenger 2. L'envoi de ce tank, confirmé samedi par Londres, est tout de même une décision historique. Jusqu'à présent, les alliés de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (Otan) avaient toujours refusé de livrer des chars lourds de conception occidentale, leur préférant de vieux modèles soviétiques, ou des véhicules plus légers.
Grâce aux quatorze Challenger 2 promis par le Royaume-Uni, l'Ukraine pourra donc déployer des tanks lourds occidentaux pour la première fois. En annonçant la nouvelle, le ministère anglais de la Défense n'a pas hésité à faire l'éloge de son joyau, qui équipe l'armée anglaise depuis 1998.
Le Challenger 2 est «le nec plus ultra des chars britanniques. Il pourrait changer la donne pour Kiev dans le conflit contre Moscou», estime de son côté le général Jérôme Pellistrandi, cité par BFMTV. Et pourtant, le tank anglais n'a pas une très bonne réputation: il est considéré comme démodé, lent et peu percutant, selon le magazine allemand Spiegel.
Le Challenger 2 dispose tout de même d'un atout de taille, note l'expert Rafael Loss dans le Spiegel: «Il est supérieur aux chars que l'Ukraine a utilisés jusqu'à présent», affirme-t-il. Les forces de Kiev se battent principalement avec des modèles T soviétiques, qui ne sont pas particulièrement bien blindés et peuvent facilement devenir un piège mortel pour leur équipage.
Mieux que les chars ukrainiens, donc. Et face aux tanks russes? «Si des duels devaient avoir lieu, le Challenger 2 serait au moins à la hauteur de nombre de ses homologues russes», répond un autre expert, toujours dans le Spiegel.
«La Russie utilise souvent en Ukraine des chars de combat plus anciens comme le T-62, qui ne dispose que d'un vieux blindage en acier. Un Challenger-2 peut le percer», complète-t-il.
Le magazine allemand note d'autres problématiques, notamment liées à la gestion des pièces détachées et à leur réparation. De plus, le canon du Challenger 2, doté de rainures torsadées en spirale qui font tourner le projectile sur son propre axe, ralentit le projectile.
Finalement, le plus gros avantage du char anglais se situerait ailleurs, note la BBC. La décision de Londres pourrait pousser d'autres pays à franchir le pays et à envoyer à leur tour leurs chars d'assaut nationaux. Y compris peut-être le fameux Leopard 2. (asi)