La CFC d’employé de commerce est l’un des apprentissages les plus prisés du pays. Chaque année, environ 12 500 jeunes adultes obtiennent leur diplôme de commerce. Toutefois, l’an dernier, ce sésame ne garantissait plus automatiquement un salaire d’entrée solide, du moins si l’on se réfère aux recommandations de la Société suisse des employés de commerce. Celle-ci préconise un salaire annuel de 58 500 francs pour les débutants, soit 4 500 francs par mois avec 13 salaires.
Une nouvelle enquête menée par l’association auprès de près de 4000 jeunes diplômés révèle que 39,9% d’entre eux ont perçu en 2024 un salaire de départ inférieur à ce montant. La raison? De nombreux employeurs n’ont pas pu ou n’ont pas voulu appliquer la compensation du renchérissement au moment de l’entrée en fonction des anciens apprentis à l’été 2024. Selon la Société des employés de commerce, cette adaptation aurait dû s’élever à 0,8%, soit 468 francs par an.
L'année précédente, le nombre d'entreprises qui ne respectaient pas les recommandations salariales n'était que de 18,6%. En l'espace d'un an, leur nombre a donc plus que doublé. Il s'agit d'un record depuis la première enquête menée en 2006.
Pour Kathrin Ziltener, responsable de la formation professionnelle au sein du syndicat, cette évolution est alarmante:
Une stratégie d’autant plus facile à appliquer que de nombreux titulaires du CFC d’employé de commerce restent dans leur entreprise formatrice:
L'été dernier, l'organisation des travailleurs a profité du refus partiel de la compensation du renchérissement pour demander une adaptation salariale de 5% pour cette année. Celle-ci comprend également un «effet de rattrapage cumulé» de 3,1% ainsi qu'une «augmentation des salaires réels pour renforcer le pouvoir d'achat» de 0,5%.
Kathrin Ziltener souligne qu'il est essentiel, à long terme, de maintenir des salaires attractifs pour les jeunes professionnels:
Le syndicat insiste donc sur la nécessité urgente d’augmenter les salaires des jeunes employés du secteur.
Mais une augmentation de 5% est-elle réaliste? Certains employeurs pourraient en douter, notamment en raison du contexte géopolitique et économique tendu. L’an dernier, les partenaires sociaux des principales conventions collectives de travail s’étaient accordés sur une hausse salariale nominale moyenne de 2,1%. Viser 5% semble donc ambitieux.
Les recommandations concernant les salaires des apprentis sont en revanche mieux respectées, selon l'enquête. Le syndicat avait conseillé, au moment de la signature des contrats pour les apprentis de cette année, des salaires sur 13 mois à 770 CHF (1re année), 980 CHF (2e année) et 1480 CHF (3e année). Seuls les employeurs en 3e année ont raboté le montant recommandé de 30 CHF en moyenne. En outre, les apprentis évaluent leur formation de manière globalement positive: 93,8% d'entre eux attribuent une bonne note à leur parcours et se sentent bien préparés pour le marché du travail.
Un problème persiste concernant la compensation des heures supplémentaires. Près de la moitié des personnes interrogées ont indiqué avoir travaillé des heures supplémentaires chaque semaine. 7% ont indiqué ne pas avoir été rémunérées pour ces heures supplémentaires, ce qui représente une augmentation de 1,1% par rapport à l'année précédente. Toutefois, la majorité des apprentis peuvent compenser le travail supplémentaire par du temps libre.
Traduit et adapté par Noëline Flippe