En 2024 et 2025, les salaires réels augmenteront, selon les prévisions du Centre de recherches conjoncturelles de l'EPFZ. Le pouvoir d'achat augmentera donc enfin, permettant aux gens d'acheter davantage de biens et de services avec leur salaire. Toutefois, même avec ces augmentations de salaire, les consommateurs auront encore un pouvoir d'achat inférieur à celui qu'ils avaient il y a six ans.
Dans de nombreux secteurs et entreprises, les employés ne peuvent pas toujours compter sur le soutien des partenaires syndicaux. Par conséquent, beaucoup doivent négocier eux-mêmes leur salaire avec leur hiérarchie. Les conseils suivants vous aideront à vous préparer efficacement pour cette négociation salariale.
Préparez-vous bien et réfléchissez à la valeur ajoutée que vous apportez à l'entreprise. Une formation continue récente ou une nouvelle fonction dans l'entreprise sont de bonnes raisons d'augmenter un salaire, explique Hannes Elmer, responsable adjoint du partenariat social à la Société suisse des employés de commerce. Si votre dernière augmentation de salaire remonte à longtemps, cela peut également être un argument.
Mais il est aussi essentiel de prendre en compte la situation actuelle de l'entreprise et du secteur: en période de bénéfices élevés, les attentes salariales peuvent parfois être plus ambitieuses. En revanche, en période de crise, il est important de se mettre à la place de l'entreprise. En résumé: soyez raisonnable dans vos demandes.
Renseignez-vous sur la rémunération que vous pouvez raisonnablement espérer. Dans certains secteurs, les salaires minimaux et les fourchettes salariales sont définis par une convention collective de travail. Sinon, des calculateurs de salaire offrent une estimation objective en fonction de la profession, de l'âge, de l'expérience, du lieu et d'autres critères. Par exemple, le calculateur national de salaires du Secrétariat d'État à l'économie (Seco) est une ressource utile, tout comme les recommandations salariales proposées par divers syndicats et associations. Il est préférable de comparer les résultats provenant de plusieurs sources.
Ainsi, que vous envisagiez de changer de travail ou de demander une augmentation de salaire, il est essentiel d'arriver à la négociation salariale avec un chiffre précis en tête. L'idéal est même d'en avoir deux: celui que vous souhaitez obtenir et le seuil minimum que vous êtes prêt à accepter.
Si vous arrivez à la négociation sans préparation et sans une bonne compréhension de la situation économique actuelle, votre demande risque d'être rapidement rejetée. Gardez à l'esprit qu'une augmentation de salaire peut entraîner davantage de tâches, de responsabilités ou des attentes accrues de la part de votre employeur. Si vous n'êtes pas prêt à assumer ces nouvelles exigences, il est préférable de ne pas chercher à modifier votre situation actuelle.
Il est tout aussi important de rester calme et objectif. Expliquez à votre supérieur ce que vous apportez à l'entreprise de manière factuelle. Hannes Elmer conseille:
Comment faut-il se comporter lors de la négociation? Exposer directement ses idées ou attendre? Aller jusqu'au bout ou rester modéré?
En revanche, lors d'un entretien d'embauche, il n'est pas nécessaire d'aborder directement la question du salaire. Mais si l'employeur potentiel ne mentionne pas le salaire, il faut absolument l'aborder soi-même.
S'il y a (trop) peu de marge de manœuvre au niveau du salaire, il vaut la peine, selon Elmer, de négocier des prestations non monétaires. Par exemple, des horaires de travail plus flexibles, la possibilité de suivre des formations continues, de faire du télétravail ou demander plus de jours de congé. Il faut s'abstenir de menacer de quitter l'entreprise si vos exigences ne sont pas satisfaites.
Changer d'emploi est un excellent moyen d'obtenir une augmentation de salaire, surtout en période de forte conjoncture. Selon Daniel Lampart, économiste en chef de l'Union syndicale suisse, environ 50% de travailleurs en plus choisiraient de changer de poste en période de croissance économique, par rapport à une période de récession, dans l'espoir d'un salaire plus élevé.
Et ils réussissent souvent à obtenir une augmentation, comme le souligne l'économiste de l'USS. C'est ce qui s'est produit en 2018 et 2019, lorsque l'économie a été favorable, mais sans être exceptionnelle. Pourtant, selon une enquête de l'Office fédéral de la statistique, 35,9% des employés ont gagné plus dans leur nouveau poste, avec au moins 10% de plus que dans leur précédent emploi.
Les périodes de haute conjoncture sont avantageuses pour les travailleurs, tout comme pour les syndicats. Daniel Lampart affirme même que la haute conjoncture est l'une des meilleures alliées des syndicats. La main-d'œuvre est recherchée, et dans certains secteurs, elle est même désespérément demandée. Les employeurs en sont bien conscients: en période de haute conjoncture, les employés sont plus enclins à changer d'emploi, ce qui les pousse donc à faire davantage de concessions.
Le groupe d'experts Prévisions conjoncturelles de la Confédération prévoit toutefois une croissance économique nettement inférieure à la moyenne en Suiss. Par ailleurs, la question de la pénurie de personnel a récemment connu un certain apaisement.
Il est néanmoins important de comprendre, lors des négociations salariales, à quel point les changements de poste peuvent être contraignants pour les employeurs. La recherche d'un remplaçant engendre des coûts en temps et en argent. En attendant, l'entreprise devra fonctionner à effectifs réduits, risquant de perdre des contrats ou devant en refuser, ce qui affecte son chiffre d'affaires. Et lorsque les nouveaux collaborateurs arrivent, ils doivent être formés, ce qui peut prendre un certain temps.
Traduit et adapté par Noëline Flippe