C'est la gabegie en France. La grève des salariés du secteur pétrolier s'éternise. Le ton entre l'Etat et les grévistes se durcit. Le gouvernement a carrément ordonné la réquisition de travailleurs dans certains dépôts. Si un des blocages a été levé du côté d'ExxonMobil, le mouvement est reconduit sur toutes les zones de Total.
Ironie de l'histoire, les cuves desdits dépôts sont parfois pleines à craquer. Pour autant, un tiers des stations-services françaises ne sont pas ravitaillées et sont à vide. Face à cette situation, la tension est au plus haut: de nombreuses bagarres et passages à l'acte violents ont été constatés.
Les Suisses avaient pris l'habitude d'aller faire leur plein bon marché en France ces dernières semaines (grâce à l'aide de 30 centimes aux usagers de l'Etat français).
Mais en quelques jours et à cause des pénuries, la situation s'est complètement retournée: ce sont désormais les Français qui viennent se ravitailler en masse sur le territoire suisse.
Deux zones sont particulièrement touchées: Genève, dont la majorité de la frontière cantonale touche le territoire français, et l'arc Jurassien, avec les cantons de Neuchâtel et du Jura.
Dans le canton du bout du lac, la situation s'est rapidement durcie. La Tribune de Genève explique ainsi que de nombreuses stations-services sont à sec à Annemasse, faute de livraison de carburant. De plus, les préfets des régions voisines de Haute-Savoie et de l'Ain ont interdit aux usagers de remplir des jerricans.
En conséquence, un afflux massif d'automobilistes français vers le sud du canton a causé une pénurie au sein de plusieurs stations-services de notre côté de la frontière. Selon le quotidien genevois, certains automobilistes français n'hésitent pas à venir depuis Grenoble pour y faire le plein, soit un trajet de 150 kilomètres.
Compte tenu de la pénurie d’essence en France, les véhicules français viennent se ravitailler en masse à Genève. Bienvenus chers voisins ! pic.twitter.com/9H6csVwC3q
— Mauro Poggia (@MauroPoggia) October 10, 2022
Mais il n'y a pas forcément lieu d'en rire: il y a quelques jours, en Haute-Savoie voisine, un jeune français a poignardé à six reprises un père de famille suisse devant ses enfants, à cause de tensions liées aux files d'attentes devant une station-service.
Dans le village frontalier des Verrières, les plaques françaises sont visibles en masse, comme le montre ce reportage de Canal Alpha. Pour ce gérant de station-service, c'est une bonne chose:
A Boncourt, dans l'Ajoie, ce sont de nombreux Français en provenance de Grandvillard, Belfort ou encore Mulhouse qui viennent faire le plein. Cette frontalière l'explique au micro de la télé locale jurassienne:
Nombre d'entre eux repartent d'ailleurs avec un ou plusieurs jerricans remplis:
En effet, «dans la région de Belfort et Montbéliard, une trentaine de stations étaient mardi en rupture partielle ou complète de stock», indique Le Quotidien jurassien. Tout comme dans le canton de Neuchâtel, cette ruée soudaine sur les pompes suisses réjouit les gérants de station-service:
Et d'ailleurs, les frontaliers ne repartent pas tous qu'avec de l'essence: