
Le père de famille suisse est hors de danger, mais sa famille est sous le choc (image prétexte).keystone
La Tribune de Genève a recueilli le témoignage du père de famille suisse qui s'est fait agresser mercredi à l'arme blanche alors qu'il faisait la queue dans une station-service de Saint-Julien-en-Genevois, en Haute-Savoie.
11.10.2022, 10:2011.10.2022, 13:18
Les faits remontent à mercredi dernier. Un père de famille suisse qui faisait la queue à la station-service de Saint-Julien-en-Genevois, en Haute-Savoie, s'est fait poignarder à six reprises.
L'agresseur, originaire du lieu, est âgé de 20 ans. Retrouvé par la police, il a été incarcéré à la maison d'arrêt de Bonneville. Le père de famille, quant à lui, a été transporté d'urgence aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), son pronostic vital engagé.
Selon les premiers éléments de l'enquête relayés par France Bleu et d'autres médias français, «le jeune homme n'aurait pas supporté qu'une voiture, immatriculée en Suisse, lui passe devant à la pompe».
Coups de couteau dans les zones vitales
De son côté, La Tribune de Genève a recueilli le témoignage de la victime, miraculeusement hors de danger. L'homme a pourtant frôlé la mort. Et pour cause, «les coups ayant été portés dans des zones vitales», dans le dos, le cou et le ventre.
«Un coup est passé juste au-dessous des poumons, un autre a perforé les intestins»
La victime, 33 anstribune de genève
L'agression a eu lieu devant les yeux horrifiés de sa compagne et de ses enfants, assis à l'arrière de la voiture. L'homme a passé la nuit de mercredi à jeudi en bloc opératoire. Et la famille, sitôt le patriarche hors de danger, de rectifier:
«Nous n’avons dépassé personne, au contraire, c’est l’agresseur qui a voulu passer devant tout le monde»
La compagne de la victimetribune de genève
«Sors, on va discuter»
Le père de famille aurait tenté de faire valoir ses droits: chacun doit attendre son tour. Mais le jeune homme ne l'aurait pas entendu de cette oreille:
«Il lui a dit: "Alors, sors, on va discuter". Mais dès que Fred* est sorti, l’autre a directement enchaîné les coups de couteau, en commençant par la nuque»
La compagne de la victimetribune de genève
Le Suisse ne s'est pas rendu compte tout de suite de la gravité de ce qu'il vivait:
«Ce n’est qu’en voyant tout le sang que je me suis rendu compte qu’il me frappait avec un couteau. J’étais en colère, car je trouve ça déloyal»
La victimetribune de genève
Mais le plus choquant, pour la petite famille, reste la passivité des autres clients, qui n'ont rien fait pour leur venir en aide:
«Je criais, j’appelais à l’aide parce que je ne me souvenais plus du numéro des secours en France, mais personne ne réagissait. Il y a même quelqu’un qui filmait la scène, et un automobiliste qui a klaxonné parce que nous dérangions le trafic sur la route.»
La compagne de la victimetribune de genève
La pénurie et les tensions
Comment en est-on arrivé à des actes si graves? Selon les témoignages des clients de la station recueillis par la TdG, un mauvais agencement des infrastructures serait la cause de nombreuses algarades. En effet, deux files mal définies semblent permettre trop facilement à des «petits malins» de couper la politesse.
En août, le sénateur de Haute-Savoie Loïc Hervé fustigeait les Suisses en quête d'un prix du gasoil plus clément, qui s'amassent par grappes dans les stations frontalières de Haute-Savoie.
Mais, surtout, le civisme en période de crise et de pénurie s'amenuise comme peau de chagrin. Et désormais, entre peur d'une pénurie de carburant et hausse des prix, les files d'attente ne font que se rallonger, nourrissant les rancoeurs de voisinage.
(*nom d'emprunt utilisé par la TdG)
(jod)
L'essence prend l'ascenseur, micro-trottoir à la pompe
Video: watson
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