Les Ukrainiens peuvent désormais compter sur le système de missiles à longue portée Himars dans la guerre contre la Russie. Ils auraient ainsi déjà enregistré des succès considérables, comme l'écrit l'agence de presse AFP. Depuis la mi-juin, 20 grands dépôts de munitions et postes de commandement russes, qui n'auraient pas pu être atteints sans ces derniers, auraient été détruits.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky se dit extrêmement satisfait de l'efficacité de l'Himars: «Les envahisseurs ont déjà bien pu ressentir ce qu'est l'artillerie moderne. Ils n'auront nulle part sur notre territoire un refuge sûr». Jusqu'à présent, la livraison de douze Himars au total a été confirmée.
Le nouveau système d'armes fourni par les Etats-Unis pose effectivement de plus gros problèmes à la Russie. Les Himars ont «entraîné une perturbation importante de la logistique russe», constate sur Twitter l'ancien général australien et expert militaire Mick Ryan.
Selon Ryan, les missiles serviraient à détruire les dépôts de munitions d'artillerie russes ainsi que les quartiers généraux tactiques. Même les systèmes de défense aérienne russes se révéleraient vulnérables. Selon Ryan, les perspectives ne sont pas bonnes pour les Russes. Non seulement les attaques de l'armée de l'air ukrainienne sont désormais plus probables, mais le moral des troupes russes a également été impacté par ces frappes.
— Defence of Ukraine (@DefenceU) July 12, 2022
Comme les Ukrainiens équipent les Himars de missiles guidés pouvant parcourir jusqu'à 80 kilomètres, les Russes doivent déplacer leurs stocks de munitions plus en retrait du front. Le ravitaillement devient ainsi beaucoup plus difficile. Surtout si l'on considère la quantité de munitions d'artillerie que les Russes consomment chaque jour.
«Hier, les Russes ont tiré 20 000 chargements de munitions», a calculé l'expert militaire Sean Bell dimanche sur Sky News. «En moyenne, une charge pèse 50 kilogrammes. Cela représente donc un million de kilogrammes par jour».
La carte créée par l'utilisateur de Twitter «Def Mon» montre à quel point la menace de Himars est contraignante pour les Russes. Si les envahisseurs veulent toujours tirer de la même quantité d'artillerie, ils devront faire deux fois plus de trajets en camion qu'auparavant, car les dépôts de munitions sont plus éloignés. La consommation d'essence s'en trouvera également sensiblement augmentée. De plus, d'importantes voies de ravitaillement russes par train sont désormais également à portée de main des Himars.
RU forces are moving the train offload points out of HIMARS range, this image gives an indication of how this affects delivery times.
— Def Mon (@DefMon3) July 17, 2022
The conclusion is the transport times have doubled, so they need twice the amount of trucks to be able to keep up the rate of delivery. pic.twitter.com/4zwgfR46TI
L'équilibre des forces a donc été considérablement modifié par le Himars. Grâce à son système d'armement moderne, l'Ukraine peut quelque peu compenser son infériorité en matière d'artillerie. La situation pourrait désormais devenir plus amère pour les Russes. En effet, les Ukrainiens n'ont même pas encore exploité tout le potentiel du Himars.
En effet, les Himars – ainsi que le système de lanceur de missiles M270 récemment arrivé en Ukraine – peuvent théoriquement être équipés de ce que l'on appelle des ATACMS (MGM-140 Army Tactical Missile System).
Avec une portée de 300 kilomètres, les missiles ATACMS volent nettement plus loin que les missiles utilisés jusqu'à présent. Les Ukrainiens pourraient ainsi viser toute la Crimée, le pont de Crimée, tout le territoire occupé et certaines parties de la Russie. Par ailleurs, il serait plus difficile pour les Russes de maintenir le blocus de la mer Noire.
Cependant, lorsque le président américain Joe Biden a annoncé la livraison des Himars début juin, il a également précisé qu'aucun missile ATACMS ne serait livré à l'Ukraine. Le président américain craignait une aggravation de la guerre. «Nous ne voulons pas de guerre entre l'Otan et la Russie», avait alors déclaré Biden.
Mais maintenant que les Ukrainiens ont pu prouver qu'ils pouvaient utiliser efficacement les Himars, ils veulent que Biden revienne sur sa décision. «Notre gouvernement est en discussion avec des représentants des Etats-Unis à tous les niveaux sur la nécessité de nous fournir des missiles de plus grande portée» a déclaré la semaine dernière le député ukrainien Fedir Venislavsky. Il s'est montré confiant quant à l'obtention des missiles ATACMS par l'Ukraine.
Le ministre ukrainien de la Défense Oleksiy Reznikov a tenu des propos similaires dans une interview accordée au Financial Times. Il pense que les Etats-Unis enverront d'autres Himars et des missiles d'une portée de 300 kilomètres. «Je pense que cela se fait étape par étape. Nous leur fournissons la preuve que nous pouvons les utiliser avec précision et sophistication, et nous en obtenons davantage et une plus grande portée».
Jusqu'à présent, la position des Etats-Unis n'a pas officiellement changé. La Russie est pourtant de plus en plus nerveuse. Dimanche, Serhii Bratchuk, un porte-parole de l'administration militaire d'Odessa, a annoncé que la Russie avait déplacé un «nombre important» de navires de Sébastopol à Novorossiïsk. Divers observateurs supposent que les navires ont ainsi été mis hors de portée des missiles ATACMS. Il est pour l'instant impossible de dire distinguer spéculations et vérités.
Il est clair que les Russes craignent les missiles ATACMS. La destruction des systèmes d'armes occidentaux est une priorité absolue au Kremlin. Le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a donné l'ordre à ses troupes de détruire les systèmes de missiles à longue portée lors d'une visite au front, comme l'a indiqué le reporter de guerre russe Alexander Sladkov sur Telegram.
Les missiles ATACMS ont également été évoqués à la télévision d'Etat russe. La présentatrice Olga Skabejeva a fait ce que les propagandistes de Poutine font toujours lorsqu'ils se sentent acculés, et a réagi par la menace. Skabejeva s'est emportée: «Si les Américains livrent des missiles capables de parcourir 300 kilomètres, alors nous ne pourrons plus nous arrêter et nous irons jusqu'à Varsovie».