Le mois de novembre donne-t-il vraiment envie de crever?
Les suggestions Google, c'est un peu notre subconscient numérique. Commencez une phrase et la barre de recherche vous dira ce que le monde – ou mieux, internet – en pense. Si l'on fait le test avec le mois de novembre, on obtient ceci:
Avalanche de fun.
Donc, oui, en novembre, la seule chose qui nous retient d'aller nous jeter sous un train, c'est qu'il fait trop froid pour aller se jeter sous un train. Et aussi qu'il y a des fois des trous à la place des trains. Mais vous avez compris l'idée: c'est le fond du bac.
(Ou la «dépression saisonnière» pour les naturopathes.)
Pas besoin de chercher les raisons très loin: il fait méchamment froid, mais il ne neige pas. C'est gentiment nuit tout le temps, mais pas encore avec l'ambiance de Noël. On boirait bien dès le matin pour oublier, mais ce n'est pas encore socialement accepté les Fêtes.
Voilà le problème du mois de novembre: il n'est pas encore.
On a envie de crever, ça, c'est pour le ressenti. Mais qu'en est-il réellement?
J'ai donc posé la question à deux experts qualifiés: un spécialiste de la météo et un employé des pompes funèbres.
Depuis 1989, Philippe Jeanneret présente et produit la météo à la RTS. Ce qui fait un bon paquet de mois de novembre à surveiller le ciel:
D'abord, les températures baissent. A Genève en octobre, il a fait 14 °C en moyenne, contre 8 au mois de novembre. Le stratus et autres brouillards sont également plus fréquents. Novembre s’appelait d’ailleurs «brumaire» dans le calendrier révolutionnaire français.
Et surtout, les jours deviennent de plus en plus courts, ce qui n'est pas sans conséquence pour notre santé. La plus grande part de notre approvisionnement en vitamine D vient de la synthèse effectuée par la peau, lorsqu’elle est exposée au soleil. Le processus contribue de 80% à 90% à l’apport nécessaire au corps humain. L’hiver ne lui est guère favorable... Petite subtilité: dès le 10 décembre environ, on recommencera à gagner des secondes de jour, en fin de journée, bien que l'on en perde encore plus le matin. Cela peut remonter le moral des lève-tard.
Novembre, c'est enfin la période des tempêtes et des premières neiges. Ce qui peut créer des tensions, par exemple pour les gens bloqués sur la route après le travail. D'ailleurs, il faudra faire attention en cette fin de semaine, ce n'est pas impossible qu'il neige.»
Du côté de la mortalité, le mois de novembre est lui aussi à part. C'est en tout cas l'expérience qu'en fait le collaborateur du monde funéraire qui a accepté de témoigner anonymement:
Bien que la mort soit une équation avec des milliers de paramètres (problèmes de santé, tensions personnelles, accidents, etc.), les gens sont plus tristes en novembre.
Il y a la météo, mais aussi les fêtes de fin d'années qui approchent: on peut se sentir isolé. Les personnes fragiles dans leur santé ont peut-être tendance à plus facilement se laisser partir.
Reste la question du suicide. Est-ce que l'on se suicide plus en novembre? FIgurez-vous qu'il est très difficile de trouver une réponse à cette question. L'Office fédéral de la statistique (OFS) a des données sur le sujet, mais pas les chiffres mensuels. Le reste d'internet semble dire que non ici, là, ou encore par là.
L'avis du professionnel:
En conclusion: le mois de novembre donne plus envie de crever qu'il ne tue. Ce qui est une nouvelle réjouissante, et donc une raison de rester en vie. Ça et le fait qu'il va bientôt neiger d'après Philippe Jeanneret. En plus, l'ambiance de Noël arrive: on pourra boire pour oublier et ce sera socialement accepté (mettez quand même un peu de thé dans votre whisky du matin).
Et puis, si vous vous suicidez en novembre, votre enterrement sera quand même moins solennel, d'après les pompes funèbres: