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Mike Casa, le Suisse qui adore critiquer les CFF

Ce Suisse adore critiquer les CFF
Le Suisse Mike Casa, 38 ans, se moque des CFF, de la Poste, de la Coop ou de l'armée, dans des vidéos sur Internet.image: mike casa, montage: watson

Ce Suisse se fout de la gueule des CFF: «C'est une cible inépuisable!»

Mais aussi de Coop, Migros, La Poste, Credit Suisse ou l’armée. Dans des vidéos qui rencontrent un succès vertigineux, Mike Casa étrille les géants nationaux et nos vénérables institutions. Ingénieur et humoriste (si, si), ce Tessinois de Zurich parle six langues, joue en anglais et rêve que les CFF lui répondent un jour. On l'a interviewé (en français, évidemment).
24.06.2024, 08:17
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Un drôle de personnage. Et pas seulement parce qu'il ressemble plus volontiers à un contrôleur fiscal qu'à Jamel Debbouze. La visio enfin lancée, Mike Casa réajuste ses lunettes et déclenche un petit sourire d'intello. Le tutoiement est immédiat, le courant passe.

Si on a papoté une grosse moitié d'heure avec ce Tessinois de bientôt quarante ans, c'est parce que ses vidéos au succès fou inondent notre fil Instagram depuis plusieurs semaines. La faute aux algorithmes de Zuckerberg, mais surtout aux cibles qu'il dézingue tous les jours, dans de petites vidéos humoristiques en anglais, qui aimantent une audience folle.

Une mise en scène bricolée, mais un esprit reconnaissable entre mille: perruque vissée sur la tête et stylo entre les doigts, Mike Casa invente des briefs créatifs durant lesquels nos institutions semblent fournir un effort surhumain pour nous rendre la vie impossible.

Par exemple?

«Ok Gentlemen, l'objectif aujourd'hui est de mal aménager l'intérieur des trains S-Bahn»
Mike Casa, dans un sketch qui parodie une réunion créative des CFF

Depuis plusieurs années, cet ingénieur EPFZ, né à Lugano et établi à Zurich, prend un malin plaisir à se moquer des fleurons de notre petit pays. Les meilleurs du pire, les têtes à claques, ceux qu'on adore détester. Parmi ses préférés, les CFF et la Poste en prennent plein la tronche. Ce qui ne l'empêche pas de cribler de balles Credit Suisse, Coop, Migros, l'armée ou même Tibits, ce self-service végétarien où l'on «découvre le prix de notre assiette une fois que c'est trop tard».

Forcément clivant, évidemment gorgé de clichés, son humour a tout pour séduire l'Helvète connecté et pourri gâté.

Alors au lieu de le bloquer comme des malotrus, on a décidé de lancer un coup de fil à ce polyglotte qui jongle entre son taff sérieux chez Roche, ses vidéos «rapides à faire» et ses spectacles qu'il tourne dans toute la Suisse, comme à Genève le 22 juin et à Zurich le 28.

Mike, pourquoi tant de haine envers les entreprises et les institutions suisses?
Ah, ah, rien de personnel, rassure-toi. Il fallait surtout que je trouve des sujets qui parlent aux Suisses, des histoires qui les concernent et des problèmes auxquels ils sont tous les jours confrontés. Dans mes sketchs, ce sont des scènes que j'ai moi-même vécues et des trucs que j'imagine avec pas mal de mauvaise foi.

Vous pensez vraiment que les CFF ou la Poste passent leur journée à faire en sorte de nous mener la vie impossible?
On voudrait tous que ce soit vrai, non?

Tout le monde esquinte les CFF, Migros, l'armée ou la Poste. Les internautes adorent se défouler sur eux. Ce sont des cibles faciles, non?
Non, parfois c'est même le contraire. J'ai souvent des commentaires qui me remercient de passer du temps à me moquer de ces entreprises dont les Suisses ne peuvent se passer, parce que ce n'est pas si courant dans les vidéos qui ont un certain succès.

Parmi tes victimes, lesquelles remportent le plus grand succès sur Internet?

«Les CFF bien sûr... C'est aussi pour ça que j'en fais autant. Critiquer les CFF, c'est une cible inépuisable!»

Y a bien un moment où vous aurez épuisé toutes les vannes contre les CFF...
Ah, ah, ma mère me dit la même chose. Je ne crois pas. En plus, j'ai encore une dizaine de vidéos à tourner sur des blagues qui sont déjà écrites, donc je suis tranquille pour les prochains mois!

Pourquoi vous ne touchez pas à la politique?
Oh... principalement parce que je n'ai pas le temps de m'y intéresser suffisamment pour ne faire que ça. Et puis il y a beaucoup d'humour politique déjà, c'est assez simple de se moquer des politiciens tessinois ou zurichois, non? Je préfère m'intéresser aux petits dysfonctionnements de nos institutions. Ces petites choses qui viennent perturber le quotidien des citoyens suisses.

Certaines entreprises vous ont déjà appelé pour se plaindre de vos vidéos?
Oui, c'est déjà arrivé. Mais jamais pour se plaindre ou me menacer. En revanche, les CFF ne m'ont jamais contacté, hélas! Ce sont souvent mes abonnés qui taguent les cibles que je vise dans les vidéos, pour qu'ils réagissent. Mais les CFF n'ont jamais répondu.

Vos vidéos sur les CFF cumulent plusieurs centaines de vues. J'imagine qu'ils vous surveillent quand même d'un œil?
C'est tout à fait possible. Si mes vidéos ont du succès, c'est qu'il y a beaucoup de likes et surtout de commentaires. Je pense qu'elles jouent un rôle de thermomètre. Et ça leur permet de sonder discrètement la population.

«On m'a dit un jour qu'après une vidéo sur les tickets de transport, ils avaient modifié une procédure dans la semaine. Qui sait? Si les gens se plaignent, il y a parfois une raison!»

S'ils vous appelaient pour vous proposer un partenariat, vous pourriez pactiser avec le «diable»?
Sans problème!

Vous êtes plutôt un créateur de contenu qui fait de la scène ou un humoriste de scène qui fait des vidéos?
Je fais des vidéos pour que les gens aient envie de venir me voir en spectacle. J'ai commencé par ça. Après une première expérience à Zurich, j'ai vraiment goûté à la scène une fois à Sidney, lorsque j'y faisais mes études. Au début, j'ouvrais pour des humoristes plus connus, mais quand mon compte TikTok a commencé à avoir du succès, j'ai enfin pu essayer de me produire en solo.

Mais c'est toujours un peu traître, Internet. Il suffit que vos vidéos fassent un carton pour que vous vous sentiez coincé dans ce rôle, non?
Je ne crois pas. Certaines blagues fonctionnent très bien sur scène et font un flop sur TikTok. L'inverse est vrai aussi. A force, mon public a compris que les deux existent et pour l'instant ça se passe pas trop mal;)

Mais vos fans n'attendent pas tous des blagues sur les CFF une fois assis dans une salle?
Ah, c'est une bonne question. Disons que j'essaie toujours d'alterner. Sur scène, je ne fais pas d'improvisation. Mon show est calibré, j'ai travaillé quelque chose sur la longueur. Ce qui ne m'empêche pas de glisser des blagues que les gens ont connu sur les réseaux sociaux. En tout cas, personne ne s'est plaint pour l'instant! (Il éclate de rire.)

Vous venez de Lugano, vous vivez à Zurich, vous jouez dans toute la Suisse et vous faites des blagues en anglais. Vous anticipez un succès mondial, c'est ça?
Ah, ah, pas du tout! J'ai simplement commencé à écrire des blagues en anglais. J'ai fait mon master et mon doctorat en anglais, une année à Sydney où je suis retourné souvent, je travaille quotidiennement en anglais. C'est venu tout seul et c'est en Australie que je me suis vraiment rôdé sur scène.

Rassurez-moi, quand vous retournez chez vous, au Tessin, vous jouez en italien?
Oui, mais pas seulement! Il m'arrive de jouer en allemand à Zurich et dans deux semaines, je vais le faire en portugais.

C'est un peu la frime quand même. Comment ça se fait que vous parliez bien plus de langues que moi?
Un peu de chance déjà. Et des chemins de vie, je crois. L'allemand, je l'ai côtoyé durant mes études et le français, on l'apprend à l'école quand on est enfant!

Oui, mais les Romands apprennent l'allemand à l'école et on est loin de le maîtriser aussi bien que vous maîtrisez le français!
Ah, ah! Alors, disons que j'aime les langues peut-être? L'espagnol, je l'ai appris en vacances. Ma maman, qui est prof en primaire, a un appartement Majorque. Alors chaque année, je passais deux mois en Espagne, ça aide...

Et le portugais?
Je l'ai étudié. J'avais des amis brésiliens et j'y ai passé deux mois pour y travailler comme volontaire.

Bref, vous êtes doué, quoi!
Non... un peu, mais non... pas très doué.

Le fait que vous vous moquiez de la Suisse en anglais, ça vous permet d'avoir un recul? De ne pas passer pour le Suisse qui critique son propre pays?
Ah, j'y avais pas pensé. Peut-être! Quelque chose de plus neutre.

Du coup, sur scène, vous drainez beaucoup d'expatriés anglo-saxons?
Exact, j'ai beaucoup d'expats. Environ 70%. Il y a toujours des Suisses, mais les anglophones sont majoritaires.

Et sur Internet?
Mes vidéos sont regardées prioritairement par les Suisses. C'est important pour moi. C'est ici que je fais des blagues et mon humour est tourné sur nos petits défauts.

Ingénieur mécanique le jour, créateur de contenu à l'apéro, humoriste de stand-up le week-end. Il va un jour falloir quitter votre boulot principal, non?
Mon job est un filet de sécurité, c'est sûr. Mais j'aime mon travail. Surtout, le fait de ne pas compter sur mes shows pour payer les factures me permet d'être beaucoup plus libre à l'écriture. Si un soir la salle n'est pas complète, ce n’est pas grave! Mais tu as raison, il y aura une décision à prendre... que je n'ai pas encore prise!

A quel moment vous avez compris que vous étiez drôle? Qui vous a poussé à écrire des blagues?
Déjà, je viens d'une famille qui a beaucoup d'humour! Et il y a dix ans, un ami m'avait dit «tu devrais faire du stand-up!» et quand j'étais petit, à l'école, je faisais tout le temps des blagues. Mais je ne me suis jamais dit que je devais absolument en faire quelque chose. Une fois à Zurich, j'ai essayé, pour voir. Et puis j'ai continué.

Se moquer des CFF, c'est une valeur sûre, mais qu'est-ce qui ne fait pas rire un Suisse selon votre expérience?
Ce qui est trop gore, trop direct, trop sexuel. A Sydney, ça marche bien, mais pas ici!

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