À l'origine, il s'agissait d'une série télévisée. Entre 1967 et 1973, puis en 1988 et 1990, Mission: Impossible mettait en scène Jim Phelps et son équipe, chargée de réaliser l'impossible à coups de masques et de gadgets. Une formule reprise en 1995 par Tom Cruise, qui décide d'adapter la série en film, donnant naissance à une saga de huit films. Le dernier volet, qui fait directement suite au précédent, s'apprête enfin à sortir sur nos écrans ce 21 mai 2025.
«Enfin», puisque le film était initialement prévu en 2024 pour faire directement suite à Mission: Impossible - Dead Reckoning sorti un an plus tôt. Le tournage a été retardé par la grève des acteurs et des scénaristes qui avait paralysé Hollywood en 2023.
Le problème des films en deux parties, c'est qu'il faut raccrocher les wagons, surtout lorsque deux ans se sont écoulés entre les deux. Pour la petite histoire, le film se situe deux mois après les événements de Dead Reckoning. Ethan Hunt (Tom Cruise) est toujours confronté à l’Entité, une intelligence artificielle omnisciente qui menace de prendre le contrôle des arsenaux nucléaires des plus grandes puissances du globe et d’éradiquer au passage la totalité de la population mondiale. Et elle pourrait bien y parvenir dans les trois prochains jours.
Mais tout Goliath a un talon d'Achille, et le point faible de l'Entité se trouve être une clé qui est en possession d’Ethan lui-même. Une clé permettant d’accéder au code source de cette intelligence artificielle maléfique et de la détruire une bonne fois pour toutes. Seul bémol, elle se trouve au fond de l’océan, et elle est convoitée autant par la CIA que par l’antagoniste du film, Gabriel (Esai Morales), qui espère la contrôler.
Dans cette course contre la montre afin d'empêcher l'Armageddon, Ethan Hunt est toujours entouré de ses équipiers Benji (Simon Pegg), Luther (Ving Rhames) et Grace (Hayley Atwell), et se fait même de nouveaux alliés en la personne de Paris (Pom Klementieff) et Degas (Greg Tarzan Davis), qui avaient été introduits dans le volet précédent.
Tom Cruise, 62 ans, est en pleine forme, et il veut que vous le sachiez. Dans une forme olympique, dont les scènes en maillot de bain sont là pour le prouver, Tom Cruise n'a toujours pas peur de se mouiller et vous propose dans ce volet une scène sous-marine à couper le souffle (littéralement). Cette immersion à bord d'un submersible dans les profondeurs de l'arctique impressionne dans son exécution, tant tout semble authentique. C’est simple: nous n’avions pas vu une telle séquence au cinéma depuis que James Cameron avait repoussé les limites en plongeant sa caméra sous l’eau dans Abyss (1989).
Autre scène mémorable du film: une course-poursuite en biplans au-dessus des côtes sud-africaines, où Tom Cruise s'amuse à s’accrocher à l’appareil sans tomber lors d'un ballet aérien. Une séquence tournée évidemment en plein air, qui, comme d’habitude, a provoqué quelques sueurs froides à l’équipe — sauf à la star, qui visiblement ne connait pas la peur.
Au bout de huit films, on a compris que Tom Cruise aime courir très vite, faire de l'apnée, se suspendre à des hauteurs vertigineuses et sauter en parachute. Le tout au service d'un scénario à la mesure de l’ego de l’acteur: seul Ethan Hunt peut sauver le monde, porté par son humilité et l’amour qu’il porte à ses coéquipiers. Mission: Impossible – The Final Reckoning, c’est donc Jésus contre ChatGPT, et chaque réplique vient le rappeler, au point que le nombrilisme de la star commence à devenir embarrassant.
Le film, d'une durée plutôt conséquente puisqu'il dure pas moins de 2h40, souffre d'un curieux paradoxe: malgré sa longueur et sa générosité, tout va très vite, trop vite. Peu aidé par un montage truffé d'ellipses, il accumule des explications qui ne servent qu'à récapituler le volet précédent ou des gloubi-boulga technologiques afin de donner un peu d'épaisseur aux séquences d'action à venir. Difficile de ne pas se sentir perdu sous cette avalanche d'informations, systématiquement répétées pour s'assurer que le message soit bien passé.
The Final Reckoning se veut être la somme des différentes missions d’Ethan Hunt, multipliant les références aux précédents volets. Le film, ponctué massivement de flashbacks, remémore des intrigues et des personnages vus auparavant. Ces piqûres de rappel auraient pu être un régal si elles ne s’accompagnaient pas d’un menu Best-Of composé systématiquement d’images d’archive destinées à raccrocher les wagons, renforçant cette sensation d’être sans arrêt tenu par la main.
Hormis sa séquence sous-marine menée de main de maître, The Final Reckoning n’offre rien de vraiment neuf par rapport à ses volets précédents. Un peu dommage pour un opus qui se vendait comme une forme d’apothéose. En redemande-t-on quand même? Oui, bien évidemment, mais avec la nécessité d’une nouvelle formule. Peut-être serait-il enfin temps que le personnage de Tom Cruise commence à vieillir.