«Si vous n'êtes pas capables d'un peu de sorcellerie, ce n'est pas la peine de vous mêler de cuisine», disait Colette. Une magie qu'il faut parfois appliquer au porte-monnaie. D'autant plus quand on déflore le classement des meilleurs restaurants du monde. Une liste dégoupillée chaque année par le géant William Reed Business Media et désormais aussi attendue et redoutée que les punitions étoilées de Michelin.
Au total, ce sont 1 100 experts internationaux de l'industrie de la restauration. Au sens large. On y trouve des écrivains gourmands, des critiques intraitables, des restaurateurs et même certains bons vivants niveau expert. L'année dernière, le concours avait réussi à détourner son regard des meilleures tables danoises, pour primer Lima. Plus précisément Le Central, dans la capitale péruvienne, géré par Virgilio Martínez Véliz et la cheffe Pía León (son épouse).
Toujours sponsorisé par S.Pellegrino & Acqua Panna, la 22e édition du raout mondial de la bonne ripaille s'est tenu mercredi soir à Las Vegas. Comme les mauvaises langues au moment de la sortie du programme du Paléo, les mauvaises langues vont sans doute gueuler pour le manque cruel de nouvelles têtes d'affiche. Au total, trois restaurants ont fait leur entrée dans ce top 50 des magnats des fourneaux. Parmi eux, le nid du chef James Gaag, dans la capitale sud-africaine, qui a eu la riche idée de planter son business au beau milieu d'un domaine viticole.
Les vrais (et Stan Wawrinka) savent que grimper dans les hit-parades prend du temps et, parfois, une éternité. Un savoir-faire et une expérience qui, ensuite, permettent souvent de se la couler douce au sommet de la pyramide gastronomique. Ce n'est pas le Noma qui dirait le contraire, même si notre spécialiste de la bouffe étoilée, Marie-Adèle, nous souffle en off que la cuvée 2024 de cette table danoise est «bien, mais pas top».
Bien, revenons à nos moutons. A Las Vegas mercredi soir, les estomacs sont restés noués quelques heures avant de découvrir enfin les meilleurs des meilleurs des meilleurs (chef!). Dans le lot, des valeurs sûres parisiennes, des surprise allemandes ou encore des restos où nos fines papilles ont déjà ripaillé: le Trèsind Studio à Dubaï, qui s'est hissé à la 13e place cette année.
Il n'est pas rare que la Suisse parvienne à exporter sa réputation culinaire dans les algorithmes gustatifs de la planète. Cette année, ne vous attendez pas non plus à une révolution, puisque la seule adresse nationale et... la même qu'en 2023 et 2022. La seule différence, c'est son classement. Le Schloss Schauenstein, paumé à 4h de route de Lausanne, dans les Grisons et en compagnie de 351 maigres habitants, n'est plus 26e. Il n'est même plus 40e comme il y a deux ans. Le discret bébé du très créatif Andreas Caminada flirte désormais avec la sortie de route de classement, avec une timide 49e place.
Histoire de lui remonter le moral, on a chargé Marie-Adèle de le couvrir de louanges, en une seule et unique phrase. Sortez les mouchoirs, parce que c'est touchant:
Allez, on sèche nos larmes et on arme les comptes d'épargne pour s'attaquer maintenant au «dix meilleurs restaurants du monde», selon 50 World Best. Autant vous dire que le bilan carbone est dramatique si on décide de tous les tester.
Bien sûr, les tenanciers du Disfrutar seront très compréhensifs si vous comptiez plutôt dédier vos maigres économies aux futures augmentations des primes maladie. La cuisine n'est pas un concours, tant qu'elle est saisie avec amour. (Nan?)
Pour le classement complet, cliquez sur le hot-dog: 🌭