Quand la star dévoile sa lune, l'idiot la montre du doigt. Cette semaine, Kanye West nous a mis ses fesses sous le nez. Bien sûr, on ne saura jamais si l'indiscrétion fut volontaire. Posé sur l'assise d'une navette fluviale, dans les eaux encombrées de Venise, son popotin de rappeur en villégiature s'est simplement échappé d'un vêtement impossible à décrire.
Kanye West show his butt during Italian boat ride with Bianca Censori pic.twitter.com/qMII4gy1xS
— Daily Viral (@murarik193) August 28, 2023
La raie d'un plombier, penché sous l'évier du monde, mais version «I love Hitler». Certes, comme toute frasque people, la scène a peu de chances de bouleverser la face dudit monde. Mais faut-il pour autant s'enduire de culpabilité après avoir scruté ces images de paparazzi dans leurs moindres détails?
De grâce, non. Soyons doux avec nous-mêmes.
Parce que c'est fascinant.
On est loin d'un George Clooney qui ferait don de son élégance ordinaire aux touristes de la Cité des Ponts. Hasard malheureux du calendrier, le couple le plus enviable de la planète était lui aussi à Venise cette semaine.
Différemment.
Chez Kanye, l'offrande est animale, dénuée d'atours, de la moindre volonté de séduction. Nous sommes face à de l'art brut pas très net. De l'exhibitionnisme maladroit, enfantin, presque attendrissant. Il y a de la poésie dans cette fente intime qui se rebelle dans la ville de l'amour, alors que son propriétaire bataille pour couvrir la totalité de son visage une fois sorti du taxi flottant.
On y verrait presque un message. Parle à mon cul, ma tête est malade. Kiss my ass, qu'il nous dit le Ye.
Il n'en a rien à foutre.
Bianca Censori n'est pas en reste. Prostrée entre ses cuisses, dans une position qui n'a rien pour éluder la possibilité d'une gâterie à ciel ouvert, l'architecte-muse-épouse-qui-ne-sera-jamais-Kim-Kardashian offre un coude à l'objectif. Et peut-être bien qu'à ce moment précis, sur ce petit bateau qui demain accueillera une famille en vacances, seul le drapeau de l'Italie est en berne.
Ils n'en n'ont rien à foutre.
Un mois que le couple rudoie un pays peu consentant. Entouré d'humains en tongs et slips de bain, le rappeur ne met plus de chaussures, mais toute la botte dans l'embarras et Bianca Censori (censeurs en italien) réveille les puritains.
La semaine dernière, les Florentins dévoilaient jusqu'à leurs envies de meurtre. Cette nudité conquérante et «agressive» serait «un manque de respect envers une culture catholique conservatrice», selon les riverains les plus bavards. Il y a quelques jours, les internautes militaient bruyamment pour que les autorités leur infligent punitions, amendes, peine de prison.
Les Italiens n'en peuvent plus. Le temps d'un été caniculaire, la dégaine singulière du couple le plus étrange de l'année s'est avérée diplomatiquement plus sensible qu'une louche de crème dans une carbonara. On sent bien ce ras-le-bol inédit, cette incompréhension subite, face à un binôme qu'on croirait échappé d'une manifestation post-industrielle bulgare ou du cerveau de David Lynch.
Rendez-leur George Clooney, mais aussi les chemises blanches sur leur lit de poils, les Hollandais à peau rouge, lasciatemi cantare, Armani et des hollywoodiens qui font envie. Si Kanye West et Bianca Censori étaient une carte postale, elle n'arriverait jamais à destination. Et si c'était ça le plus fascinant? On voudrait tant, nous aussi, en n'avoir autant rien à foutre, dans la ville de l'amour. Le repos total. Les vraies vacances.