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Real war, pas fake: il a créé le jeu qui n'existait pas

Real war: pas fake
Real war: pas fake s'inspire d'un jeu bien connu et au marketing controversé.screenshot

Il s'inspire d'une pub trompeuse pour créer un jeu qui cartonne

Les mini-jeux mobiles cartonnent et génèrent des milliards, certains grâce à un marketing trompeur. Un développeur indépendant a concrétisé le rêve de nombreux gamers: créer le «vrai jeu» d’une publicité polémique, qui en a déçu plus d’un. Voici Real war: pas fake.
21.12.2025, 07:1822.12.2025, 12:12

Vous avez peut-être vu cette publicité de jeu mobile en scrollant sur un site quelconque: de petits soldats marchant au pas sur un pont face à une foule d'ennemis, passant des portes multiplicatrices et améliorant leurs armes.

Last war: survival
Une publicité vue sur Instagram.screenshot

Ce mini-jeu de tir plutôt fun a l'air très alléchant, à une exception près: il n'existe pas. Ou plutôt, seule une fraction est réelle. Les publicités pour Last war: survival ont été abondamment critiquées sur le web. Dans les faits, il s'agit plutôt d'un jeu de gestion et de construction, qui comprend bien une poignée de phases d'action, mais minoritaires et stratégiquement situées au lancement, histoire de tenir le joueur en haleine juste assez longtemps pour le rendre accro.

Un développeur indé décide de créer le jeu

Il y a quelques semaines, un jeune développeur indépendant français a décidé de prendre le problème à rebours. Au lieu de dénoncer le marketing d'un jeu qui n'existe pas vraiment, il a simplement décidé de... le créer, de A à Z.

Dan Lespect, alias DanFaitDesJeux sur Instagram ou encore The greatest developper sur YouTube, est un hyperactif du genre. Ce développeur de 25 ans, qui habite non loin d'Annemasse, n'en est pas à sa première création. Depuis dix ans, il a déjà créé plus de 150 jeux mobiles, dont un dédié aux Italian brain rots ou encore un jeu Kellogg's. Sa création Titans 3D, inspiré de l'animé Attack on Titans, s'est écoulé à six millions d'exemplaires.

L'idée de créer un jeu de tir similaire à celui de la publicité de Last war trottait dans sa tête depuis longtemps. Mais le déclic est venu après avoir discuté avec un autre développeur, qui s'était lui aussi lancé mais n'avait jamais sorti l'application. «Il ne le voulait pas. Je lui ai proposé de la terminer avec lui, mais il n'était pas non plus intéressé.»

«Alors je lui ai souhaité bonne chance, et je l'ai fait»
Dan Lespect
Dan Lespect.
Dan Lespect.instagram

Il se lance alors sur Real war: pas fake. Le titre se veut une référence à la déception qu'ont vécu de nombreux joueurs en lançant Last war.

La création du jeu n'a pris que quatre jours à Dan. Il a créé l'environnement défilant, les personnages, les portes, les armes et les boss, mais aussi la musique guerrière et punchy qui accompagne les niveaux. Il le concède volontiers: ChatGPT l'a aidé à constituer une bonne partie du code. Le résultat est particulièrement convaincant.

Jugez-en vous-même 👇🏻

Vidéo: watson

«Je voulais quelque chose qui soit beau visuellement, mais aille au-delà de ce qu'on voit dans la pub, notamment avec plus de mods», explique Dan Lespect, qui s'inspire beaucoup des idées lancées par ses abonnés. «Si beaucoup de gens demandent la même chose, cela montre un potentiel ou une tendance», indique-t-il.

«Je voulais faire le jeu auquel les gens voulaient jouer et qu'ils vont apprécier»
Dan Lespect

L'histoire de la création du jeu 👇🏻

Ensuite, Dan a dû affronter une nouvelle bataille: la publication sur le Play store d'Android et l'Apple store. Les deux géants de la tech l’ont rejeté plusieurs fois, jugeant le jeu trop similaire à d'autres, malgré les circonstances uniques de sa création. Après trois semaines de négociations et de modifications, comme la couleur du logo revue, le jeu a enfin été publié en octobre.

Dan a ensuite lancé sa promo: des vidéos YouTube en français, puis en anglais (300 000 vues) ainsi que sur TikTok (300 000 vues). «Environ 60 000 personnes ont téléchargé le jeu», précise-t-il, un chiffre qui ne cesse d’augmenter à mesure que celui-ci progresse dans les classements des jeux gratuits.

Il quitte son job pour développer des jeux

L'application lui a déjà rapporté pas loin de 8000 dollars en un mois, ce qui lui a permis de quitter son job de caissier dans une grande enseigne. Il a été repéré dans la foulée par un studio chinois, qui lui a proposé un contrat intéressant. Dan a aussi pu commencer à rembourser des dettes, liées à sa précédente société, basée à Genève, en liquidation. Il l'avait déjà assuré dans sa vidéo YouTube:

«Si je le jeu perce, je quitte mon travail et je crée des jeux H-24»
Dan Lespect

Il compte bien se dédier désormais exclusivement à l'amélioration du jeu. Dans une nouvelle version qui doit sortir prochainement, Dan y a corrigé de nouveaux bugs et ajouté de nombreuses fonctionnalités. En outre, de nouveaux boss devraient faire leur apparition, comme l'arrivée de véhicules et de pouvoirs.

Un mode sans publicité à 3 euros

Les joueurs disent apprécier la démarche de Dan et espèrent enfin jouer à un jeu où ne les prendra pas juste pour des vaches à lait en feintant sur la marchandise. A l'image de ce commentaire humoristique mais un peu désespérant sous la vidéo en anglais de Dan:

«J'ai téléchargé Last war en pensant que ce serait un bon jeu pour passer le temps. Je ne savais pas qu'un an plus tard, ce serait un deuxième job à plein temps et que je serais à 20 000 de dettes»
Image

«Je n'ai pas envie d'endetter les gens», lâche immédiatement Dan au téléphone. Il a par ailleurs limité le nombre de publicités sur l'application. Fair-play et transparent, il explique dans sa dernière vidéo qu'il est possible de jouer au jeu sans pubs, en mode avion. Une astuce bien connue des joueurs, mais avec laquelle il «ne gagnera alors pas d'argent». Il prépare aussi «un mode sans publicité à 3 euros» pour la prochaine mise à jour.

«C'est normal de gagner de l'argent, mais il faut que cela reste correct»
Dan Lespect

Une méthode sale et qui paie

C'est aussi sur ce point que la création de Dan se distingue d'un mastodonte comme Last war: survival. Le studio singapourien derrière sa création, Funfly, semblait d'ailleurs bien conscient de sa mauvaise réputation. Celui-ci a axé sa dernière campagne sur le fait que le jeu n'est pas un fake et que la pub montre bel et bien le gameplay original. Plusieurs youtubeurs bien en vue, mais aussi Michaël Youn ont fait de la promotion en France.

La pub avec Michaël Youn 👇🏻

Radio France n'a pas hésité à parler de «jeu mensonger». A l'international, c'est l'acteur Antony Starr, tête d'affiche de The Boys, qui fait la promotion du jeu. Le backlash avait été immédiat, mais pas de quoi faire peur aux développeur, qui a rapporté pour 1,1 milliard — milliard — de dollars en 2024.

Une fois le joueur attiré, on le plonge dans un contenu addictif et truffé de micro-transactions. La montée en difficulté force à payer pour progresser, générant une frustration soigneusement préparée. Un business model sale, mais qui paie: statistiquement parlant, 1 à 2% des joueurs (surnommés baleines) s'obstineront à payer pour continuer à progresser. Certains sont parfois très jeunes. Dan en est bien conscient:

«Je préfère que le jeu ait une bonne image vis-à-vis de la communauté, plutôt que d'essayer de prendre le plus possible aux gens»
Dan Lespect

Le créateur veut surtout que son jeu soit connu et populaire. C'est, au final, tout ce que les joueurs ont toujours demandé.

Voici la tasse de café le plus cher du monde
Video: extern / rest
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