Bling Empire, c'était sympa, mais sans plus. Les personnages n'avaient pas assez de relief et d'atomes crochus entre eux pour que le show devienne addictif. C'est le genre de télé-réalité qu'on regarde sur un bout de smartphone en cuisinant. Par contre, Bling Empire: New York, c'est le genre de show qui mérite le grand écran, la télévision en dolby surroooouund du salon. Cette première saison de huit épisodes est bien plus divertissante et addictive que celle de Los Angeles, notamment grâce à des personnages toujours aussi gâtés, mais plus authentiques.
Dès le premier épisode, le ton est donné. Deborah (l'équivalent de Christine Chiu dans la version californienne) est la femme de Stephen Hung, un riche hongkongais dont la fortune est estimée à 2 milliards de dollars par Netflix. D'après la presse spécialisée, on serait plutôt autour de 400 millions de dollars, ce qui n'est pas dégueulasse non plus.
C'est un couple fascinant qui va chez Dolce & Gabbana ou chez Graff claquer des milliers de dollars pour des robes couture et des parures de diamants. Ils ont aussi la fâcheuse manie de choisir des tenues assorties et d'aimer le pop art.
Lors d'un vernissage dans une galerie d'art, Deborah prend son courage à deux mains et porte un toast devant une foule de gens (dix personnes). Pour être sûre de ne rien oublier (c'est-à-dire trois lignes et demie), elle a un assistant qui tient devant elle un iPhone faisant office de prompteur. A deux doigts d'avoir un assistant pour l'applaudir.
Il y a aussi Nam, surnommée la Blair Waldorf de Thaïlande (parce qu'elle porte des serre-têtes en strass). Elle est la fille d'un riche homme d'affaires thaïlandais. Bien qu'elle fasse ses études à l'université de Columbia, parce que je cite: «Papa Laks adore que ses enfants soient diplômés», elle vit sur une autre planète, étant capable de dépenser soudainement 10 000 dollars en fringues avant que son frère l'appelle pour lui dire que papa Laks est fâché et va bientôt lui couper les vivres si elle ne trouve pas un job après son Master. Une menace qui met très mal à l'aise la fashionista et qui la fait réfléchir: «C'est soit je retourne en Thaïlande, soit je trouve un job (...) Mais je ne pense pas être capable d'abandonner tout ce que j'ai», dit-elle face caméra. C'est sûr qu'arrêter de vivre dans un hôtel, ça peut être désagréable.
Les amateurs de télé-réalité de la première heure auront probablement reconnu un autre membre du casting, Dorothy Wang. Elle avait participé à Rich Kids of Beverly Hills, l'une des premières émissions du genre sur la chaîne E! en 2014. Quel plaisir de la revoir toujours aussi peste et mal habillée. Elle a l'air d'avoir le visage légèrement plus tiré, par contre, côté fringues, rien n'a changé.
Dès le premier épisode, une rivalité entre Dorothy et Deborah va s'installer, rivalité qui a l'air scénarisée par Netflix et sur laquelle heureusement, la saison se concentre peu.
Mais il ne suffit pas de mettre des gens riches et gâtés devant des caméras pour faire une bonne télé-réalité, la preuve avec Dubai Bling sur Netflix, un flop monumental. La version new-yorkaise de Bling Empire est bien meilleure que la version californienne. Bizarrement, on s’attache et on s'identifie à cette bande de privilégiés. Parce que, contrairement à la télé-réalité de Los Angeles, Bling Empire: New York diffère sur un point important: malgré les paillettes, le glamour et les comptes en banque vertigineux, les personnages se révèlent vulnérables, partageant avec les téléspectateurs beaucoup de leurs peurs, de leurs insécurités et de leurs expériences universelles sur des sujets tels que la fatigue au travail (oui, certains bossent dur, comme l'influenceuse mode Tina), l'isolement, les rencontres amoureuses, le stress lié à ce à ce que la famille peut exiger de vous, et la réalité de la mort d'un parent.
L'une des séquences les plus marquantes, c'est lorsque Tina rate le défilé Chanel à la fashion week de Paris parce qu'elle a 6 minutes de retard. Sponsorisée par la marque de la tête aux pieds et censée être au premier rang, elle retourne dans son Uber en larmes. Ça peut sembler ridicule, mais de retour à New York, elle se confie à un ami et partage la pression qu'elle ressent pour rester pertinente en tant qu'influenceuse mode à bientôt 40 ans tout en reconnaissant qu'elle a de la chance. Un moment de franchise et de vulnérabilité auquel de nombreux jeunes peuvent s'identifier, notamment la génération burnout.
De manière générale et c'est rare de le dire pour une télé-réalité dictée par l'argent et la célébrité, il y a une ambiance positive tout au long des épisodes. Même si on n'échappe pas à quelques drames, c'est un show assez bon enfant. L'exemple le plus flagrant, c'est lorsqu'une partie du groupe se réunit aux Bahamas. Normalement, dans les télé-réalités, il faut toujours s'attendre à des crêpages de chignons en voyage et là, aucune embrouilles. Mais ça ne rend pas l'épisode moins intéressant. Par rapport à la version de Los Angeles, le casting semble beaucoup plus naturel et ce, malgré leurs problèmes de riches. Cela s'explique peut-être parce que la plupart des gens sont amis et qu'ils se soucient réellement les uns des autres - du moins dans le contexte d'une émission de télé-réalité semi-scénarisée.
Dans ce genre de télé-réalité où l'argent est le fil conducteur, on retrouve systématiquement un type de personnage: le mec pauvre (ou moins riche que les autres.) Dans Bling Empire, c'était Kevin. Dans Bling Empire: New York, c'est Richard. Si Kevin était plutôt sympathique (voire un peu bête), Richard est agressivement arriviste et semble être prêt à vendre sa grand-mère pour des likes sur Instagram.
La comparaison avec Bling Empire ne s'arrête pas là. Certains membres du casting de la saison californienne font des apparitions dans la saison new-yorkaise. Kane, par exemple, vient casser les pieds de Deborah pour savoir quand elle a l'intention d'avoir des enfants. Preuve que le cast de Los Angeles ne nous manque pas du tout.
Bling Empire: New York est disponible depuis le 20 janvier sur Netflix.