C'est un Jeff Goldblum en forme olympique que l'on découvre en Zeus dans KAOS. Cette série Netflix, on la doit à la plume de Charlie Covell, la créatrice de la brillante série The end of the f***ing world (2017).
L'histoire se déroule dans notre monde moderne, précisément sur l'ile de Crête où les dieux de l'Olympe existent réellement. Jeff Goldblum avec son charisme légendaire, incarne Zeus qui, du haut des cieux, vit dans une villa luxueuse et kitsch. Entre deux ou trois éclairs lancés et quelques parties de golf, celui-ci regarde l'humanité de loin avec son épouse Héra, sauf quand il s'agit d'aller tirer un coup chez une mortelle.
Dyonisos passe son temps sur terre à faire la fête en boite, s'adonnant au plaisir de la chair et de la boisson alors qu'Hadès, le seul qui travaille vraiment, s'occupe des morts et de leur traversée du Styx, devenu une croisière en paquebot.
KAOS est une modernisation des mythes qui va les chercher jusque dans les détails. La série est elle-même narrée par Prométhée, celui-là même qui donna le feu aux Hommes et qui fut condamné à être ligoté à un rocher pendant qu'un Aigle lui dévore le foie. Oui, il est comme ça Zeus, il ne faut pas lui la faire à l'envers.
Dans sa villa du mont Olympe, Zeus, le roi des dieux, est aussi égoïste que capricieux. Un jour, il commence à craindre la fin de son règne lorsqu'il remarque une nouvelle ride sur son front et pense y voir le début d'une prophétie annonçant l'éclatement de sa famille et la fin de sa suprématie.
Frappé par cette crise existentielle, il devient alors de plus en plus paranoïaque et tyrannique, sous le regard inquiet de sa femme Héra et de son frère Poséidon. Quant à son dernier fils, Dionysos, celui-ci, après des années d'oisiveté, cherche désormais à trouver sa place parmi les dieux et grâce aux yeux de son père.
Pendant ce temps, en Crète, Euridyce, tente de trouver le courage de quitter son mari, Orphée, un chanteur de rock populaire, auprès duquel elle étouffe. Ariane, la fille du président Minos, essaie, quant à elle, d'apaiser les tentions grandissantes avec les réfugiés troyens et de découvrir la vérité sur la mort de son frère. Enfin, au royaume d'Hadès, Cenée attend patiemment son tour pour accéder à la renaissance promise par les dieux après la mort. Ces trois humains ne le savent pas, mais ils sont destinés à redéfinir l'avenir de l'humanité, et à défier Zeus lui-même.
Avec tous ces noms, on pourrait se dire que tout semble bien compliqué dans cette histoire. Cependant, nul besoin d'avoir fait des études universitaires en mythologie grecque pour suivre ce show, puisque Netflix le vulgarise très bien. Il se pourrait même que KAOS ravive votre curiosité à scroller Wikipédia, voire d'ouvrir l'Illiade de Homère.
Ce qui saute aux yeux lors du visionnage de KAOS, c'est que Zeus vole la vedette à toute une galerie de personnages, grâce au talent indéniable de Jeff Goldblum. Depuis son interprétation du docteur Ian Malcom dans Jurassic Park (1993), l'acteur a gardé tout son mordant avec un swag inégalable.
La série dispose par ailleurs d'une réalisation solide et d'un contexte méditerranéen qui la rend particulièrement plaisante. Dommage que, comme souvent dans les séries, elle se perd en intrigues secondaires qui donnent parfois l'impression de devoir remplir le cahier des charges sériel tenant sur huit épisodes. Surtout que certains des protagonistes, et ils sont nombreux, peinent à nous entrainer dans leur quête.
Malgré ces défauts, il serait malhonnête de ne pas saluer KAOS pour son cynisme et sa réflexion intelligente sur le pouvoir, la religion et l'existence. Derrière les dieux de l'Olympe, il y a juste une grande famille dysfonctionnelle effrayée à l'idée de perdre ses privilèges. Difficile de ne pas y voir une métaphore des ultrariches et des petites gens prêts à les manger.
Les huits épisodes de KAOS sont disponibles sur Netflix