On a goûté le nouveau sandwich Ikea
Tiens, Ikea innove en toute discrétion. Certes, cette petite révolution n’a pas été bien compliquée à réaliser puisque, comme pour un nouvel album de Taylor Swift, il suffisait de mixer intelligemment des ingrédients qui existaient déjà ailleurs.
Dans ses petits bistros suédois, les étudiants sans le sou et les couples en plein emménagement chaotique peuvent désormais décharger leurs angoisses dans un tout nouveau snack.
Aussi réputé pour ses pièces aux noms imprononçables que pour ses étranges pépites gastronomiques, le géant du meuble en pièces détachées a ainsi décidé de marier ses deux best-sellers sans se poser la moindre question existentielle. Au risque, peut-être, de donner naissance à une créature difficilement identifiable.
Ladies & gentlemen...
... voici le sandwich aux boulettes:
Disponible depuis un petit peu plus d’un mois dans les succursales suisses, selon la jeune femme qui nous l’a calé entre les mains, ce sandwich promet donc la réunion de deux goûts inimitables: le pain des célèbres hot-dogs et, vous l’aurez compris, les fameuses boulettes.
Il fallait simplement y penser, dirait l’autre.
Or, à l’instar du Chicken Big Mac de chez McDo (que l’on avait testé aux Etats-Unis en 2024), le mariage de deux pièces phares d’une marque n’est pas toujours très heureux.
Après s’être délesté des conneries achetées plus tôt, on commande cette nouveauté gustative avec une certaine appréhension. Première déception, on n’aura pas droit à la confiture d’airelles qui accompagne d’ordinaire les boulettes, au restaurant. A la place, quelques oignons frits et de larges rondelles de cornichons.
Son prix? 3 balles.
Histoire d’éponger notre déception, on se jettera sur la sauce barbecue, en snobant sèchement le ketchup, tout en rajoutant quelques jets de moutarde douce.
Allez savoir.
Allez, on goûte?
Alors qu’à la table d’à côté, un gamin armé d’un hot-dog ruine son pull à capuche sous le regard noir de sa mère, on s’envoie une première morce de ce sandwich aux boulettes. Les oignons frits se font la malle, la sauce BBQ dégouline entre nos phalanges, mais l’opération reste un succès.
Qu’avons-nous en bouche? Mystère. Car la boulette, véritable héroïne du géant jaune et bleu, n’est plus la star. Paumée au beau milieu d’un régiment de saveurs, la viande, pourtant si particulière, ne vient pas distinctement frapper le palais. A la place, un étrange maelström culinaire aussi massif qu’une étagère KALLAX.
Pour tout dire, on a affaire à tout, sauf à un hot-dog à un balle cinquante ou à des boulettes à la confiture d’airelles. Sans compter que la vraie bonne surprise de ce sandwich sera en réalité le... cornichon. Comme quoi, 1 + 1 ne fait pas toujours 2, surtout en cuisine.
Bon, ce n’est pas immangeable non plus, hein. Du moins, pas davantage que n’importe quel shoot de junk food de magasin de meubles. En revanche, pour ce qui est du featuring de luxe, la déception est aussi difficile à digérer qu’un mode d’emploi Ikea.
Pour ne pas partir fâché, on se résoudra à commander un bon vieux hot-dog tout nu et tout sec, le meilleur, avant de s’engouffrer dans un train bondé, les bras chargés de bibelots indispensablement inutiles.