Veronica Correia n'a pas prémédité son geste et ne s'est pas entraînée des heures devant son miroir. Sans doute parce que le lancer de soutien-gorge n'est pas encore un sport olympique. Ce geste, parfaitement exécuté, lui rapportera pourtant bien plus qu'une médaille.
Ce week-end, à New York et en plein concert, une Américaine de 21 ans a jeté son soutif sur Drake parce qu'elle «vivait l'instant présent, totalement immergée dans la musique». Offrir la moitié de ses sous-vêtements à un rappeur, c'est déjà moins offensif que d'envoyer son iPhone à la gueule de Bebe Rexha.
C'est même un troc plutôt ordinaire dans l'histoire du rock. Veronica, sans doute inconsciemment, a rendu hommage aux milliers de soutifs et de petites culottes collectionnés sur scène par les idoles des sixties, d'Elvis Presley aux Beatles. Sans oublier Madonna qui, en 1987 à Paris et devant 130 000 spectateurs, s'est soigneusement délestée de sa lingerie intime avant de la catapulter sur les genoux de Jacques Chirac. Enfin... seulement si on aime les légendes tenaces, car la petite culotte de la reine de la pop a permis aux plus crédules d'imaginer une idylle secrète avec le président de la République.
Le soutien-gorge de Veronica Correia, lui, aurait très bien pu terminer son existence dans l'anonymat et l'une des bennes à ordures du Barclays Center de Brooklyn. En le ramassant (et après l'avoir étrangement reniflé), Drake lui offrira un tout autre destin.
The girl who threw her bra at Drake breaks down how it happened 😂 https://t.co/52WCdDrY0T
— HipHopDX (@HipHopDX) July 24, 2023
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La taille 36G aux Etat-Unis, c'est du 95G chez nous. Le rappeur avait donc peu de chance de passer à côté de l'offrande. «Il était même hors de question qu'il ne le voit pas! J'ai donc bien visé, à ses pieds», avouera la jeune athlète. Une fois localisée, cette maman célibataire, tenancière d'un petit troquet à Rhode Island, fera deux fois le tour de la Terre. Six millions d'internautes ont vu sa performance en l'espace de quelques heures et Drake s'est fendu d'un message privé sur Instagram. Cendrillon aurait adoré faire des stories.
Depuis, c'est l'emballement. Voyant bien que la planète s'est pendue à ses lèvres, Veronica en profite très vite pour dérouler ses valeurs, manifestement soucieuse de ne pas être réduite à une fille de mœurs légères.
«Je veux être un exemple positif pour toutes les mères», confessera-t-elle au NY Post. Même ligne éditoriale pour le site The Messenger: «Je veux être un catalyseur, donner confiance aux femmes. Tous les corps sont beaux et la maternité est un fabuleux voyage». C'est beau, mais ça ne remplit pas le frigo. Cependant, pour les courses, Veronica peut désormais compter sur Playboy.
Car le lendemain, toujours sur Instagram, une employée du célèbre magazine de Hugh Hefner s'engouffre dans les DM de la nouvelle star: «Salut Veronica! Tu es magnifique! Nous avons lancé une nouvelle application Playboy, sur invitation, qui donne aux créateurs la possibilité de gagner de l'argent en offrant du contenu exclusif».
Alors, oui, la photo de couverture en qualité de nouvelle Bunny, ce n'est pas pour tout de suite. Mais cet OnlyFans à la sauce Playboy fait déjà saliver le porte-monnaie de cette mère célibataire.
Un échange de bons procédés qui n'existait pas avant la poussée fulgurante des réseaux sociaux. Souvenez-vous, en septembre 2020, un américain de 37 ans fut projeté sur tous les écrans pour s'être filmé quelques secondes sur son skate, une bouteille d'Ocean Spray dans la main et la chanson Dreams sur le bout des lèvres: 26 millions de vues en une journée. La marque en question lui a offert une voiture et l'a noyé de jus de canneberge industriel et le groupe Fleetwood Mac a cassé Spotify.
En 2023, et grâce à un soutien-gorge, le magazine Playboy fait voyager sa nouvelle plateforme pour trois fois rien et Veronica devrait, au moins quelques jours, se remplir les poches. En un tour de bra.