Åre, station de sports d'hiver en Suède, n'est autre que la destination phare pour les Suédois qui veulent faire de longs virages dans la poudreuse et profiter de la meilleure station du pays.
Mais Netflix n'est pas là pour causer ski alpin ou ski de fond. Il est question d'un meurtre et d'une ambiance sordide. On découvre le minois d'une enquêtrice au passé trouble, en congé forcé dans la maison de sa frangine, au milieu de palanquées de neige et d'un lac qui fait office de maître des lieux.
Cette mise à l'écart pour un mois (pour une cause qu'on taira), Hanna Ahlander ne va pas la traverser comme souhaité. Loin d'une retraite spirituelle dans les paysages enneigés, comme un pansement sur son âme d'écorchée, c'est bien dans la panade qu'Hanna va se fourrer pour mener l'enquête sur une disparition. Vous connaissez l'adage: chassez le naturel, il revient au galop.
Impossible de taire sa petite voix qui lui dit de coiffer sa casquette de flic. Elle participe donc à une battue pour retrouver la jeune adolescente prénommée Amanda. Cette dernière n'est jamais rentrée après avoir été aperçue pour la dernière fois à une petite sauterie.
S'engage une enquête. S'engage dans l'intervalle une introspection personnelle pour notre policière déprimée; une percée dans la féérie hivernale pour trouver un moyen d'exorciser son humeur chagrine.
Cette première saison, basée sur deux bouquins de Viveca Sten, conjugue donc deux histoires et peut parfois laisser perplexe dans son déroulement narratif - les premiers épisodes sont basés sur Une écharpe dans la neige et les autres sont calqués sur Les ombres de la vallée.
Puis, malgré nos réticences dans la transition narrative, l'ensemble construit quelque chose d'entraînant, de rythmé qui dévoile une intrigue policière plutôt bien ficelée. On est bien sûr assez loin d'enquêtes vertigineuses, comme par exemple le film Wind River, sorti en 2017, voire la référence télévisuelle en la matière qu'est True Detective.
Meurtres à Åre prend surtout en épaisseur lorsque la série déplace sa lentille sur le personnage d'Hanna, joliment interprété par Carla Sehn. Les épisodes qui s'intéressent au passé difficile de la représente de la loi, brossent un être complexe, avec ses zones d'ombre et ses tourments. Elle croisera le fer avec un autre flic du coin, Daniel Lindskog (Kardo Razzazi), aux apparences placides qui se méfie d'Hanna. Classique.
Si l'ensemble demeure cohérent, si elle reste une série assez divertissante et glauque pour trouver son public avec son format compact (6 épisodes qui varient entre de 35 à 57 minutes), on reste loin de ce qui se fait de mieux en Suède en matière de création sérielle. Si vous comptez vous faire une petite soirée suédoise, toujours Netflix, on vous conseille d'enclencher Snabba Cash.
«Meurtres à Åre» est disponible depuis le 6 février sur Netflix.