En général, le vendredi rime avec grosse sortie pour Netflix. Cette semaine, c'est le film Ravage qui vient grossir le catalogue déjà bien fourni de la plateforme de streaming. Un film dont le scénario est évidemment un prétexte, puisque ce long-métrage consiste principalement à se tirer dessus et s'envoyer des coups plus au moins létaux de la manière la plus brutal et esthétique possible.
Derrière la caméra de ce film nerveux, on retrouve Gareth Evans, réalisateur réputé pour The Raid (2011) et The Raid 2 (2014), deux films produits en Indonésie qui ont redéfini le genre du film d'action et des arts martiaux par leur violence radicale et sans concession. Après avoir réalisé le thriller horrifique Le Bon Apôtre (2018) pour Netflix, le cinéaste avait mis de côté les longs métrages pour se consacrer à sa série Gangs of London (disponible sur Canal+), qui continue de faire sensation trois saisons après son lancement, en 2020.
Avec Ravage, Gareth Evans continue de revendiquer son amour pour les patates de forain, avec à l’affiche l’estimé Tom Hardy. L’acteur, dont le charisme n’est plus à démontrer, côtoie souvent l’excellence, comme dans le très bon The Bikeriders, sorti l’an passé, bien qu’il lui arrive parfois de cachetonner s'amuser dans des projets moins réussis, comme la trilogie Venom, qui, malgré sa qualité discutable, s'est révélée très rentable. C’est donc sur une plateforme de streaming que Tom Hardy fait son retour, lui qui nous avait plutôt habitués aux séries, notamment avec Peaky Blinders.
Tom Hardy y incarne Walker, un policier caractériel et au passé meurtri qui va devoir se frayer un chemin dans la clandestinité criminel, pour sauver le fils d'un politicien en proie à un réseau de stupéfiants. Ainsi démarre une course contre la montre violente et impitoyable dans les bas-fonds de la ville.
Rien de nouveau sous le soleil avec ce pitch déjà vu et revu, et pourtant, Ravage se distingue par un élément clé: sa mise en scène. Les amateurs du style de Gareth Evans le savent, il garantit des scènes d’action lisibles, ultra-stylisées et sans concession, comme c’était le cas dans The Raid et sa suite. Un style unique qui a marqué les esprits et inspiré de nombreuses productions, dont la saga John Wick, pour offrir un cinéma d'action nerveux et sans temps mort.
Sans en dire trop, le long-métrage propose une scène de bagarre dans une boîte de nuit d'une telle intensité technique qu'elle en fait presque oublier le reste du film, pourtant riche en action. D'une noirceur implacable, Ravage offre une catharsis tordue, mais rafraîchissante, en dévoilant une brutalité décomplexée rarement vue à l'écran. Si les scènes d'action n’atteignent pas la virtuosité des premiers films du réalisateur (visiblement les cascadeurs devaient mourir pour de vrai), ces séquences ne déçoivent aucunement et proposent au spectateur un vrai sentiment d'exutoire.
Au milieu de tout cela, on retrouve un Tom Hardy dont la prestance physique s’adapte parfaitement au style de Gareth Evans, avec un charisme bestial et un jeu presque animal. Dommage que le film ne semble être qu'une démonstration technique de mise en scène et de cascades, tant le reste paraît superflu et convenu. Trop confus dans son écriture et avec un rythme parfois poussif entre ses séquences attendues, le film aurait gagné en simplicité pour offrir davantage de grâce, ce que le réalisateur avait parfaitement réussi avec The Raid.
Cependant, rien ne devrait gâcher le plaisir des amateurs de coups et blessures devant ce film, qui, pour une fois, élève le catalogue de la plateforme.
Ravage de Gareth Evans, avec Tom Hardy, Jessie Mei Li, Timothy Olyphant et Forest Whitaker est disponible sur Netflix depuis le 25 avril 2025. Durée: 1h 45min