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«Top Gun»: Maverick: une caresse pour les papas quadras en crise

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Top Gun: Maverick: une caresse pour les papas en crise de la quarantaine (comme moi)

Le nouveau Top Gun offre une orgie d'images de blousons d'aviateurs, de voitures de sport vintage et d'avions de combat. Un rêve éveillé pour les hommes vieillissants de la génération X. Comme moi. 🙄
25.05.2022, 11:4325.05.2022, 13:08
Oliver Baroni
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Top Gun... 2? Sérieusement? Et quoi, encore une fois avec Tom Cruise? Il n'est pas genre... vieux?

Que cela me plaise ou non, le fait qu'une suite de Top Gun existe est un événement social qu'il ne faut pas sous-estimer. Ne serait-ce que parce que le film original de 1986 a été l'un des blockbusters les plus réussis de l'histoire du cinéma, avec des recettes de 356 millions de dollars pour un budget de seulement 15 millions. Une suite était donc inévitable, ne serait-ce que du point de vue commercial: si les enfants de l'époque vont aujourd'hui voir le nouveau film avec leurs propres enfants = succès garanti.

On se demande néanmoins comment un nouveau Top Gun peut s'inscrire dans l'époque actuelle. L'original de 1986 est et reste un mythe de son époque – un chef-d'œuvre de ce hourra-patriotisme au premier degré qui était monnaie courante dans de nombreux blockbusters des années 80. Rambo. Reagan. U-S-A! U-S-A!

John Rambo feuert
image: Youtube

En réalité, il s'agissait à l'époque de traiter de l'ignominie du Vietnam. Une guerre qui avait divisé la nation au cours des décennies précédentes et qui s'était finalement soldée par une défaite. La production cinématographique hollywoodienne des années 70 en a été le reflet: des anti-héros à foison, des drames sociaux dystopiques, des histoires d'amour tragiques. La distinction entre le bien et le mal devenue de plus en plus floue.

Mais le public américain humilié aspirait à l'évasion, à des mondes imaginaires et en appelait aux qualités originelles d'Hollywood, car ce n'est pas pour rien qu'on l'appelait «l'usine à rêves». La vie réelle est déjà assez dure, bon sang, alors autant l'oublier pendant au moins deux heures pour le prix d'une place de cinéma! Loin du quotidien!

Baby Superman 1978 planet krypton https://www.imdb.com/title/tt0078346/
image: imdb

Loin, très loin, comme dans le cas des premiers méga-blockbusters de la fin des années 70 et du début des années 80: Star Wars se déroulait dans une galaxie lointaine; Superman venait de la planète Krypton. Puis, après quelques années de Reaganomics, les héros à la peau dure ont fait leur apparition. Fidèles aux projets républicains, qui prônaient la responsabilité individuelle et l'auto-justice, il s'agissait de camionneurs, de vétérans du Vietnam, de pilotes de course et de pilotes de chasse.

Le point culminant est atteint en 1986 avec Top Gun: les meilleurs pilotes de combat des meilleures forces armées de la meilleure nation du monde. Tous des gamins en rut, bien bronzés et torse nu pour faire du sport sur la plage, mais aussi dans leur uniforme chic. Des garçons qui aiment faire les malins et qui semblent être en compétition permanente les uns avec les autres, mais sur lesquels on peut tout de même compter à la fin. «You can be my wingman!», clamait-on dans le premier Top Gun. Ce film était un baume pour l'âme de tout patriote.

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Bild: imdb

N'était-il vraiment que cela? On sait que Quentin Tarantino avait une autre interprétation du récit: selon le réalisateur de Pulp Fiction, il s'agissait dans Top Gun de la lutte intérieure d'un homme avec son identité sexuelle...

... ce qui a pour conséquence le fait qu'on ne peut plus regarder Top Gun sans avoir en permanence cette sous-intrigue en tête: un pilote de chasse découvre son homosexualité. Autre conséquence, des années plus tard: on cherche désespérément un quelconque sous-entendu dans le nouveau Top Gun: Maverick (nous y reviendrons plus tard).

Ce qui nous amène au film actuel: oui, après plus de 30 ans, Pete «Maverick» Mitchell est de retour. Oui, il est toujours dans la marine. Non, il n'a jamais dépassé le grade de capitaine. Pour quelle raison? Parce qu'il reste un rebelle, un marginal – un maverick, un anti-conformiste. Mais il travaille désormais comme instructeur. Sous son commandement se trouve également Bradley «Rooster» Bradshaw, le fils de son défunt ami Nick «Goose» Bradshaw du premier film. L'objectif est de mener une attaque à basse altitude très dangereuse sur une station de traitement nucléaire d'un pays ennemi (dont le nom n'est pas mentionné).

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image: paramount

En 1986, les lignes ennemies étaient clairement définies: là-bas, à l'Est, le danger rouge; à l'Ouest du Rideau de fer, nous, les gentils. Aujourd'hui, la guerre froide est terminée depuis longtemps. Mais la menace est plus réelle que jamais, même si elle est plus opaque. Pandémies, terrorisme, guerre en Europe de l'Est, division de la société aux Etats-Unis, fusillades, politiciens de droite qui tentent de saper les fondements de la démocratie – dont, jusqu'à récemment, un président américain qui soutenait activement les subversifs... Tout cela n'apparaît pas dans Top Gun: Maverick.

Non, ici, le monde est plus petit, plus simple, plus facile à comprendre. C'est comme un événement sportif: un casting gérable, une fenêtre temporelle lisible, une mission claire, une conclusion.

Il est frappant de constater que les Etats-Unis ne sont mentionnés nulle part, et encore moins le nom du président (le tournage a commencé en 2018, en plein milieu de la présidence Trump). Au lieu de cela, il y a la Navy, présentée comme une famille. A l'origine, la rumeur voulait que l'intrigue de Top Gun: Maverick soit un adieu au concept d'avions de combat habités à l'ère des drones sans pilote. Ce thème n'est toutefois qu'effleuré. Au lieu de cela, la relation de Maverick avec Rooster, le fils de son ami décédé Goose, est le véritable fil conducteur. On se bat parce qu'on aime sa famille, au sens large. Les personnages du film sont tous des hommes et des femmes de conviction. Des personnes qui défendent des valeurs, qui font ce qui est juste, même si cela signifie enfreindre les règles ou désobéir aux ordres de temps en temps.

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Ah, ce sont nos aspirations les plus profondes! A nous, les survivants de la génération X! Comme la vie serait belle si tout était un peu moins compliqué! Si tous ces hurluberlus politiques fermaient leur gueule, pour que nous puissions faire ce qu'il faut et réparer tout ce gâchis! Nous, les «Grumpy Old Men», en regardant les infos, nous voulons simplement aller de l'avant, être gentils les uns avec les autres et sauver la planète... Mais des idiots se mettent en travers de notre chemin et promulguent des lois draconiennes sur l'avortement dans les Etats du Sud, sortent la Grande-Bretagne de l'UE et font la guerre à l'Ukraine.

Oh, mais en fait, est-ce ça, le sous-entendu dans Top Gun: Maverick? Est-ce la révolte de la Gen X?

Malheureusement, non. Car le film est vraiment aussi simple et superficiel qu'il en a l'air. Il n'y a pas de sous-entendus. On se contente de se complaire dans la nostalgie. Et – wow – cette dernière est servie avec tant d'abondance que c'est du baume pour l'âme des papas en crise de la quarantaine: des blousons d'aviateur en cuir. De superbes voitures vintage. Une Mustang P-51. Et avec Jennifer Connelly, un «love interest» adapté à notre l'âge: elle n'est pas seulement belle, elle est aussi une mère modèle qui emmène parfois sa fille adolescente en croisière. Et, ah oui: des actes plutôt que des mots, des expériences plutôt que des pensées. Des virées en moto, des jeux de boisson prolixes et des manœuvres de combat aérien dangereuses. Un peu moins de conversation, un peu plus d'action.

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Top Gun: Maverick est donc un film honnête et bien intentionné. Il n'essaie pas d'être autre chose que le rêve d'un quinquagénaire.

Et ça ne me plaît pas.

Moi, représentant de ce groupe cible, père en pleine crise de la quarantaine, qui trouve les voitures vintage géniales et les avions de la Seconde Guerre mondiale encore plus géniaux, je trouve Top Gun: Maverick horrible. Oui, les scènes de vol sont magnifiquement filmées. C'est très beau. En revanche, la mission est vraiment absurde. Et les dialogues sont limités au strict minimum et sont maladroits, uniquement axés sur l'explication de l'intrigue, à tel point que ça en devient agaçant. Et de toute façon, cette représentation puérile et simpliste des structures de la hiérarchie est agaçante. Oui, je sais, c'est un film et donc il ne doit pas nécessairement représenter la réalité. Mais il ne devrait pas non plus s'agir d'une attaque frontale contre l'intelligence collective du spectateur. Une intrigue aussi bancale ne peut pas être remise d'aplomb par quelques séquences de vol joliment filmées.

Si vous avez aimé le premier Top Gun lorsque vous étiez enfant et que vous voulez vous plonger dans la nostalgie, allez donc voir Top Gun: Maverick (hé, même la bande-son est la même: Danger Zone, Take My Breath Away – tout y est !). Pour tous les autres, rappelez-vous que ce n'est pas parce que quelque chose a un sens commercial que le résultat est bon.

Sortie en salle:
Top Gun: Maverick sort ce mercredi 25 mai en Suisse romande et au Tessin, et le 26 dans toute la Suisse.

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