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Ce Romand s’enrichit grâce aux redevances Serafe

Cédric Moret empoche le pactole grâce à Serafe.
Cédric Moret est à la tête d'Elca, l’un des plus gros groupes d'informatique du pays.Image: KEYSTONE

Ce Romand s’enrichit grâce aux redevances Serafe

Les factures de Serafe font grincer les dents de nombreux Suisses. Pour l’entreprise qui les encaisse, ce mandat public est toutefois une vraie mine d’or. On apprend désormais qu'un riche investisseur privé touche lui aussi le jackpot.
26.05.2025, 10:5226.05.2025, 10:52
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Chaque ménage suisse est tenu de verser 335 francs par an à Serafe. Cette entreprise détient le mandat étatique de collecter les redevances destinées aux services audiovisuels publics. Depuis 2019, Serafe a remplacé l’ancienne société Billag pour assumer cette mission. Et financièrement, le système lui réussit plutôt bien.

En six ans, Serafe – filiale de l’entreprise Secon AG – a augmenté à la fois ses revenus et ses profits. Côté bénéfices, on est passé de moins d’un million à six millions de francs. Et les actionnaires en récoltent les fruits puisque Serafe n’est pas avare en dividendes. Rien que l’an dernier, six millions de francs ont été versés à la maison mère, Secon.

C’est là qu’entre en scène Cédric Moret. Ce multimillionnaire romand est à la fois PDG et propriétaire de l’entreprise Elca, l’un des plus gros groupes d'informatique de Suisse basé à Pully (VD). Notre homme est également membre du conseil d'administration de Migros et ex-mari de l'élue PLR Isabelle Moret, actuelle cheffe du Département de l'économie, de l'innovation, de l'emploi et du patrimoine du canton de Vaud.

Or, comme l’a révélé la NZZ am Sonntag, Elca détient, via une société intermédiaire, 63,5% des parts de Secon, la maison mère de Serafe. La structure de détention, composée de plusieurs entités juridiques interconnectées, a jusqu’à présent contribué à maintenir dans l’ombre le fait qu’un investisseur privé disposant d’un patrimoine important perçoit des revenus provenant de l’exécution d’un mandat public, attribué dans le cadre d’un appel d’offres.

Une stratégie musclée pour faire grimper les chiffres

Autre sujet qui fait grincer des dents: Serafe a boosté ses résultats en adoptant des méthodes de recouvrement de plus en plus agressives. Selon une enquête du SonntagsBlick, l’entreprise a lancé pas moins de 112 448 procédures de poursuite en 2024 – deux fois plus que l’année précédente.

Chaque procédure rapporte 20 francs, selon la NZZ. Et avant cela, les rappels de paiement sont également facturés 5 francs. Un système qui s’avère plutôt juteux. Rien que les poursuites génèrent environ 2,25 millions de francs de recettes supplémentaires.

Pour les détracteurs, le versement de dividendes de plusieurs millions à des investisseurs privés grâce à un mandat public pose problème. Selon le spécialiste des médias Otfried Jarren, interviewé par la NZZ, ces bénéfices devraient plutôt être réinvestis dans la durabilité de l’entreprise et l’amélioration de ses processus – notamment la collecte des redevances – au lieu d’enrichir des particuliers ou des entreprises.

De son côté, Serafe se défend. L’entreprise affirme qu’en répondant à l’appel d’offres public pour reprendre la collecte des redevances, elle a pris un risque conséquent. Et qu’une rentabilité future était nécessaire pour rendre l’opération attractive. En entrant en concurrence avec Billag, elle estime par ailleurs avoir permis de belles économies en vertu des mécanismes du marché. (con)

Le témoignage étonnant de ces jumelles australiennes fait le buzz
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