Suisse
Conseil fédéral

La nomination du nouveau président de la Comcom fait jaser

Conflit d'intérêts: un proche de Swisscom à la tête de la Comcom. Martin Bürki, partenaire de longue date de Swisscom, a été nommé à la tête de la Comcom, l'autorité de surveillance des télé ...
Image: Keystone

L'homme qui doit surveiller les opérateurs suisses interroge

Le Conseil fédéral vient de nommer Martin Bürki, partenaire de longue date de Swisscom, à la présidence de la Comcom, l'autorité de surveillance des télécommunications. Dans le milieu, cela fait débat. Certains y voient en revanche justement une garantie de son indépendance.
06.05.2025, 16:5006.05.2025, 16:50
Maurizio Minetti / ch media
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Le siège suisse d'Ericsson se situe en plein centre-ville de Berne, à deux pas de la gare. L'entreprise suédoise fait partie des poids lourds internationaux dans le domaine des équipements de télécommunication. De telles entreprises assurent aux fournisseurs d'accès l'infrastructure nécessaire, par exemple des antennes de téléphonie mobile. Elles constituent en quelque sorte la colonne vertébrale des opérateurs.

Les bureaux bernois d'Ericsson sont au quatrième étage. Le cinquième est occupé par un centre de conférence de Swisscom. Cette proximité ne doit rien au hasard. Les deux entités ont un partenariat depuis plus de dix ans. Elles l'ont prolongé l'année passée.

Ericsson continuera ainsi à fournir «le matériel et les logiciels pour le meilleur réseau de Suisse», avait alors fièrement annoncé Swisscom. Cette collaboration se concrétisera dans des équipes mixtes dont les membres feront avancer ensemble innovations et projets.

17 ans au service du partenaire de Swisscom

Pendant près de 20 ans, Martin Bürki a été le visage de cette synergie. Il a commencé à travailler pour Ericsson en 2008 en tant que Head of Key Account Management Swisscom. Début 2011, il a pris la direction d'Ericsson Suisse. Une fonction qu'il a occupée jusqu'en décembre 2024.

La semaine dernière, le Conseil fédéral l'a nommé à la présidence de la Comcom. La Commission fédérale de la communication est l'autorité indépendante de concession et de régulation dans le domaine des télécommunications.

Martin Bürki, figure du partenariat Ericsson/Swisscom depuis près de 20 ans vient d'être nommé à la tête de la Comcom. Il y a-t-il un conflit d'intérêts?
Martin Bürki.dr

Les membres de cet organe de surveillance décident entre autres des litiges d'interconnexion ou de l'attribution des concessions. C'est ainsi à ce proche de Swisscom de longue date que reviendront ces tâches pour la période à partir de 2029. Le Bernois de 57 ans entrera en poste le 1er août.

Une impartialité qui fait débat

Depuis cette annonce, on s'interroge dans le milieu sur l'indépendance du nouveau dirigeant au vu de son passé professionnel. Son manque d'expérience en matière de régulation et sa proximité avec l'opérateur font réagir. Pour un observateur:

«C'est comme si l'ancien chef d'Axpo prenait la tête de l'Elcom, l'équivalent dans le domaine de l'électricité».

Il est à noter que l'Elcom ou la PostCom sont traditionnellement contrôlées par d'anciens hommes politiques.

Face aux inquiétudes, Albert Rösti tempère

Sunrise et Salt n'ont pas souhaité commenter cette nomination. Le département du ministre des Infrastructures Albert Rösti souligne l'absence de lien direct. «Ericsson n'est qu'un fournisseur des opérateurs, vis-à-vis desquels la Comcom assume des tâches de régulation».

Cela n'est que partiellement vrai: les deux concurrents de Swisscom, Sunrise et Salt, n'entretiennent, eux, aucune relation commerciale avec Ericsson. Ils travaillent avec Nokia et Huawei. Ericsson fournit donc uniquement le leader du marché.

Un porte-parole de Swisscom affirme que Martin Bürki connaît parfaitement le secteur, ce qui est un avantage pour la branche.

«Il assume un nouveau rôle avec la présidence de la Comcom et nous ne voyons donc pas de conflits d'intérêts»
Un porte-parole de Swisscom

Pour fédérer les esprits, il doit «insister sur son indépendance»

Fredy Künzler est de ceux qui défendent Bürki. L'entrepreneur de Winterthour et politicien socialiste est considéré comme l'un des plus grands critiques de Swisscom, contre qui il mène actuellement plusieurs procédures. Il «apprécie le fait que la Comcom ne soit pas uniquement composée de professeurs et de juristes, mais que le point de vue de l'industrie soit représenté».

Il fait remarquer que l'ancien président de la Comcom, Christian Martin, qui a travaillé chez Cisco et Google, en était également issu. Cisco traite cependant avec les trois opérateurs du pays de la même manière.

Künzler affirme que, dans son nouveau rôle, Martin Bürki est tenu de respecter la concurrence, et donc les clients finaux.

«Cela doit être sa maxime principale – il ne doit pas se laisser guider par les intérêts et les privilèges de certains acteurs du marché et de leurs actionnaires.»
Fredy Künzler

Ce qu'il attend du président tout juste désigné, «c'est qu'il soit indépendant et qu'il ne craigne pas les conflits avec la puissante Swisscom».

Le passé professionnel, une réelle plus-value?

D'autres voix s'élèvent à l'encontre du parcours de Martin Bürki. Il lui faudra d'autant plus prouver son indépendance et montrer qu'il était fait pour ce poste. Certains évoquent des cas de figure similaires, par exemple lorsque Stefan Meierhans, qui travaillait alors pour Microsoft, est devenu surveillant des prix en 2008. A l'époque, le scepticisme était grand. Aujourd'hui, de l'eau a coulé sous les ponts et Meierhans est considéré comme indépendant et courageux.

Président de la Commission des transports et des télécommunications du Conseil national, Philipp Kutter ne connaît pas personnellement le Bernois Martin Bürki. «Par principe, je salue les connaissances et l'expérience solides du président de la Comcom». Il attend de lui qu'il se «détache de ses relations d'affaires antérieures».

Un tel changement de casquette n'a en principe rien d'exceptionnel et il lui fait tout à fait confiance. Et d'ajouter: «Comme on connaît son passé et que l'opinion publique surveillera ses faits et gestes, il a tout intérêt, pour lui-même, à insister sur son indépendance».

(Adaptation en français: Valentine Zenker)

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