L'institution financière avait averti, fin mai, qu'elle pourrait dégrader la note américaine, en raison du risque de défaut de paiement. S&P avait été la première à priver les Etats-Unis du «triple A» en 2011, et n'a depuis pas relevé la note, qui se trouve toujours à AA+.
Seule l'agence Moody's attribue toujours, à ce stade, la meilleure note de crédit à la dette de la première économie du monde.
Fitch a justifié sa décision mardi en premier lieu par les conséquences des «impasses répétées sur le plafond de la dette et des résolutions de dernière minute»:
L'administration du président démocrate Joe Biden et l'opposition républicaine se sont livré plusieurs mois d'une intense bataille politique autour du plafond de la dette, qui nécessitait d'être relevé par le Congrès pour que le pays puisse continuer à payer ses factures.
Laissant le pays aller jusqu'au bord du défaut de paiement - une situation inédite -, ils avaient trouvé un accord in extremis début juin, qui permettra à Washington d'honorer ses paiements jusqu'à début 2025. Mais selon l'institution, basée aux Etats-Unis, malgré cet accord, «les affrontements politiques répétés sur le plafond de la dette et les résolutions de dernière minute ont érodé la confiance dans la gestion budgétaire».
«Nous désapprouvons fortement cette décision», a réagi la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre. Elle a accusé l'administration du précédent président des Etats-Unis, le républicain Donald Trump, d'avoir conduit à une dégradation des critères pris en compte par Fitch pour établir ses notes:
La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a elle aussi déploré une dégradation qu'elle juge «fondée sur des données datées». En ligne de mire de l'administration Biden: la réforme fiscale de Donald Trump en 2017, qui avait réduit les impôts des plus riches et ceux des sociétés.
Les républicains, de leur côté, accusent régulièrement les démocrates de réaliser des dépenses inconsidérées. Les réductions d'impôts, mais aussi d'importantes dépenses, ont également été pointées du doigt par Fitch dans sa décision, sans cependant cibler une administration spécifiquement.
La «détérioration budgétaire attendue au cours des trois prochaines années», ainsi qu'«une charge de la dette publique élevée et croissante» représentent des risques importants, selon l'agence de notation:
«En outre, seuls des progrès limités ont été réalisés pour relever les défis à moyen terme liés à l'augmentation des coûts du régime de retraite et de l'assurance-maladie en raison du vieillissement de la population», a encore souligné l'agence de notation.
Pour le moment, l'institution financière n'anticipe pas de nouvelle dégradation à court terme. (ats/jch)