C'est un fait sans précédent pour un ancien chef d'Etat américain. Si des procès sont rapidement organisés, le milliardaire pourrait se voir obligé de comparaître devant un tribunal en pleine campagne électorale l'an prochain.
Le grand favori des primaires républicaines est inculpé de «complot à l'encontre de l'Etat américain», entrave à une procédure officielle et atteinte aux droits électoraux après une enquête supervisée par le procureur spécial Jack Smith:
«Ces allégations étaient fausses et le prévenu savait qu'elles étaient fausses», peut-on y lire. «Mais le prévenu les a répétées et les a largement diffusées malgré tout», selon le document, qui affirme que Trump a lancé «son projet criminel» quelques jours après le scrutin.
Lors d'une très brève allocution à Washington, Jack Smith, l'air sévère, a déclaré qu'il voulait un «procès sans délai».
L'attaque du Capitole, qui s'est produite le 6 janvier 2021 après des semaines de désinformation, «était un assaut sans précédent contre le siège de la démocratie américaine», a-t-il ajouté. Et «elle a été encouragée par des mensonges. Des mensonges de l'accusé destinés à entraver une fonction essentielle de l'Etat américain: le processus par lequel la nation collecte, compte et certifie les résultats de l'élection présidentielle», a-t-il asséné.
Il s'agit des accusations les plus sérieuses à être portées contre l'ex-chef de l'Etat, déjà poursuivi au pénal dans l'affaire de la gestion supposée négligente des documents confidentiels de la Maison Blanche et celle des paiements suspects à une ancienne actrice de films X.
Donald Trump avait annoncé le 18 juillet avoir reçu une lettre de Jack Smith l'informant qu'il était visé personnellement par l'enquête fédérale sur les tentatives d'inverser les résultats de la présidentielle de 2020, et notamment l'assaut contre le Capitole.
Souvenez-vous: le 6 janvier 2021, il avait tenu un discours enflammé devant ses partisans réunis non loin de la Maison Blanche, les appelant à se «battre comme des diables» contre les résultats de l'élection présidentielle que les élus devaient certifier. Une foule avait ensuite envahi le Capitole, des scènes de violence et de chaos qui avaient choqué l'Amérique et le monde.
Ce mardi après-midi, peu avant l'annonce, Donald Trump avait affirmé sur sa plateforme Truth Social s'attendre à une inculpation imminente, en accusant le procureur spécial de vouloir entraver sa campagne pour 2024 et le traitant de «cinglé»:
«Ce n'est rien d'autre que le dernier chapitre corrompu de la tentative pathétique continue de la famille du crime Biden et de son ministère de la Justice armé pour interférer avec l'élection présidentielle de 2024», a réagi sa campagne dans un communiqué sur Truth Social.
Le républicain âgé de 77 ans est devenu cette année le premier ex-président des Etats-Unis à être inculpé au pénal par la justice fédérale.
Le tempétueux homme politique conserve malgré tout la loyauté d'une bonne partie de son parti: il domine en effet les sondages pour l'investiture républicaine et creuse même l'écart avec le numéro 2, le gouverneur de Floride Ron DeSantis, qui cumule les faux pas depuis le début de sa campagne.
L'impact que cette dernière inculpation aura sur la candidature du milliardaire à la Maison Blanche n'est pas encore clair. L'ex-président a déjà dénoncé ces dernières semaines une «chasse aux sorcières», une nouvelle «interférence électorale» et une «instrumentalisation politique» de la justice pour l'empêcher d'être candidat.
Il continue d'affirmer, sans preuve aucune, que l'élection de 2020 lui a été «volée». Les ennuis risquent de ne pas s'arrêter là pour lui: une procureure de l'Etat de Géorgie doit également annoncer d'ici septembre le résultat de son enquête sur les pressions qu'il a exercées pour tenter d'altérer le résultat de la présidentielle de 2020 dans cet Etat du Sud.
Le président démocrate Joe Biden, également candidat à sa réélection pour 2024, ne s'est pas exprimé sur ce dernier développement concernant son rival. En vacances dans le Delaware, il s'est rendu au cinéma pour voir le film «Oppenheimer». (ats/jch)