Economie
Banques

Credit Suisse n'en a pas fini avec les turbulences

epa10526816 A sign outside of Credit Suisse bank?s offices in New York, New York, USA, on 16 March 2023. Credit Suisse shares were up on 16 March as investors reacted to news that Switzerland?s centra ...
Image: sda

Credit Suisse n'en a pas fini avec les turbulences

Les analystes financiers ont multiplié les avis quant à la voie à suivre par Credit Suisse vendredi, alors que l'action a poursuivi son chemin de croix à la Bourse suisse. Les incertitudes restent nombreuses, malgré l'emprunt de 50 milliards de francs obtenu par la banque.
17.03.2023, 23:1222.03.2023, 18:34
Plus de «Economie»

«La banque suisse a reçu hier matin une bouée de sauvetage de la part des régulateurs suisses, une tentative de calmer les investisseurs après des jours de turbulences dans le secteur bancaire qui ont alimenté les craintes d'une crise financière et économique plus large», a rappelé John Plassard de Mirabaud Banque.

La banque genevoise note aussi que Credit Suisse est désormais poursuivie par des actionnaires américains, qu'ils accusent de les avoir trompés.

KBW estime que si les liquidités devraient réduire la pression à court terme, la plupart des inquiétudes concernant le titre avant les récents événements restent valables, en particulier la faible rentabilité. Les analystes n'excluent pas de nouvelles déclarations de restructuration de la part de la direction, visant à simplifier davantage le numéro deux bancaire helvétique.

Incertitudes élevées

Parmi les forces de la banque aux deux voiles, LBBW Research souligne de son côté la banque universelle suisse à la fois stable et rentable mais aussi la forte position de marché dans la gestion de fortune mondiale. En revanche, les incertitudes restent élevées, notamment liées à la réduction de la banque d'affaires d'ici 2024, sans oublier les possibles répercussions des nombreux démêlés judiciaires.

Les circonstances pèseront sur le résultat opérationnel 2023 et 2024, incitant les analystes de la Landesbank Baden-Würtemberg à réduire leurs pronostics. Malgré sa faible valorisation, ils recommandent de conserver le titre, même s'ils ne peuvent exclure une perte totale du capital-actions selon le pire des scénarios. Indépendamment, le cours de l'action devrait rester très volatil.

Plusieurs scénarios

La Banque royale du Canada (RBC) a, elle, salué le soutien de la BNS et de la Finma. Mais regagner la confiance reste la clé pour le titre Credit Suisse. Les mesures prises devraient permettre de contenir la contagion au secteur bancaire, «mais la situation reste incertaine».

Dans ce contexte, JP Morgan a élaboré plusieurs scénarios quant à l'avenir de l'établissement de la Paradeplatz, qui pourraient impliquer la 8e restructuration de Credit Suisse depuis 2011, alors que les analystes jugent «le soutien de la BNS en matière de liquidités (comme annoncé mercredi soir) insuffisant». «Le statu quo n'est pas une option», cinglent les experts.

Une reprise par UBS, le scénario probable?

Les analystes de la banque américaine jugent ainsi une reprise par la concurrente UBS comme le scénario le plus probable, relevant tout de même les difficultés en termes de concurrence, selon eux, «car la part de marché combinée est d'environ 30%», avec un risque de concentration et de contrôle de parts de marché en Suisse trop élevé. Ni Credit Suisse si UBS n'ont voulu s'exprimer sur ce sujet.

La banque d'investissement new-yorkaise KBW pense que la cession d'actifs est la solution la plus probable: la banque de détail suisse vaudrait 12.4 milliards de francs selon elle, la gestion de fortune est évaluée à 9.5 milliards mais avec des sorties de liquidités qui se sont poursuivies, tandis que la banque d'affaires se voit attribuer une «valeur négative» de 11 milliards de francs.

Un «cas particulier»

Commentant la situation depuis Paris, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau a expliqué, sur BFM Business vendredi matin que Credit Suisse est «un cas particulier connu depuis plusieurs années». Il a encouragé l'établissement à aller «au bout du travail» de redressement.

«C'est une banque qui a à la fois des difficultés de modèle d'affaires et des défaillances de son système de contrôle interne»
François Villeroy de Galhau

Il a assuré que les banques «européennes sont extrêmement solides», mettant en avant la réglementation Bâle III mise en place après la crise financière de 2008, «parfois critiquée» mais qui a prouvé l'«efficacité» des règles «sur leurs liquidités et sur leurs fonds propres».

Après avoir progressé en début de séance, l'action Credit Suisse est rapidement tombée dans le rouge en cours de séance, et à clôturé en baisse de 8.0% à 1.86 franc, lanterne rouge de l'indice vedette SMI qui a terminé en repli de 0.98%.

(sda/awp/ats)

Ce taureau court au milieu d'une banque et provoque le chaos
Video: watson
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
La nouvelle stratégie des géants chinois inquiète en Suisse
La nouvelle stratégie des commerçants chinois crée des difficultés à l'échelle mondiale, y compris pour la faîtière dont font partie Migros et Coop.

Les commerçants en ligne chinois tels que Temu, Shein ou Alibaba déferlent en Suisse avec des produits à bas prix — leur montée en puissance s'inscrit dans un phénomène mondial. Récemment, le Wall Street Journal titrait: «La Chine submerge le monde de marchandises bon marché» ou encore «Le monde est confronté à un choc chinois».

L’article