Le prix de l'or devrait encore battre des records l'an prochain. C'est en tout cas ce que prévoit le groupe allemand Heraeus, l'un des leaders mondiaux du négoce de métaux précieux. C'est lui qui possède la raffinerie d'or d'Argor-Heraeus au Tessin.
Les experts s'attendent à ce que le prix de l'once (31,1 grammes) oscille entre 2450 et 2950 dollars. Dans le haut de cette fourchette, on battrait même un record. En 2024, on a enregistré un plafond de 2800 dollars par once.
Cela mérite que l'on s'y intéresse, car l'or s'appuie sur une base très solide. En tant que valeur refuge, sa demande s'est intensifiée cette année face à la guerre et aux crises. Le prix a atteint des sphères inimaginables jusqu'alors - et ce, malgré des taux d'intérêt élevés. Et aussi malgré le fait que l'or présentait l'inconvénient d'être un placement sans intérêt.
Le pronostic «musclé» d'Heraeus s'appuie aussi sur une transformation favorable de l'environnement des taux d'intérêt en 2025: les banques centrales considèrent avoir combattu l'inflation et vont probablement baisser les taux. Cela rendra l'or doublement attractif. Premièrement, il ne représentera plus l'unique investissement sans intérêt, car d'autres placements rapporteront également moins. Deuxièmement, le dollar va s'affaiblir, rendant ainsi le métal précieux plus abordable.
Les experts avancent d'autres raisons pour expliquer la persistance d'une demande appuyée. Les banques centrales devraient continuer à constituer des réserves d'or conséquentes. Heraeus s'attend à ce qu'elles achètent environ 1000 tonnes, à l'image des années précédentes. Soit un cinquième de la demande mondiale.
Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche le 20 janvier aura lui aussi un impact. La politique aléatoire du républicain pourrait exacerber les tensions géopolitiques et renforcer la demande d'or en tant que valeur refuge. Au Proche-Orient en particulier, la chute de Bachar el-Assad a montré à quelle vitesse les rapports de force peuvent évoluer. Dans ce contexte, un président américain peu prévisible n'est pas un gage de stabilité, bien au contraire.
Trump a parallèlement fait des promesses électorales ambitieuses, comme des allègements fiscaux massifs pour les riches. Il ne pourra s'y tenir qu'en creusant davantage une dette publique déjà colossale. Ses droits de douane punitifs annoncés pourraient eux aussi faire grimper l'inflation. Une hausse qui contribue en principe à augmenter le prix de l'or, car les investisseurs aiment se protéger avec quelque chose de stable.
De la même façon, quoi qu'à un niveau relativement plus bas, l'argent pourrait connaître une hausse plus marquée encore. Selon les prévisions de Heraeus, le prix de l'once pourrait atteindre les 40 dollars. Principal moteur: la demande de l'industrie. Le photovoltaïque chinois, notamment, achète de l'argent en masse pour ses panneaux solaires. Comme l'or, l'argent devrait profiter de la baisse annoncée des taux d'intérêt. De plus, son niveau reste sous-évalué pour le moment, selon les experts. «Dans les futures phases des marchés haussiers, l'argent pourrait avoir tendance à surperformer l'or».
(Traduit et adapté par Valentine Zenker)