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7 conseils pour négocier une augmentation de salaire en Suisse

7 conseils pour négocier une augmentation de salaire en Suisse
Bien négocier son salaire, c'est un art.Image: Shutterstock

C'est le bon moment: 7 conseils pour obtenir une augmentation

Inflation, renchérissement des prix... le moment est parfait pour tenter de renégocier votre salaire avec votre employeur. Si les partenaires sociaux de votre branche ne se sont pas emparés de la question, il faut prendre les choses en main personnellement: suivez nos conseils.
28.11.2022, 11:5708.01.2023, 11:29
Niklaus Vontobel, Gabriela Jordan et Ann-Kathrin Amstutz / ch media
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Coop et Migros sont les premiers grands employeurs suisses à avoir décidé d'augmenter les salaires de leur personnel à partir de 2023: près de 2% pour le premier et de 2 à 2,8% pour le second.

Les syndicats, qui avaient réclamé 3%, ne sont pas satisfaits de l'issue des négociations. Unia, Syna et la Société des employés de commerce parlent d'un échec des pourparlers.

Il n'empêche: 2%, c'est tout de même mieux que pas d'augmentation du tout. Reste à voir si d'autres entreprises seront plus généreuses envers leurs employés. Chez la plupart d'entre elles, aucune décision sur les hausses de salaire n'a encore été prise. Les négociations sont encore en cours aux CFF, chez Swisscom, à la Poste, chez Nestlé, chez UBS ou encore chez Novartis.

Pourtant, dans le contexte actuel d'inflation et de renchérissement des prix, la situation est optimale pour justifier une hausse de salaire. Dans certains secteurs ou entreprises, les travailleurs peuvent compter sur l'aide des partenaires sociaux.

Mais pour d'autres, il n'y a pas le choix: il faut aller négocier individuellement. Comment faire pour bien préparer la discussion qui mènera peut-être à votre augmentation? Suivez notre guide.

Préparez bien vos arguments avant l'entretien

Cela peut paraître être une évidence, mais il est toujours bon de le rappeler: préparez-vous bien et réfléchissez à ce que vous allez dire lors de l'entretien. Des arguments imparables peuvent être décisifs.

N'hésitez pas à insister sur la valeur ajoutée que vous apportez à l'entreprise. Vous avez bénéficié de formation continue ou avez acquis une nouvelle fonction dans l'entreprise? Ces arguments doivent être mis sur la table, explique Hannes Elmer, responsable adjoint du partenariat social à la Société suisse des employés de commerce. Si la dernière augmentation de salaire remonte à longtemps, cela peut également être un argument.

Il est en outre important de tenir compte de la situation actuelle de l'entreprise et de la branche: faire part de nouvelles exigences salariales en cas de bénéfices élevés est légitime. En revanche, en situation de crise, il faut se placer du point de vue de l'entreprise. Bref: soyez réaliste dans vos revendications.

Si vous abordez l'entretien sans préparation et avec un manque de connaissances sur la situation économique de votre entreprise, vous risquez de voir votre demande rapidement balayée.

Ayez conscience de votre valeur sur le marché

Renseignez-vous, au moins approximativement, sur le salaire que vous pouvez espérer. Dans certains secteurs, les salaires minimaux et les fourchettes de salaires sont réglés par une convention collective de travail.

Des calculateurs de salaire permettent de procéder à une estimation objective, en fonction de la profession, de l'âge, de l'expérience, du lieu de travail et d'autres facteurs.

Le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco) dispose, par exemple, d'un calculateur national de salaire. Différents syndicats, associations et organismes publics proposent également des recommandations salariales. Certains calculateurs en ligne peuvent aussi vous aider à confirmer votre estimation. Le mieux est de comparer les résultats de plusieurs sources.

Vous devez avoir un chiffre concret en tête, qu'il s'agisse d'un entretien destiné à une augmentation de salaire ou d'embauche. Une fois que vous avez ce salaire objectif et optimal en tête, préparez-vous pour la négociation salariale: réfléchissez à la somme la plus basse que vous êtes prêt à accepter. Le «jeu» de la négociation sera de se fixer sur un chiffre entre le salaire optimal et votre limite personnelle.

Les erreurs courantes à éviter

  • Ne vous référez qu'à vos propres capacités. Ne faites en aucun cas de comparaison avec d'autres collaborateurs du style: «La collègue XY gagne plus, alors que son travail est moins bon», prévient Hannes Elmer. Si vous avez connaissance de différences salariales générales et infondées au sein de l'équipe ou de l'entreprise, réfléchissez bien avant de vous lancer sur ce terrain. Un entretien de négociation salariale n'est pas forcément le meilleur moment pour se lancer sur ce genre de terrain délicat.
  • Ne vous laissez pas emporter. Expliquez objectivement à votre supérieur ce que vous apportez à l'entreprise et tenez-vous à vos arguments.
  • Soyez conscient qu'une augmentation de salaire peut s'accompagner de plus de tâches, de plus de responsabilités ou d'une attente généralement plus élevée à votre égard. Si vous n'êtes pas prêt à y faire face, il vaut mieux ne rien changer au statu quo.

Montrez-vous confiant, mais ouvert au compromis

Comment faut-il se comporter lors de la négociation? Exposer directement ses prétentions ou attendre une offre? Aller jusqu'au bout ou rester modéré? Pour Hannes Elmer, les choses sont claires:

«Si vous demandez une négociation salariale, vous devez prendre les devants»
Hannes Elmer

En revanche, lors d'un entretien d'embauche, il n'est pas nécessaire d'aborder d'emblée la question du salaire. L'employeur devrait le faire. Mais le cas échéant, il faut aborder la question soi-même si l'on sent que l'entretien est sur le point de prendre fin.

Si la négociation est ardue et qu'aucun terrain d'entente n'est trouvé, il est alors temps de faire des compromis. Il vaut la peine, selon Elmer, de négocier des «prestations non monétaires»:

  • Horaires de travail plus flexibles
  • Bénéficier de formation continue
  • Augmenter son temps de travail en home office

Si ces exigences ne sont toujours pas satisfaites, la situation peut devenir délicate et il faut savoir garder la face. Toutefois, il faut s'abstenir de menacer de démissionner.

Dépêchez-vous!

Le moment est propice pour une chance d'obtenir une augmentation de salaire, mais le temps presse.

Certes, certains chiffres clés continuent de battre des records, comme le nombre de postes vacants ou le taux d'emploi. Tous les secteurs se plaignent d'une pénurie de main-d'œuvre qualifiée — dans la construction par exemple, ce sont 54% des entreprises qui sont dans ce cas, un record historique.

Selon le Centre de recherches conjoncturelles de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ), ce boom devrait toutefois prendre fin prochainement et de manière assez abrupte. Son point culminant devrait être dépassé d'ici à cet hiver.

Il s'ensuivra un refroidissement conjoncturel. L'indicateur de l'emploi en est un premier signe: les entreprises sont nettement moins nombreuses à créer de nouveaux emplois au cours des trois prochains mois. Selon Swissmem, l'organisation faîtière de l’industrie des machines, des équipements électriques et des métaux, le secteur industriel se trouve lui aussi dans une phase de ralentissement: le nombre de nouvelles commandes s'est effondré.

...Changez d'emploi

Nous vous avons conseillé plus haut de ne pas menacer de démissionner en entretien. Ce conseil tient toujours. Mais cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas considérer de partir, tout court.

Il s'agit de peser le pour et le contre d'un départ. Il n'empêche, si cela comporte un risque, changer d'emploi reste la voie royale pour obtenir un meilleur salaire.

Cela est particulièrement vrai en période de haute conjoncture, comme celle que connaît actuellement le marché du travail. C'est ce qu'écrit Daniel Lampart, économiste en chef de l'Union syndicale suisse, dans son blog: en période de haute conjoncture, le nombre de travailleurs qui décident de volontairement changer d'emploi est 50% plus élevé qu'en période de récession. A la clé: un meilleur salaire.

Ils l'obtiennent souvent, comme écrit Lampart. C'est ce qui s'est passé en 2018 et 2019, lorsque l'économie a connu une évolution intéressante, mais pas extraordinaire. Plus d'un tiers des travailleurs ont reçu un meilleur salaire dans leur nouvel emploi. Au moins 10% de plus, comme l'a montré une enquête de l'Office fédéral de la statistique (OFS).

Vu le boom historique actuel de l'emploi, encore plus de personnes actives devraient bénéficier d'une augmentation de salaire, et celle-ci sera probablement plus importante.

Négociez plus durement qu'en temps normal

Il est utile de savoir à quel point les changements de poste sont pénibles pour les employeurs, surtout en période de haute conjoncture. Il s'agit d'une petite arme secrète avec laquelle on peut jouer, en filigrane, lors des négociations.

La recherche d'un remplaçant coûte du temps et de l'argent. Entre-temps, l'entreprise n'est pas au complet, peut-être devra-t-elle refuser des commandes. Elle perd ainsi du chiffre d'affaires. Lorsque les nouveaux collaborateurs sont enfin là, ils doivent d'abord apprendre le travail et cela peut prendre du temps.

La haute conjoncture joue en faveur des personnes actives et des syndicats. On cherche de la main-d'œuvre, dans certains secteurs, on en a même désespérément besoin. Les employeurs savent qu'en période de haute conjoncture, les collaborateurs sont plus nombreux à changer d'emploi. Ils doivent donc se résoudre à faire des concessions.

Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder

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