Dans quelle mesure les PME suisses sont-elles ouvertes au travail à temps partiel? Une assistante sociale devrait avoir peu de difficultés à trouver un emploi à 50%. Mais pour un ouvrier du bâtiment, c'est plutôt difficile. C'est la conclusion d'une nouvelle étude sur le marché du travail menée par le groupe d'assurance Axa avec l'institut de recherche Sotomo.
Pour ce faire, 301 PME de Suisse alémanique et de Suisse romande ont été interrogées. L'une des principales conclusions de l'étude est la suivante: le degré de positivité et de réalisme avec lequel les entreprises considèrent la possibilité de travailler à temps partiel dépend parfois des stéréotypes de genre.
Le marché du travail est en pleine mutation. Pour la première fois, le nombre de nouveaux retraités a dépassé celui des nouveaux arrivants sur le marché du travail. Il en résulte une grave pénurie de main-d'œuvre qualifiée. Cela donne aux travailleurs une position de force: les entreprises doivent davantage tenir compte de leurs besoins.
L'option du travail à temps partiel est un besoin majeur. Les PME suisses l'ont accepté - et y voient aussi des avantages, selon l'étude. Selon celle-ci, neuf entreprises sur dix voient un avantage dans un emploi à 80% par rapport à un emploi à temps plein.
Les entreprises jugent notamment positivement le meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée, la conciliation entre travail et famille ainsi que la plus forte motivation des employés. En effet, deux tiers des PME sont confrontés à des absences dues à des maladies psychiques.
Mais tous les temps partiels ne se valent pas. Le travail à temps partiel est moins accepté lorsqu'il s'agit de taux d'occupation plus bas que 80%. Il existe des différences importantes selon la taille de l'entreprise et le secteur dans lequel la PME est active.
Dans les secteurs de la finance et des assurances, de l'informatique, du commerce et de la construction, les entreprises indiquent que les employés doivent travailler au moins à 80% pour pouvoir «remplir pleinement leurs tâches et leurs obligations». Les entreprises actives dans le commerce de détail, l'éducation et l'enseignement ainsi que dans le domaine de la santé et du social indiquent une valeur nettement plus basse: dans ces entreprises, le taux d'occupation minimum nécessaire est de 50%.
Cette différence révèle un fossé entre les genres: dans les professions typiquement masculines, les entreprises exigent des taux d'occupation plus élevés que dans les «professions féminines» classiques.
Le politologue Michael Hermann, directeur de Sotomo, l'explique de la manière suivante: «La répartition persistante des rôles dans les tâches ménagères et éducatives a pour conséquence que le travail à temps partiel est répandu et institutionnalisé dans les professions typiquement féminines». En revanche, cette possibilité reste limitée dans les professions typiquement masculines, poursuit-elle.
C'est également ce que suggèrent les raisons invoquées par les entreprises pour justifier le taux d'occupation minimal requis. Les entreprises qui exigent un taux d'occupation d'au moins 60 ou 80% le justifient en premier lieu par les attentes de la clientèle. Celle-ci souhaite un temps de présence plus élevé. Selon Hermann, cela a «beaucoup à voir avec les représentations sociales».
Lorsque le taux d'occupation est inférieur à 40%, le travail de planification et de coordination augmente pour les entreprises. C'est la principale raison invoquée contre les faibles taux d'occupation. Le surcroît de travail administratif pèse plus lourd dans les petites PME de moins de dix collaborateurs. C'est sans doute l'une des raisons pour lesquelles elles exigent un taux d'occupation minimal de 80%. Dans les moyennes et grandes PME, un taux d'occupation de 60% est également considéré comme acceptable.
Un débat de société s'est engagé non seulement sur le travail à temps partiel, mais aussi sur la semaine de quatre jours. Selon l'étude, la part des PME favorables à l'introduction d'une semaine générale de quatre jours est passée de 39 à 31%.
Selon les auteurs de l'étude, ce sujet tendance pourrait être lié à sa couverture médiatique. La semaine de quatre jours a été vantée comme un moyen idéal d'améliorer l'équilibre entre vie privée et vie professionnelle et de lutter ainsi contre la pénurie de main-d'œuvre qualifiée.
Cette présentation très positive aurait apparemment attisé le scepticisme parmi les entreprises. Près de la moitié des PME sont plutôt opposées à la semaine de quatre jours. La part des PME fortement opposées à la semaine de quatre jours a toutefois légèrement diminué.
En outre, ce qui complique toute la discussion, selon l'étude, c'est qu'il n'y a que peu de clarté sur ce que signifierait exactement l'introduction d'une semaine de quatre jours. Seule une minorité des personnes interrogées, à savoir 39%, entend par là une réduction du temps de travail avec le même salaire. Puis, 32% des personnes interrogées partent plutôt du principe que le même nombre d'heures serait effectué dans une semaine de quatre jours, simplement réparti sur quatre jours au lieu de cinq. Finalement, 30% des sondés pensent que le nombre d'heures travaillées sera certes réduit, mais que le salaire diminuera en même temps.
(Traduit et adapté par Pauline Langel)