Renoncer au café ou boire moins de tasses par jour est difficile une fois que l'on s'y est habitué. «Les scientifiques continuent de se disputer pour savoir si le café est une substance addictive ou non», souligne Florian Eyer de l'université technique de Munich. Les expériences menées sur des animaux n'ont pas fourni de preuves évidentes que le café agit sur les centres nerveux du cerveau, au moyen, en l'occurrence, de la dopamine, comme c'est souvent le cas pour les addictions.
D'un autre côté, la consommation de café présente déjà des caractéristiques typiques d'une dépendance:
Une étude de l'Université d'Iéna, toujours en Allemagne, montre que les gros consommateurs de café ont un comportement tout à fait typique de personnes addictives. Les chercheurs ont présenté à 24 «heavy coffee consumers» (des consommateurs de plus de 3 tasses par jour) et à 36 «low coffee consumers» (des consommateurs de 3 tasses par jour maximum) des images de boissons, de café et de jus d'orange. Lors de la première série de tests, ils devaient appuyer sur un bouton devant eux si la boisson montrée répondait au critère «J'aime». Lors de la deuxième série de tests, ils devaient appuyer sur le bouton si la boisson correspondait à la catégorie «Je veux».
Résultat: face au café, les grands buveurs ont réagi nettement plus vite que les buveurs modérés dans le cadre du test «Je veux». «Avec la réponse "j'aime", les deux groupes ont mis le même temps», souligne le responsable de l'étude, Nicolas Koranyi. Les «heavy users» ont donc ressenti un désir plus fort, bien qu'ils n'aient pas plus aimé la boisson de leur désir que les «low users». Et le fait de «vouloir» davantage, sans pour autant que le «plaisir» augmente, est considéré comme un critère typique de l'addiction.
Reste à savoir ce qui rend le café si désirable qu'il en devient un objet d'addiction potentiel. La première chose à mentionner est la caféine. Florian Eyer explique:
Mais le café fait également intervenir d'autres substances comme les terpènes, les polyphénols et les substances amères, qui assurent une interaction complexe d'effets dans le cerveau. Au final, cela peut même fonctionner sans caféine. «C'est un peu comme le réflexe de Pavlov», assure Florian Eyer.
Pour faciliter le sevrage du café, il est recommandé de ne pas réduire brusquement le dosage à zéro, mais de le faire successivement, en buvant une tasse de moins chaque semaine environ. Comme «drogue de substitution», on pourrait envisager le thé, car il fait monter et descendre plus lentement la courbe de la caféine dans le corps, ce qui peut faciliter le sevrage.
Ce qu'il ne faut toutefois pas faire: remplacer le café par des boissons contenant de la caféine comme le coca et les boissons énergétiques. Florian Eyer souligne:
En effet, d'une part, ces mélanges masquent le goût amer de la caféine par leur forte teneur en sucre, mais d'autre part, le sucre ne fait que renforcer l'effet stimulant de la caféine: «Ces deux éléments peuvent devenir encore plus addictifs que le café. En outre, de nombreuses boissons énergisantes produisent nettement plus de caféine que le café».
Traduit de l’allemand par Lara Lack