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Le patron de Swatch fait pression sur le futur chef de la BNS

Le patron du Swatch Group, Nick Hayek (à gauche) et Martin Schlegel qui prendra la tête de la direction de la Banque nationale le 1er octobre.
Le patron du Swatch Group, Nick Hayek (à gauche) et Martin Schlegel qui prendra la tête de la direction de la Banque nationale le 1er octobre.

Le patron de Swatch fait pression sur le futur chef de la BNS

Le secteur de l'exportation souffre d'une diminution de la demande et appelle à des mesures pour atténuer le taux de change du franc. Le prochain président de la Direction générale de la Banque nationale suisse, Martin Schlegel, n'aura pas de période de grâce.
18.09.2024, 12:01
Daniel Zulauf / ch media
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94 centimes pour 1 euro, 84 centimes pour 1 dollar: le franc est trop cher, déplore la Convention patronale de l'industrie horlogère suisse, à l'unisson avec la Fédération de l'industrie horlogère, dans un communiqué de presse. Le secteur demande «des mesures des autorités pour renforcer la compétitivité et préserver la stabilité économique de l'industrie d'exportation suisse».

Le principal destinataire de cet appel à l'aide est la Banque nationale. On s'attend à ce qu'elle abaisse à nouveau son taux directeur jeudi prochain. La plupart des économistes prévoient une réduction de 0,25% pour atteindre seulement 1%. Les baisses de taux directeurs sont en principe capables d'affaiblir le franc, mais seulement si elles sont plus importantes que celles effectuées à l'étranger. La Banque centrale européenne a réduit son taux directeur de 0,25% la semaine dernière, le portant encore à 3,5%. Ainsi, une réduction d'un quart de point par la Banque nationale risque de ne pas suffire à affaiblir le franc.

C'est pourtant bel et bien ce que réclame l'industrie horlogère. Elle écrit: avec une inflation nettement inférieure à 2%, la Banque nationale a la marge de manœuvre nécessaire «pour intervenir sur le marché des changes à long terme et en coordination avec d'autres mesures de régulation de l'inflation».

Ce n'est pas un hasard si l'appel à un retour à une politique d'intervention à long terme sur le marché des devises intervient à ce moment précis. Le 1er octobre, Martin Schlegel prendra la présidence de la Direction générale de la Banque nationale. Son prédécesseur, Thomas Jordan, restera dans l'histoire de l'institut pour avoir aboli le cours plancher de l'euro en janvier 2015. Cette mesure avait provoqué colère et panique dans de larges cercles de l'économie d'exportation suisse. Le patron de Swatch, Nick Hayek, avait qualifié de «tsunami» la brusque appréciation de 20% de la valeur suisse par rapport à l'euro.

En mars de cette année, Thomas Jordan a reçu des éloges de sa ville natale de Bienne, où se trouve également le siège du groupe Swatch. La BNS était la première banque centrale d'un pays industrialisé à décider d'une baisse du taux directeur dans le cycle actuel. Quelques heures plus tard, lors de la conférence de presse de bilan, Hayek parlait d'une «bonne surprise».

Les Hayek et la Banque nationale sont liés par une relation d'amour-haine que le père de Nick avait déjà abondamment cultivée. Son principal adversaire était Markus Lusser, président de la Banque nationale entre 1988 et 1996. Lusser a écrit un livre sur cette période et y a exposé clairement son point de vue de gardien du franc:

«Si la Banque nationale voulait — comme on le demande ici et là — faire baisser le cours du franc, elle devrait mener une politique monétaire plus expansive. Celle-ci se traduirait inévitablement par une hausse de l'inflation. La position concurrentielle de l'économie d'exportation suisse n'en serait certainement pas améliorée».

Il reste à voir dans quelle mesure Martin Schlegel veut et peut suivre les principes et les stratégies de ses prédécesseurs. En ce qui concerne les exigences de la branche horlogère, il est confronté à la pression d'un groupe d'intérêts puissant avant même d'avoir pris ses fonctions.

Tous les chefs de banque centrale ne sont pas égaux face à la pression des groupes d'intérêts. Markus Lusser a dû vivre jusqu'à la fin de sa vie avec le titre peu flatteur de «tueur d'emplois de la nation». Quant à Jordan, on pourra peut-être lire un jour dans ses mémoires à quel point il avait été difficile, sur le plan émotionnel, d'exposer en janvier 2015 l'industrie suisse et l'ensemble du tourisme à une épreuve parfois existentielle.

On est encore loin de parler de crise existentielle dans l'industrie horlogère. Après une année record en 2023, au cours de laquelle la branche a pu exporter des montres d'une valeur de 26,7 milliards de francs, la tendance est certes à la baisse depuis le début de l'année, mais une crise n'a rien à voir avec un recul de 2,4%.

Toutefois, le recul des montres de bas et moyen de gamme est beaucoup plus rapide, même s'il dure depuis un certain temps déjà. Cette érosion peut prendre des proportions existentielles pour certains des quelque 700 sous-traitants. Mais le fait que la crise ne soit pas arrivée du jour au lendemain indique que les problèmes sont moins liés au franc et plus au positionnement des marques concernées. Sur ce sujet-là, Martin Schlegel ne pourra pas faire grand-chose.

Traduit et adapté par Noëline Flippe

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