Les taux d'intérêt ont encore augmenté cette semaine. Aux Etats-Unis, la Fed a encore légèrement augmenté ses taux directeurs mercredi, les portant à 5,25%. La Banque centrale européenne devrait faire de même. Son taux de dépôt est actuellement de 3%.
Tout dépend de l'inflation. Pour la Suisse, les experts ne s'attendent plus qu'à une dernière hausse modérée du taux directeur. L'UBS table sur une «probable dernière» mini-hausse de 0,25 point de pourcentage en juin. Ensuite, la situation devrait s'apaiser.
Les marchés financiers ont déjà anticipé cette dernière hausse. Si la BNS appuie sur le bouton en juin, les taux d'intérêt à long terme seront peu impactés. Ils resteront à peu près là où ils sont actuellement, mais fluctueront de haut en bas. Pour les emprunts d'Etat à 10 ans, cela se situerait quelque part entre un et 1,5%. Pour les hypothèques fixes à 10 ans, le taux d'intérêt s'est récemment stabilisé autour de 3%.
Les taux d'intérêt restent donc plus élevés qu'avant le changement de taux. Pour les hypothèques fixes à 10 ans, ils sont trois fois plus élevés que fin 2019. Ou bien deux fois plus élevé que la moyenne des années 2016 à 2018, comme le montrent les enquêtes du portail Hypotheke. Si la situation se stabilise, les débiteurs devront supporter des frais d'intérêt nettement plus élevés lorsque leurs hypothèques super avantageuses arriveront à échéance.
Tout dépend de l'inflation. Aux Etats-Unis et dans la zone euro, les banques centrales ne la maîtrisent pas encore. Aux États-Unis, les dernières données n'indiquaient aucune amélioration. Pareil en Europe, les prix ont très peu baissé durant le mois d'avril. Impossible de prédire quand les banques centrales baisseront à nouveau leurs taux directeurs.
La situation est meilleure en Suisse, où Raiffeisen estime qu'il y a des signes clairs d'un ralentissement de l'inflation. En mars, le taux d'inflation a fortement baissé, passant de 3,4 à 2,9%. Et les entreprises sont beaucoup plus nombreuses qu'auparavant à s'attendre à une baisse des prix. Mais ici aussi, la voie est loin d'être libre pour une baisse des taux directeurs. Raiffeisen ne s'y attend pas cette année. Mais au moins, les choses évoluent dans la bonne direction.
La victoire sur l'inflation prend du temps. Mais lorsque ce sera le cas, des tendances à long terme s'imposeront à nouveau et pousseront le niveau des taux d'intérêt vers le bas. Pour Thomas Jordan, président de la Banque nationale suisse (BNS), ces tendances étaient la principale raison des taux d'intérêt bas records en décembre 2019, avant la pandémie.
A l'époque, cela faisait cinq ans que le taux d'intérêt négatif avait été introduit. Thomas Jordan avait voulu savoir pourquoi les taux d'intérêt étaient si bas. La politique monétaire y était pour quelque chose, reconnaît le président de la BNS.
La démographie explique en grande partie les nombreuses économies réalisées – une société plus âgée doit épargner davantage pour la retraite. Le fait que l'on investisse si peu s'explique entre autres par les faibles progrès de la productivité. En d'autres termes, il y a peu de nouvelles technologies qui promettent une forte croissance et des bénéfices élevés.
Et cette tendance démographique n'est pas près de s'estomper. Au contraire. La démographie continue de peser sur les taux d'intérêt jusqu'en 2050. A cette date, deux fois plus de personnes auront plus de 60 ans. Ce n'est qu'après 2050 que cet effet d'intérêt démographique pourrait s'inverser. Les retraités épuisent leur épargne, ce qui fait qu'il y a de nouveau moins et que les taux d'intérêt augmentent.
Le Fonds monétaire international (FMI) a analysé toutes les tendances qui influencent les taux d'intérêt. Sur cette base, il a fait une projection pour le futur:
Mais avant d'en arriver là, il pourrait y avoir encore bien des perturbations, comme le montre également la récente crise bancaire. Au cours des deux derniers mois, les Etats-Unis ont connu trois des quatre plus grandes faillites bancaires de leur histoire. Dans un discours prononcé à l'été 2022, Thomas Jordan a parlé d'«incertitude inhabituelle». Au total, il a utilisé ce terme onze fois.
Traduit et adapté de l'allemand par Anaïs Rey.