Voilà qui risque de faire grincer des dents et des porte-feuilles en fin de mois: Sunrise a décidé d'augmenter le prix de ses abonnements depuis le 1er juillet. En cause, selon le groupe, l'inflation, qui courait à hauteur de 2,8% en 2022 et de 2,4% en 2023. Pour riposter à la hausse du coût de la vie, l'opérateur dégaine un relèvement de... 4%.
Les offres Prepaid, les paiements par mensualités d’appareils, les options et les frais de connexion ne seront pas concernés par cette hausse de prix.
La nouvelle tarification s'exercera depuis le 1er juillet, pour les nouveaux clients comme pour les anciens. Ainsi, même si vous êtes au bénéfice d'un contrat en cours, vous ne couperez pas à une majoration de votre factuelle mensuelle, explique à watson Rolf Ziebold, porte-parole à Sunrise. Et si l'on rechigne?
Cependant, ne vous réjouissez pas trop vite; cette rupture de contrat ne sera possible qu'après examen du cas. L'opérateur a-t-il déjà enregistré des plaintes, quelques heures après l'annonce? «Très peu, pour l'instant», rassure le communicant.
Réagissant à l'annonce, la Fédération romande des consommateurs ne mâche pas ses mots. Si, selon elle, une hausse des tarifs sur les nouveaux contrats est légale, une modification des contrats en cours ne va, en revanche, pas de soi. Comme l'explique Malika Pessard, juriste à la FRC:
Comme le décrypte la juriste, le prix constitue un «élément essentiel» d'un contrat, sur lequel les deux parties doivent pouvoir se déterminer de façon transparente. Il n'est donc pas possible de le modifier de façon unilatérale, comme le prévoit l'entreprise de télécommunication. «Sunrise n'a pas joué franc-jeu», opine encore la juriste, en pointant du doigt la modification récente des conditions générales de l'entreprise permettant cette pratique.
Pour la FRC, la résiliation anticipée des clients insatisfaits ne constitue en rien un billet de sortie acceptable. Selon ses mots, Sunrise se déresponsabilise en remettant tout le poids de sa décision sur le consommateur:
En face, Sunrise riposte et affirme ne pas déroger aux règles:
L'entreprise de télécommunication se dit au pied du mur en raison de la hausse des coûts de l’énergie, de la main-d’œuvre et des coûts d’exploitation, lesquels justifieraient pleinement «l'augmentation du prix de ses produits et services.»
Un argument qui a de la peine à passer du côté de la fédération. «C'est tout de même incroyable, réagit Malika Pessard. La hausse des prix des abonnements de télécommunication contribuera à aggraver l’inflation, car ils font partie des critères qui servent de base à la détermination de l'indice des prix à la consommation (IPC)*. Or, justement, Sunrise justifie cette hausse par...l'inflation».
Au final, que peuvent faire les éventuels clients mécontents de la nouvelle mouture? La FRC suggère de s'opposer sur le principe à l'application de la clause. Et si rien n'y fait, «libre à la personne de faire marcher la concurrence au terme de son contrat».
La concurrence, d'ailleurs, pourrait bien être une piètre échappatoire, puisque le géant Swisscom a – publiquement – annoncé voici une semaine une modification de ses conditions générales, en insérant une mesure préventive permettant de pallier les conséquences de l'inflation. Dans un courrier envoyé à ses quelques 1,86 million de clients, l'opérateur suisse avait annoncé que les prix des nouveaux abonnements et ceux en cours, chez Swisscom, peuvent désormais s'envoler à tout moment.
Mais pour l'instant, l'ampleur, la cible et le timing de ces mesures possibles ne sont pas encore connus.
Contacté par watson, Swisscom assure «observer le marché» et n'avoir prévu aucune adaptation de ses tarifs, en écho à la décision de Sunrise. «Nos conditions générales ne permettent aucun changement avant le 1er juin», assure le service communication de l'entreprise.
Même son de cloche du côté de Salt, qui révèle cependant avoir aussi inclus dans ses conditions générales de vente en octobre 2022 la possibilité d'augmenter le prix de l'abonnement en cas de modification de l'indice des prix à la consommation (IPC).
Tout comme son concurrent, l'entreprise dit «évaluer la situation» et affirme n'avoir pris encore aucune décision...pour l'instant.
*IPC: Indice suisse des prix à la consommation