C'est le deuxième plus grand promoteur immobilier de Chine et il souffre d'une dette de plus de 280 milliards de francs. Lundi, le groupe Evergrande a de nouveau mis en garde contre un défaut de paiement imminent. «Evergrande figure à nouveau parmi les priorités des spécialistes du marché boursier», a déclaré le gestionnaire de portefeuille Thomas Altmann. Selon lui, les investisseurs s'inquiètent d'une faillite qui déstabiliserait l'ensemble du marché financier chinois.
Evergrande a en effet admis qu'il pourrait ne pas être en mesure de lever des fonds suffisants pour respecter tous ses engagements financiers. Après avoir laissé expirer une prolongation de 30 jours, 82,5 millions de dollars étaient normalement dus ce lundi. Un remboursement de près de 240 millions de francs avait initialement été ordonné par les investisseurs, avant d'être revu, compte tenu du fait qu'Evergrande ne pouvait garantir le paiement de la totalité du montant. En conséquence, le gouvernement provincial du Guangdong a convoqué le président d'Evergrande, Hui Ka Yan, et a déclaré qu'il enverrait une délégation à l'entreprise pour examiner la gestion des risques.
La banque centrale s'est sentie obligée de rassurer les investisseurs. Selon elle, les problèmes d'Evergrande sont individuels et n'affecteront pas l'industrie. Le risque d'infection est «contrôlable», a-t-elle assuré.
Les analystes ont, par ailleurs, estimé que les efforts concertés des autorités étaient un signal qu'Evergrande était «déjà entré dans un processus de restructuration de la dette». Les autorités se sont ainsi assurées que les projets actuels d'Evergrande seraient achevés et que le financement continuerait d'être disponible pour la construction, ont affirmé les experts de la banque américaine Morgan Stanley.
Pour le gestionnaire de portefeuille Altmann, Pékin n'a aucun intérêt à tirer d'une faillite désordonnée. Un avis que ne partagent pas de nombreuses agences de notation, qui ont estimé que le risque de défaut sur les obligations était beaucoup trop élevé. Parmi elles, S&P et Fitch ont, par exemple, considérablement abaissé leurs notes de crédit pour Evergrande.
De plus, Evergrande a dépassé les délais de paiement des intérêts de prêt à plusieurs reprises au cours des dernières semaines. La situation a de fortes chances de se reproduire, comme l'observe l'analyste de marché Jochen Stanzl du courtier en ligne CMC Markets: «Ces dernières décennies, même si le gouvernement de Pékin a toujours étonnamment bien réussi à gérer l'éclatement des bulles spéculatives sur le marché immobilier et à maintenir leurs conséquences sans qu'il n'y ait d'effets de contagion pour l'économie mondiale, il n'est pas dit qu'il y parviendra cette fois aussi.» (mndl/ats)