C'était l'époque de gloire de Barack Obama, où «Yes, we can» est devenu la devise d'une génération. La filiale industrielle de Migros, Mibelle, a profité de cet engouement. En novembre 2009, le magazine de mode américain Vogue a publié un article sur une variété de pomme suisse presque disparue, l'Uttwiler Spätlauber. Ses cellules souches sont censées ralentir le vieillissement de la peau. Mibelle avait développé une substance active à partir de ces cellules. Et selon Vogue, la première dame américaine Michelle Obama utilisait une crème coûteuse contenant la substance de Mibelle.
20 minuten a alors repris l'histoire de la pomme et en a fait sa Une. «Ce jour-là, nous étions en rupture de stock», avait déclaré le directeur de Mibelle de l'époque. En effet, Migros vendait sa propre crème, nettement moins chère, contenant la substance active. Ce fut un jour de jubilation pour la filiale de Migros. Le chiffre d'affaires a explosé.
Mais les employés de Mibelle doivent à présent se serrer la ceinture. Début février, le patron de Migros Mario Irminger a annoncé sa nouvelle stratégie pour le géant orange – et Mibelle, qui, selon ses propres dires, fait partie des plus grands producteurs de marques d'Europe, n'y a plus sa place. Elle doit être vendue. Ce sont 1600 employés qui sont concernés.
Or, le processus de vente s'avère compliqué. C'est du moins ce qu'écrit le journal allemand Lebensmittelzeitung. Migros envisage apparemment de vendre séparément les différentes unités commerciales de Mibelle. La vente de l'ensemble du groupe ne suscite guère d'intérêt:
Selon les informations du journal, Migros distribue déjà des brochures de vente sur les différents secteurs «Label privé soins corporels et ménagers», «Biochimie», «Magasin de marque» et «Magasin alimentaire».
Le géant orange n'a pas démenti ces informations. Il a simplement souligné que le processus de vente minutieux «prendrait encore un peu de temps». Et d'ajouter: «Si possible, l'ensemble du groupe doit être transmis à un nouveau propriétaire». Celui-ci devrait continuer à produire des marques pour Migros après la vente.
Interrogé par CH Media, le porte-parole de Migros Marcel Schlatter dément en revanche l'information selon laquelle des brochures sur les différentes unités commerciales auraient été distribuées. Il ne sait pas d'où vient cette information. Les processus de vente, donc aussi ceux des autres magasins en vente comme Melectronics ou Bike World, se déroulent selon lui comme prévu et avec prudence.
Fondée en 1961, Mibelle est présente dans les rayons Migros avec, entre autres, les shampooings, crèmes pour le visage et gels douche «I am», les produits de liquide vaisselle Handy et les lessives Total. La marque de dentifrice la plus vendue en Suisse, Candida, appartient également à cette maison.
Plus des deux tiers du chiffre d'affaires de Mibelle – 661 millions de francs, au total, en 2023 – sont, toutefois, réalisés à l'étranger. L'augmentation de la part de l'étranger a été, pendant des années, l'objectif de Migros. Mais c'est précisément ce que le chef de Migros Industrie, Matthias Wunderlin, a avancé en février pour justifier son intention de vendre: l'entreprise est désormais présente sur neuf sites, dans cinq pays.
Il y a de moins en moins de lien avec l'activité principale de Migros en Suisse, comme l'a expliqué Matthias Wunderlin. «En Corée du Sud, nous sommes aujourd'hui le plus grand vendeur de crèmes pour le visage.» Mais il est devenu difficile de maîtriser la croissance en Asie depuis Zurich. «Nous sommes souvent un frein.» On considère donc que les chances de développement seront plus grandes avec un nouveau propriétaire.
Récemment, le patron de Migros Mario Irminger a étayé cette argumentation dans un entretien a CH Media. Selon lui, le modèle de Mibelle à l'étranger ne fonctionne plus. «L'industrie suisse doit miser sur des produits à forte valeur ajoutée; or nous produisons aujourd'hui de nombreux articles, gels douche ou crèmes pour les mains, avec une faible valeur ajoutée.» Certaines crèmes Mibelle sont vendues à 55 centimes d'euros.
Selon le Lebensmittelzeitung, la chaîne de pharmacies allemande DM est le plus gros client externe de Mibelle. D'après les estimations de la branche, elle est responsable d'environ la moitié du chiffre d'affaires de Mibelle.
Traduit et adapté par Tanja Maeder