Le prix des denrées alimentaires a récemment augmenté de manière significative en Suisse. Et cela devrait se poursuivre dans les prochains mois. Une enquête du Centre de recherches conjoncturelles de l'EPF de Zurich (KOF) montre que plus de la moitié (56%) des entreprises du commerce alimentaire veulent augmenter leurs prix.
Cette tendance s'inscrit dans la continuité de celle de janvier: les produits alimentaires deviennent plus chers. Les économistes de Raiffeisen commentent cette évolution en expliquant que le commerce a profité du changement d'année pour procéder à des adaptations de prix. Les produits de boulangerie coûtent plus cher, tout comme les œufs ou les pâtes. On assiste à des flambées historiques.
En moyenne, les produits alimentaires coûtent actuellement 5,6% de plus qu'il y a un an. La hausse annuelle n'a été plus forte qu'une seule fois au cours des quatre dernières décennies: en 1990, lorsque l'économie était en plein boom. Elle a été suivie d'une récession qui a duré trois ans.
L'une des plus fortes augmentations a été enregistrée pour le pain, à savoir 10,9%. Un tel bond des tarifs constitue un record historique: l'indice national du pain n'avait encore jamais atteint un tel niveau. Pour les pâtisseries et les croissants, les prix ont même grimpé de 12%. Un autre record.
Pour les pâtes alimentaires, on a enregistré en janvier une hausse d'environ 10% par rapport à l'année précédente. On trouve également des fluctuations extrêmes dans les prix des œufs. En décembre, on a assisté à un bond de 14% — une autre valeur jamais vue auparavant.
La banque Raiffeisen explique que les prix plus élevés sont principalement dus au transfert de charges opéré par le commerce de détail alimentaire. Ainsi, le détaillant répercute la hausse des coûts sur le consommateur final en augmentant le prix de vente. Cela concerne les grandes enseignes telles que Migros, Coop, Aldi ou Lidl, ainsi que les petites et grandes boulangeries et boucheries.
Certaines choses sont devenues plus chères pour les commerçants. Le personnel, par exemple, coûte plus cher, car le manque de collaborateurs oblige à payer des salaires plus élevés. Ensuite, les prix des matières premières ont augmenté. C'est surtout l'énergie, nécessaire à la production et au transport, qui est devenue plus chère. L'électricité, l'essence ou le gaz ont pris l'ascenseur.
La part des entreprises qui souhaitent augmenter les prix dans le commerce alimentaire est également élevée. Le Centre de recherches conjoncturelles (KOF) interroge les entreprises depuis 2009 sur leurs projets.
Avec le ralentissement de la pandémie, les prix ont grimpé en flèche. Au plus fort de la crise, deux tiers des entreprises ont exprimé leur intention d'augmenter considérablement les prix, un chiffre sans précédent. Ce pic a été atteint en avril 2022, suivi d'une certaine détente. Cependant, cela n'a pas duré.
Il s'en est suivi un nouveau renversement de tendance, probablement causé par l'attaque russe contre l'Ukraine. La guerre a fait grimper les prix des matières premières. Aussitôt, de plus en plus d'entreprises ont voulu répercuter leurs coûts sur la clientèle. Aujourd'hui, ce sont bien plus de la moitié de ces prix qui ont augmenté.
Mais les perspectives ne sont pas que sombres, comme l'écrit l'économiste de la Raiffeisen Alexander Koch. Les choses se présentent mieux si l'on regarde les prix à la consommation dans leur ensemble.
Plusieurs éléments plaident en ce sens: les difficultés d'approvisionnement se sont atténuées, les prix de l'énergie ont baissé, les salaires ont certes augmenté, mais de manière plutôt modérée.
La Suisse peut se montrer plus optimiste et se distingue ainsi de l'étranger. Aux Etats-Unis, de nouvelles statistiques sont apparues la semaine dernière, selon lesquelles l'inflation est loin d'être vaincue. Dans la zone euro, la banque centrale avertit depuis longtemps que l'inflation ne doit pas être sous-estimée et qu'elle est étonnamment persistante.