Plus de deux ans après la reprise en urgence de Credit Suisse, UBS remplit les exigences en matière de fonds propres pour les banques présentant un risque systémique. Le géant zurichois demeure cependant vulnérable à d'éventuelles dépréciations sur ses participations, avertit jeudi la Banque nationale suisse (BNS).
Le potentiel de pertes de la grande banque demeure «substantiel» d'après les différents scénarios de crise échafaudés par la BNS, met en garde celle-ci dans son rapport annuel de stabilité financière.
Dans le cadre réglementaire actuel, les ratios de fonds propres de la maison mère UBS surévaluent la résilience réelle de cette dernière. Il s'agit d'une lacune, affirme l'institut d'émission, qu'il est «important de combler» en mettant en oeuvre les mesures supplémentaires présentées début juin par le Conseil fédéral.
Le gouvernement souhaite notamment relever les exigences en matière de fonds propres pour les filiales à l'étranger. A en croire la BNS, qui soutient ces mesures, il s'agit de la «meilleure solution» pour garantir une «capitalisation robuste» de la maison mère.
UBS avait jusqu'à 2030 pour remplir les exigences en matières de fonds propres dans le cadre réglementaire actuel. Dans le rapport, la Banque nationale suisse note que la rentabilité d'UBS a augmenté en 2024, malgré des coûts supplémentaires liés à l'intégration de Credit Suisse et en excluant l'impact comptable de cette reprise.
S'agissant des autres banques systémiques - soit Raiffeisen, PostFinance et la Banque cantonale de Zurich - leur rentabilité s'est étiolée dans un contexte de baisse des taux d'intérêts. Néanmoins, les ratios de fonds propres de ces trois établissements demeurent largement supérieurs aux exigences. Chez PostFinance, le ratio d'endettement (levier) ne dépasse plus que légèrement le niveau réglementaire, remarque l'institut d'émission.
Les banques axées sur le marché intérieur sont également affectées par l'assouplissement monétaire décidé par la BNS. «Cependant, la plupart de ces établissements seraient en mesure d'absorber les pertes importantes (...) sans prendre de mesures particulières», précise le rapport de stabilité financière. Le volant anticyclique de fonds propres, un mécanisme réglementaire prudentiel, contribue fortement à cette situation.
En règle générale, le secteur bancaire suisse a amélioré sa rentabilité, grâce à UBS. La BNS décrit cependant une dégradation du contexte économique et financier dans lequel s'inscrit le secteur financier helvétique, causée par les tensions commerciales liées aux Etats-Unis et les incertitudes en découlant.
L'impact reste limité sur le marché suisse du crédit, dont les volumes ont continué à progresser grâce à la baisse des taux d'intérêt et malgré un tour de vis réglementaire, soit le dispositif dit de «Bâle III» entré en vigueur au début de l'année. (jzs/ats)