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Israël-Palestine: La guerre a un impact sur le cours du pétrole

231017 -- JERUSALEM, Oct. 17, 2023 -- This photo taken on Oct. 16, 2023 shows Israeli soldiers and military vehicles at a camp near the Israeli-Lebanese border in northern Israel. The Israeli-Lebanese ...
Un char Israélien près de la bande de Gaza, le 16 octobre 2023.Image: www.imago-images.de

Pourquoi le conflit en Israël a un impact sur le cours du pétrole

Le prix de l'or noir est en hausse depuis le début du conflit en Israël. Pourtant, ce pays n'en produit quasiment pas. Explications.
22.10.2023, 11:5222.10.2023, 12:06
Eszter Wirth / the conversation
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Un article de The Conversation
The Conversation

Le conflit entre Israël et le Hamas n'est pas resté sans conséquence sur le marché du pétrole. Lundi dernier, le baril de Brent a augmenté de 4,2% pour atteindre 88,15 dollars et celui de West Texas Intermediate (WTI) de 4,3% pour atteindre 86,38 dollars. En milieu de semaine, il naviguait au-dessus des 90 dollars.

Cette évolution peut surprendre dans la mesure où aucun des deux territoires directement concernés n'est un producteur important d'hydrocarbures et que, contrairement au schéma observé en 1973 au moment du premier choc pétrolier, les attentats sont restés pratiquement sans impact sur l'offre mondiale de pétrole. A l'époque, les pays pétroliers avaient décidé de réduire leur production pour sanctionner les alliés d'Israël, pris dans la guerre du Kippour l'opposant notamment à l'Egypte de Sadate et à la Syrie d'Assad.

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Ces derniers jours, le plus grand gisement offshore d'Israël, Leviathan, n'a pas cessé de produire, bien que la production ait été interrompue dans le gisement de gaz de Tamar.

De quoi les cours ont peur?

Les mouvements haussiers des premiers jours semblent plutôt dus au fait que les investisseurs ont été poussés par la peur. Ils craignent que le conflit militaire ne s'étende à la géopolitique d'autres Etats du Moyen-Orient et évaluent le risque géopolitique. Plusieurs pays producteurs de pétrole ont, en effet, apporté leur soutien au Hamas.

L'Iran, notamment, reconnaît avoir offert des armes et un entraînement à l'organisation paramilitaire palestinienne dans le passé, mais nie toute implication dans les derniers événements. Par ailleurs, l'organisation militaire libanaise Hezbollah s'est déjà jointe aux attaques dans le nord de l'Etat hébreu.

Les Etats-Unis imposeront-ils, par ailleurs, de nouvelles sanctions économiques à l'Iran, d'où est né le Second choc pétrolier en 1979, si le régime des ayatollahs continue à soutenir le Hamas? Ils pourraient notamment durcir les sanctions sur le pétrole brut iranien après une période d'assouplissement voulu par l'Administration Biden pour calmer les marchés pétroliers et contribuer à augmenter l'offre mondiale de pétrole à la suite de l'invasion de l'Ukraine.

Bien qu'il soit le quatrième producteur de pétrole au sein de l'OPEP, l'influence de l'Iran sur le marché international du pétrole demeure néanmoins limitée, précisément en raison des sanctions imposées en 2018 par l'Administration Trump sur ses exportations. Quoiqu'il soit également possible que le conflit israélo-palestinien déborde sur le détroit d'Ormuz, une étroite bande de mer au sud de l'Iran et au nord d'Oman, par laquelle transite quotidiennement 37% du transport maritime de pétrole dans le monde. Une intervention iranienne dans les attaques pourrait perturber le trafic maritime dans cette région, ce qui augmenterait considérablement les prix du pétrole. Et, dans le pire des cas, même l'Arabie saoudite pourrait s'impliquer – en soutenant le Hamas – malgré ses efforts pour normaliser ses relations avec Israël.

Une baisse de la production volontaire

Ce qui peut inquiéter également, c'est que ce choc intervient après l'accord de septembre au sein de l'OPEP+ pour réduire la production de pétrole jusqu'à la fin de 2023, une décision portée par la Russie et l'Arabie saoudite. Le 2 avril, ils avaient déjà annoncé une baisse volontaire de plus d'un million de barils par jour de mai à septembre de cette année.

La raison de ces réductions est que les pays producteurs ont besoin de prix élevés pour couvrir les pertes causées par le Covid-19 et pour équilibrer leurs comptes fiscaux et étrangers. Ils n'ont pas hésité à afficher leur puissance internationale en agissant comme un cartel.

Une forte demande

Par ailleurs, la crise immobilière et le ralentissement de la consommation privée chinoise à la suite de l'abandon de la politique du zéro Covid n'ont pas contribué à la diminution de la demande de pétrole brut sur le marché mondial, son industrie restant demandeuse d'énergie.

Aux Etats-Unis, l'économie aussi reste demandeuse, en croissance malgré les hausses successives des taux d'intérêt. Même le Japon et la zone euro parviendront à croître légèrement en 2023 et à éviter la récession, selon les prévisions récemment publiées par le FMI.

Le fait est que le conflit entre Israël et le Hamas reste encore localisé et qu'il est encore loin de devenir une bataille régionale. Après une hausse les premiers jours, les marchés se sont calmés et le prix du pétrole brut Brent a baissé dès le mardi à 87,15 dollars le baril et le WTI à 85,33 dollars le baril. Les prix ont ensuite réaugmenté face à de nouvelles incertitudes quant aux évolutions du conflit.

La résistance de la demande mondiale de pétrole et les réductions stratégiques de l'OPEP+ semblent déterminer l'évolution des prix du pétrole pour le reste de l'année. A condition que le conflit israélo-palestinien ne s'étende pas à l'Iran et à l'Arabie saoudite.

Cet article a été publié initialement sur The Conversation. Watson a changé le titre et les sous-titres. Cliquez ici pour lire l'article original

Gaza après les bombes
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