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Israël-Palestine: comment les pays arabes se positionnent

Comment les pays arabes se positionnent (pour l'instant) sur Israël-Palestine

Members of Ezzedine al-Qassam Brigades, the military wing of the Palestinian Hamas movement display weapons which the group used it during the conflict with Israel on 2014 during an exhibition, east o ...
Des membres des Brigades Ezzedine al-Qassam, l'aile militaire du mouvement palestinien Hamas, en 2014.Image: www.imago-images.de
La brutale attaque terroriste du Hamas a bouleversé l'équilibre diplomatique au Proche-Orient et les Etats arabes se voient forcés de prendre position. Le groupe islamiste est loin de bénéficier de leur sympathie. Tour d'horizon.
18.10.2023, 16:4718.10.2023, 19:15
Thomas Seibert, Istanbul / ch media
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Le 7 octobre, le Hamas, organisation politico-militaire ayant la main sur la Bande de Gaza, menait des attaques surprises sur le territoire Israélien. Bien vite, on apprend que le groupe a commis des massacres de grande envergure sur des civils innocents. Les pays environnants ne tardent pas à se positionner sur la question.

La carte de la région

Le conflit israélo-palestinien.
Image: watson

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Qatar

Le petit émirat du golfe Persique est le premier à réagir. Il s'est établi en quelques jours comme un point charnière entre les soutiens internationaux et les ennemis d'Israël. Son émir, Tamim ben Hamad Al Thani, n'a pas hésité à faire le chemin jusqu'en Europe.

La semaine dernière, il rendait visite à Berlin au chancelier allemand Olaf Scholz, qui a salué le «rôle de médiateur» du Qatar. Le lendemain, c'était le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken qui se rendait au Qatar pour des discussions. A peine 24 heures plus tard, l'Emirat mettait sur place une rencontre entre le chef du Hamas Ismaël Haniyeh et le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir Abdollahian à Doha.

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Le Qatar veut utiliser ses contacts avec les parties ennemies au Proche-Orient pour organiser un échange de prisonniers entre Israël et le Hamas. Pour ce faire, les Qataris ont l'avantage d'être en relation étroite depuis des années avec les Frères musulmans, le groupe islamiste dont est issu le Hamas. Mais leurs canaux diplomatiques avec Israël sont toutefois aussi ouverts. Parallèlement, le Qatar est un allié important des Etats-Unis et il abrite la plus grande base militaire américaine au Proche-Orient.

A propos des Etats-Unis 👇

La réaction rapide de la diplomatie qatarie se distingue de manière frappante des hésitations d'autres autocraties arabes. Jusqu'à récemment, l'Arabie saoudite, l'Egypte et les Emirats arabes unis (EAU) s'efforçaient d'établir des relations plus étroites avec Israël et ignoraient la question palestinienne. Et les dynasties du Golfe, qui n'ont aucune sympathie pour le Hamas, considèrent son soutien, l'Iran, comme leur plus grand rival dans la région.

Arabie saoudite

Mais la soudaine sympathie retrouvée de la population arabe pour les Palestiniens oblige désormais à des corrections de trajectoire. L'Arabie saoudite, qui avait encore récemment parlé de grands progrès dans son rapprochement avec Israël, a décidé de suspendre ses discussions avec l'Etat hébreu. Le prince héritier Mohammed ben Salmane s'est au contraire entretenu pour la première fois au téléphone avec le président iranien Ebrahim Raïssi et a déclaré qu'il était préoccupé par la situation humanitaire dans la bande de Gaza.

In this photo provided by Saudi Press Agency, SPA, Saudi Crown Prince Mohammed bin Salman chairs the Arab summit in Jeddah, Saudi Arabia, Friday, May 19, 2023. (Saudi Press Agency via AP)
Mohammed ben Salmane: le prince saoudien s'est récemment rapproché de son ennemi, l'Iran.Keystone

Gerald Feierstein, ancien ambassadeur américain au Yémen, voit dans le comportement des dirigeants saoudiens une tentative d'éviter de prendre parti. Du moins, «jusqu'à ce que la tempête se calme», a-t-il écrit dans une analyse pour l'Institut du Moyen-Orient à Washington (MEI).

Pour le diplomate, l'attaque du Hamas est un horrible scénario pour des Etats comme l'Arabie saoudite, qui espèrent tirer des avantages sécuritaires et économiques de relations étroites avec Israël. Les dirigeants de Riyad considèrent certes qu'Israël est responsable du déclenchement de la guerre, mais ils ne veulent pas couper les ponts avec l'Etat hébreu pour autant.

Bahreïn et les Emirats arabes unis

Les Emirats, quant à eux, ont démontré leur volonté de sauver leurs bonnes relations avec Israël par-delà la guerre. Ils ont conclu un traité de paix avec Israël il y a trois ans et considèrent les Frères musulmans comme groupe terroriste. De fait, ils n'ont pas hésité à pointer du doigt le Hamas comme à l'origine de la violence.

Bahreïn, qui a également conclu la paix avec Israël via les accords d'Abrams en 2020, a tenu des propos similaires.

Jordanie

Pour la Jordanie, qui dispose déjà d'un traité de paix avec Israël depuis 1994, la situation est particulièrement difficile. Sur les onze millions de personnes qui compte le pays, nombre ont des ancêtres palestiniens qui ont fui le territoire plus à l'ouest. De plus, deux millions de réfugiés palestiniens vivent dans le pays. Le roi Abdallah craint que la guerre et de nouveaux mouvements de population ne déstabilisent son pays.

Ces derniers jours, la police jordanienne a mis fin à plusieurs rassemblements pro-palestiniens. Le roi a entamé ce week-end une tournée de plusieurs jours au Royaume-Uni, en Italie, en Allemagne et en France, au cours de laquelle il entend solliciter l'aide européenne pour résoudre la crise.

Egypte

L'Egypte, en tant que voisin direct de la bande de Gaza, craint également une nouvelle vague de réfugiés. Alors qu'Israël a demandé à plus d'un million de civils dans la partie nord de Gaza de quitter le territoire, des réfugiés pourraient bientôt arriver dans la péninsule égyptienne du Sinaï. Pourtant, l'Egypte, qui traverse une crise économique, subvient déjà aux besoins de plus de 300 000 réfugiés soudanais dans le sud du pays, comme l'explique Mirette Mabrouk, spécialiste du Moyen-Orient au MEI.

Comme l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, l'Egypte a rangé le Hamas et les Frères musulmans comme organisations terroristes. Fait d'autant plus fort, ceux-ci sont d'ailleurs nés en Egypte. Cependant, le régime du président Abdel Fattah al-Sissi doit faire attention à l'état d'esprit de sa propre population, au sein de laquelle les Palestiniens jouissent d'une grande sympathie.

En tant que premier pays arabe à avoir conclu la paix avec Israël, en 1979, l'Egypte a joué à plusieurs reprises le rôle de médiateur dans les conflits entre l'Etat juif et les Palestiniens depuis les années 1980. Cette fois encore, les diplomates du Caire étudient les possibilités d'une mission de médiation, mais sans succès jusqu'à présent.

Traduit et adapté par Nicolas Varin

Les manifestations pro-palestiniennes se multiplient
Video: watson
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