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Attaque du Hamas: pourquoi le prix du pétrole augmente

Le pétrole risque d'augmenter à cause du Hamas

Pourquoi le prix du pétrole va augmenter à cause du Hamas.
Le pétrole coûte de plus en plus cher suite à l'attaque terroriste du Hamas.Image: imago/shutterstock/watson
Les pays producteurs arabes ont déjà utilisé le pétrole comme moyen de pression à de nombreuses reprises. Le prix de l'or noir a pris l'ascenseur suite aux attaques du Hamas en Israël. Et cela risque fort d'empirer.
12.10.2023, 05:0012.10.2023, 13:25
Ann-Kathrin Amstutz / ch media
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L'incertitude règne sur les marchés des matières premières. Après l'attaque du Hamas contre Israël, les prix du pétrole ont subi une nette augmentation. Et le prix du baril de pétrole Brent, considéré comme une référence internationale, a augmenté d'environ 4% entre vendredi et lundi.

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S'il est resté relativement stable depuis (autour de 88 dollars), de nombreux experts internationaux s'attendent à ce que le conflit entre Israël et le Hamas, qui a connu une escalade brutale, ait une influence à long terme sur les prix du pétrole. Non pas parce qu'Israël en produirait lui-même beaucoup, mais plutôt parce que les pays environnants sont responsables de plus d'un quart de la production mondiale de pétrole.

Lorsque des tensions ou des conflits éclatent dans la région, les primes de risque sur le marché du pétrole ont tendance à augmenter nettement et rapidement. C'est ce que pensent des spécialistes comme Saul Kavonic, analyste en énergie chez Credit Suisse en Australie.

L'Arabie saoudite, l'Irak et l'Iran font partie des principales nations productrices d'or noir. Elles sont réunies au sein du cartel pétrolier Opep, qui contrôle environ 80% des réserves mondiales de pétrole brut. Il détermine ainsi en grande partie le volume de production – et donc le prix mondial du pétrole.

Si la guerre venait à s'étendre, notamment vers l'Iran, cela aurait de graves conséquences sur le marché mondial du pétrole. En effet, la principale route maritime pour l'exportation de pétrole brut passe entre l'Iran et la péninsule arabique: environ un cinquième du pétrole extrait dans le monde est transporté des pays du Golfe vers le reste du monde par le détroit d'Ormuz. Ce détroit, large de 55 kilomètres, passe au milieu de la zone de conflit.

Si Israël décidait maintenant de lancer des contre-mesures, comme une invasion de la bande de Gaza, cela pourrait entraîner l'Iran et d'autres pays du Golfe persique dans le conflit. Les négociants de pétrole craignent ainsi que l'Iran ne tente alors d'interrompre le trafic des pétroliers dans le détroit d'Ormuz.

image satellite du détroit d'Ormuz
Image satellite du détroit d'Ormuz.Image: wikipédia

L'Iran soutient le Hamas aussi bien politiquement que financièrement. Depuis le week-end dernier, les spéculations vont bon train sur l'implication du régime des mollahs dans l'attaque contre Israël. L'Iran nie toute implication, mais réaffirme son soutien au mouvement terroriste Hamas. L'Arabie saoudite joue également un rôle central, elle qui s'est récemment rapprochée d'Israël: un accord de paix était même en vue. Cet accord n'est désormais plus qu'un mirage lointain.

Même si d'autres Etats de la région, comme l'Egypte, s'efforcent de parvenir à une désescalade diplomatique, les signaux sont au rouge. L'Occident soutient Israël et considère que le Hamas est l'agresseur, alors que les principaux Etats de l'Opep comme l'Arabie saoudite et l'Iran semblent se ranger plus ou moins clairement du côté du Hamas ou des Palestiniens. Cela recèle un grand potentiel explosif – le pétrole pourrait devenir une arme ou du moins un moyen de pression dans la guerre. Il suffit de jeter un coup d'œil dans les livres d'histoire pour en voir le danger.

Le pétrole, un moteur de guerre et une arme

Si l'on regarde les 50 dernières années, les plus fortes fluctuations du prix du pétrole coïncident avec les guerres et les crises au Moyen-Orient.

La première situation de crise a eu lieu en 1973, il y a presque 50 ans, lorsque les forces syriennes et égyptiennes ont envahi Israël le 6 octobre. C'était le jour du Yom Kippour, le plus important jour saint juif. L'attaque-surprise a eu lieu sur deux fronts, sur les hauteurs du Golan et le long du canal de Suez – des territoires qu'Israël avait conquis en 1967 lors de la guerre des Six Jours. Malgré des succès initiaux des armées arabes, Israël a pu stopper leur avancée, notamment grâce à une aide militaire et financière considérable des Etats-Unis.

Ce qui a outré les Etats arabes de l'OPEP. Pour faire pression sur le soutien occidental à Israël, ils avaient décidé de réduire la production de pétrole de 5% et avaient même fini par décréter un boycott du pétrole contre les Etats-Unis et les Pays-Bas. La baisse de la production combinée au boycott des livraisons a donc entraîné une forte hausse des prix. En l'espace de quelques mois, les prix ont quadruplé et des pénuries d'approvisionnement sont apparues.

Des conséquences en Suisse

En Suisse, une interdiction générale de circuler a été décrétée pendant trois dimanches. La crise pétrolière a douloureusement montré à l'Occident sa dépendance vis-à-vis du pétrole arabe. Par la suite, des investissements importants ont été réalisés pour extraire davantage de pétrole dans la mer du Nord et aux Etats-Unis.

Mais le choc pétrolier suivant a eu lieu à peine six ans plus tard, en 1979. Le déclencheur était la révolution islamique en Iran. Au cours des décennies précédentes, le chah de Perse, qui avait gouverné avec le soutien des Etats-Unis, avait fait venir des entreprises étrangères dans le pays afin de relancer l'industrie pétrolière. Mais ces réformes ont coûté cher. Le pays s'est endetté et le peuple est resté très pauvre, tandis que le chah vivait dans le luxe.

Cela a provoqué le soulèvement du peuple contre le chah et a conduit à un renversement en 1979. Le chah a dû fuir le pays, tandis que l'ayatollah Khomeini, un chef religieux, prenait le pouvoir et faisait de l'Iran un Etat islamique. Le changement de régime a entraîné une chute des exportations de pétrole, ce qui a provoqué une nouvelle fois une hausse vertigineuse des prix.

Le détroit d'Ormuz devient un point chaud

En 2011, c'est le printemps arabe, qui a notamment conduit à la chute du dictateur Kadhafi en Libye, qui a de nouveau fait grimper les prix du pétrole. Plusieurs facteurs y ont contribué. On craignait que la production pétrolière libyenne ne s'arrête pour une longue période et que les troubles ne s'étendent à l'Arabie saoudite. Parallèlement, les Etats pétroliers ont tenté de satisfaire la population en révolte en améliorant les prestations sociales. Ils ont dû compenser cette augmentation des dépenses par une hausse du prix du pétrole.

Et puis, en 2012, le conflit autour du programme nucléaire iranien a pris une nouvelle tournure. L'Iran a menacé de bloquer le détroit d'Ormuz, une menace qu'il a réitérée à plusieurs reprises au cours des années suivantes. Cela a provoqué une grande nervosité sur les marchés, ce qui a fait grimper le prix du pétrole.

Le détroit d'Ormuz a de nouveau été au centre de l'attention en 2019, lorsque des navires transportant du pétrole ont été attaqués. Les Etats-Unis ont accusé l'Iran d'avoir mené les attaques, et ces incidents ont amené les pays au bord de la guerre.

Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci

L'attaque du Hamas contre Israël, en images
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L'attaque du Hamas contre Israël, en images
Des habitants de la ville d'Ashkelon, dans le sud d'Israël, évacués par la police.
source: ap / tsafrir abayov
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L'attaque du Hamas contre Israël du 7 octobre
Video: watson
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