Une lutte de pouvoir fait rage entre le Conseil fédéral et le Parlement sur la question suivante: la Confédération doit-elle sauver l'aciérie de Gerlafingen, un fleuron industriel? Et une question encore plus grande: la Suisse a-t-elle besoin d'une politique industrielle?
Le Parlement a actuellement le dessus. Le Conseil national a déjà accepté que le Conseil fédéral doive, dans le pire des cas, sauver les usines métallurgiques par le biais du droit d'urgence. La Commission de l'économie du Conseil des Etats s'est ralliée à cette prise de position la semaine dernière. Il s'agit avant tout d'une menace. Le scénario du droit d'urgence disparaîtra si le Parlement approuve d'autres allègements lors de la session de décembre.
Le plan se présente ainsi: les entreprises de l'industrie de l'acier et de l'aluminium «dont la production annuelle dépasse 20 000 tonnes de métal provenant majoritairement de matériaux recyclés» doivent être soutenues. Il s'agit de:
La Commission de l'énergie et de l'environnement propose un allègement des taxes d'utilisation du réseau, échelonné dans le temps.
Si les trois entreprises profitent de l'allègement, cela coûtera 50 millions de francs au cours des quatre prochaines années.
La situation de départ des trois entreprises est différente. Novelis souffre notamment des dégâts causés par les inondations de l'été. Le Rhône a inondé l'usine d'aluminium de Chippis. Le canton du Valais a donc accordé à l'entreprise une garantie sans intérêt d'un montant de 100 millions de francs. La volonté du Parlement fédéral d'aider Novelis s'explique par des raisons politiques. La Suisse romande ne doit pas rester les mains vides dans le plan de sauvetage.
Swiss Steel et Stahl Gerlafingen souffrent de surcapacités et de prix élevés de l'énergie. L'entreprise lucernoise a annoncé la semaine dernière la suppression de 130 postes. Quant à Stahl Gerlafingen, elle a annoncé mercredi qu'elle renonçait pour l'instant à supprimer 120 postes. Elle considère le plan de sauvetage de la commission de l'énergie comme positif. Le CEO Alain Creteur a déclaré mercredi:
A cette condition, la famille Beltrame, propriétaire italienne, pourrait rester sur le site, selon le communiqué.
Il s'agit d'un signal fort, adressé également au Conseil fédéral. Dans la Schweiz am Wochenende, Guy Parmelin a pris position sur le fait que de nombreuses usines sont également fermées ou des emplois supprimés dans l'UE, malgré les subventions. Il a en outre demandé: «Et si un autre secteur est en crise, est-ce que nous payons aussi?»
Il a surtout ajouté :
En effet, le Conseil fédéral a pris une série de mesures pour soulager les entreprises à forte consommation d'énergie. La différence: alors que les politiciens de l'énergie et de l'environnement du Conseil national veulent soutenir de manière ciblée trois entreprises, le gouvernement s'efforce d'améliorer les conditions-cadres pour toutes les entreprises à forte consommation d'énergie - dont font partie environ 200 entreprises, notamment dans le domaine du verre ou des briqueteries.
Les usines métallurgiques menacées en profiteront bien sûr aussi. Le chiffre qui circule au sein de l'administration fédérale est que Gerlafingen, à lui seul, sera allégé d'environ 4,5 millions de francs par rapport à aujourd'hui. Les économies proviennent des domaines suivants:
Le conseiller national UDC soleurois Christian Imark estime que toutes ces mesures sont certes judicieuses, mais qu'elles ne suffiraient justement pas à résoudre les problèmes à court terme de Stahl Gerlafingen. Selon lui, l'entreprise a déjà pris en compte la baisse du tarif de la réserve d'électricité. Et l'opt-out pourrait être introduit au plus tôt en 2026, si tout se déroule de manière optimale dans le processus parlementaire.
La lutte pour les usines métallurgiques se poursuit. Lors de la session de décembre, le Parlement va mettre les points sur les i.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)