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Stahl Gerlafingen peut se sauver même sans nouvelles mesures

L'aciérie de Gerlafingen est à la peine. Mais de nouvelles mesures du Parlement devraient la soulager.
L'aciérie de Gerlafingen est à la peine. Mais de nouvelles mesures du Parlement devraient la soulager.Image: KEYSTONE

Comment le Parlement compte sauver 3 fleurons industriels suisses

A Berne, les élus se mobilisent. Ils veulent sauver plusieurs entreprises contre la volonté du Conseil fédéral. Les mesures d'allègement prévues pour toutes les entreprises à forte consommation d'énergie du pays permettraient à ces entreprises de passer l'épaule et d'économiser des millions.
22.11.2024, 16:52
Doris Kleck / ch media
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Une lutte de pouvoir fait rage entre le Conseil fédéral et le Parlement sur la question suivante: la Confédération doit-elle sauver l'aciérie de Gerlafingen, un fleuron industriel? Et une question encore plus grande: la Suisse a-t-elle besoin d'une politique industrielle?

De quoi parle-t-on?
Pour rappel, ce mercredi, l'aciériste en difficulté Stahl Gerlafingen a annoncé renoncer «pour l'instant» au licenciement de 120 employés, initialement dévoilé en octobre. Ces gens seront mis au chômage partiel. Le site de Gerlafingen est décrit comme étant la plus grande usine de recyclage d'acier de Suisse, produisant près de la moitié des armatures pour béton du pays. «Des distorsions massives de la concurrence ont lourdement pénalisé les ventes et les marges», avait expliqué Stahl Gerlafingen, rappelant que la famille Beltrame – propriétaire italienne de l'entreprise – a investi 450 millions de francs dans le site. (ats)

Le Parlement a actuellement le dessus. Le Conseil national a déjà accepté que le Conseil fédéral doive, dans le pire des cas, sauver les usines métallurgiques par le biais du droit d'urgence. La Commission de l'économie du Conseil des Etats s'est ralliée à cette prise de position la semaine dernière. Il s'agit avant tout d'une menace. Le scénario du droit d'urgence disparaîtra si le Parlement approuve d'autres allègements lors de la session de décembre.

Trois entreprises concernées

Le plan se présente ainsi: les entreprises de l'industrie de l'acier et de l'aluminium «dont la production annuelle dépasse 20 000 tonnes de métal provenant majoritairement de matériaux recyclés» doivent être soutenues. Il s'agit de:

  • Swiss Steel à Lucerne.
  • De Stahl Gerlafingen à Soleure.
  • De Novelis en Valais.

La Commission de l'énergie et de l'environnement propose un allègement des taxes d'utilisation du réseau, échelonné dans le temps.

  • La première année, les taxes seraient réduites de 50%.
  • La deuxième année de 35%.
  • La troisième année de 25%.
  • La quatrième année de 12,5%.

Si les trois entreprises profitent de l'allègement, cela coûtera 50 millions de francs au cours des quatre prochaines années.

Novelis bénéficie déjà d'une garantie sans intérêt

La situation de départ des trois entreprises est différente. Novelis souffre notamment des dégâts causés par les inondations de l'été. Le Rhône a inondé l'usine d'aluminium de Chippis. Le canton du Valais a donc accordé à l'entreprise une garantie sans intérêt d'un montant de 100 millions de francs. La volonté du Parlement fédéral d'aider Novelis s'explique par des raisons politiques. La Suisse romande ne doit pas rester les mains vides dans le plan de sauvetage.

Swiss Steel et Stahl Gerlafingen souffrent de surcapacités et de prix élevés de l'énergie. L'entreprise lucernoise a annoncé la semaine dernière la suppression de 130 postes. Quant à Stahl Gerlafingen, elle a annoncé mercredi qu'elle renonçait pour l'instant à supprimer 120 postes. Elle considère le plan de sauvetage de la commission de l'énergie comme positif. Le CEO Alain Creteur a déclaré mercredi:

«Si tous les projets politiques devaient trouver une majorité aux Chambres, Stahl Gerlafingen obtiendrait une perspective d'avenir stable»

A cette condition, la famille Beltrame, propriétaire italienne, pourrait rester sur le site, selon le communiqué.

Il s'agit d'un signal fort, adressé également au Conseil fédéral. Dans la Schweiz am Wochenende, Guy Parmelin a pris position sur le fait que de nombreuses usines sont également fermées ou des emplois supprimés dans l'UE, malgré les subventions. Il a en outre demandé: «Et si un autre secteur est en crise, est-ce que nous payons aussi?»

Il a surtout ajouté :

«Ce n'est pas comme si le Conseil fédéral restait les bras croisés»
Guy Parmelin

Ce que fait le Conseil fédéral et ce que cela apporte

En effet, le Conseil fédéral a pris une série de mesures pour soulager les entreprises à forte consommation d'énergie. La différence: alors que les politiciens de l'énergie et de l'environnement du Conseil national veulent soutenir de manière ciblée trois entreprises, le gouvernement s'efforce d'améliorer les conditions-cadres pour toutes les entreprises à forte consommation d'énergie - dont font partie environ 200 entreprises, notamment dans le domaine du verre ou des briqueteries.

Les usines métallurgiques menacées en profiteront bien sûr aussi. Le chiffre qui circule au sein de l'administration fédérale est que Gerlafingen, à lui seul, sera allégé d'environ 4,5 millions de francs par rapport à aujourd'hui. Les économies proviennent des domaines suivants:

  • La majeure partie est due à la baisse du tarif de la réserve d'électricité de 1,2 centime par kilowattheure à 0,23 centime dès le 1er janvier 2025. Officiellement, le département de l'économie ne quantifie pas le chiffre pour Stahl Gerlafingen. Il écrit sommairement que pour les aciéries, cela signifie des économies de plusieurs millions par rapport à 2024.
  • Lors de la session de décembre, le Conseil national se prononcera sur un opt-out concernant la réserve d'électricité. Cela signifie que les gros consommateurs pourraient se faire dispenser de payer le supplément pour la réserve d'électricité. Mais si une situation de pénurie d'électricité se présente alors, ils devraient également être prêts à réduire rapidement leur exploitation.
  • A partir de janvier 2025, le coût du capital calculé pour les investissements dans le réseau électrique (WACC) baissera. Les entreprises d'électricité perçoivent cet intérêt lorsqu'elles investissent dans le réseau de distribution. Tous les consommateurs le paient via les taxes de réseau. En comparaison européenne, la Suisse a l'un des taux d'intérêt calculés les plus élevés. Il va maintenant être abaissé une première fois et la Confédération examine la possibilité d'appliquer une nouvelle méthode de calcul à partir de 2026, ce qui pourrait entraîner de nouvelles réductions.

Le conseiller national UDC soleurois Christian Imark estime que toutes ces mesures sont certes judicieuses, mais qu'elles ne suffiraient justement pas à résoudre les problèmes à court terme de Stahl Gerlafingen. Selon lui, l'entreprise a déjà pris en compte la baisse du tarif de la réserve d'électricité. Et l'opt-out pourrait être introduit au plus tôt en 2026, si tout se déroule de manière optimale dans le processus parlementaire.

La lutte pour les usines métallurgiques se poursuit. Lors de la session de décembre, le Parlement va mettre les points sur les i.

(Traduit et adapté par Chiara Lecca)

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