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UBS voit des perspectives sombres pour l'industrie suisse

Pourquoi UBS voit des perspectives sombres pour l'industrie suisse

A cause de la force du franc et la tendance au protectionnisme, l'industrie manufacturière suisse devrait connaître des difficultés, selon la grande banque suisse.
30.01.2024, 11:2030.01.2024, 12:40
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Face au renchérissement du franc et à la montée du protectionnisme, l'industrie manufacturière suisse est à la peine, particulièrement le secteur des machines, des équipements électriques et de la métallurgie. Des suppressions de postes sont à craindre, mais le repli de l'emploi pourrait être contenu. Alessandro Bee, économiste chez UBS, dans une étude publiée mardi, détaille:

«Les indicateurs conjoncturels ont atteint un niveau qui, par le passé, correspondait à la perte d'au moins 5000 emplois dans le secteur industriel»

La pénurie de personnel qualifié à laquelle l'industrie fait actuellement face devrait cependant limiter la tendance aux suppressions de postes, a nuancé l'économiste Maxime Botteron lors d'une conférence presse.

En décembre 2023, l'indice des directeurs d'achat (PMI) dans l'industrie s'est établi à 43,0 points, comparé aux 42,1 points atteints en novembre. Bien qu'en légère hausse, ce baromètre est resté pour le douzième mois consécutif inférieur au seuil de croissance défini au-dessus de 50 points.

«Confrontées à une faible demande, les entreprises du secteur manufacturier ont continué à réduire leurs achats», alors que les stocks de biens achetés et finis ont reculé. UBS et procure.ch avaient alors anticipé:

«Dans ce contexte, tout redressement rapide de l'activité manufacturière en Suisse semble improbable»

Qu'en est-il de la croissance?

Les perspectives de croissance sont également mitigées. Alors que le produit intérieur brut (PIB) de la Suisse devrait accélérer de 1,2% cette année après 0,7% en 2023, grâce à l'effet positif des événements sportifs internationaux, la tendance s'annonce morose chez les principaux clients internationaux des entreprises helvétiques.

Dans leurs projections économiques, les experts de la banque aux trois clés visent une progression du PIB dans la zone euro – premier débouché des exportateurs suisses – de 0,6% en 2024, après +0,5% l'année dernière. Aux Etats-Unis, un ralentissement est même attendu avec une croissance de 1,1% en 2024, contre +2,4% l'exercice précédent. Et la Chine devrait passer de +5,2% en 2023 à +4,6% sur l'année en cours.

L'accélération des prix, bien que contenue, pose aussi problème.Les économistes d'UBS soulignent:

«Bien que l'inflation soit de retour à un niveau qui contribue à la stabilité des prix, elle reste encore trop élevée pour permettre à la Banque nationale suisse (BNS) d'intervenir avec détermination pour contrer la force du franc.»

Ces derniers tablent ainsi sur un taux d'inflation de 1,6% cette année en Suisse et de 1,3% la suivante, après 2,1% en 2023.

Comment mesurer l'impact des crises internationales?

La crise en mer Rouge, où les rebelles yéménites Houthis ont attaqué plusieurs navires, contraignant certains armateurs à rerouter leurs porte-conteneurs, ne devrait pas dans l'immédiat faire repartir l'inflation. «Il faudrait une escalade du conflit et un impact sur le commerce mondial» pour que les prix remontent, a estimé Botteron.

Dans ce contexte difficile, les branches économiques sont différemment touchées et l'industrie des machines, des équipements électriques et de la métallurgie (MEM) risque d'en faire les frais. UBS insiste:

«Pour les exportations de ces secteurs, les prochains trimestres ne devraient pas amener d'amélioration sensible»

Un secteur devrait s'en sortir pas trop mal

Par contre, les exportations des secteurs chimique et pharmaceutique ne devraient pas trop souffrir et l'appréciation du franc ne devrait pas peser sur la dynamique de croissance.

En matière de politique monétaire, les grandes banques centrales pourraient opérer cette année une baisse synchronisée des taux directeurs. La BNS, elle, devrait effectuer trois rabotages de son taux de 0,25 point de base en juin, septembre et décembre afin de le ramener à 1,0%, contre 1,75% actuellement, fin 2024. (jah/ats)

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