Le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, a demandé publiquement un embargo immédiat sur le pétrole russe. Selon les agences de presse, il affirme que le gouvernement du président Emmanuel Macron a toujours demandé, outre un arrêt des importations de charbon, un arrêt des importations du précieux or noir afin de prendre la Russie à la gorge.
Sans l'attitude hésitante de certains pays, un tel embargo serait déjà en vigueur depuis longtemps, a poursuivi Bruno Le Maire, sans citer les pays visés. Il a simplement lâché:
Le président ukrainien a moins de filtres à cet égard. Dans une interview accordée à la BBC, Volodymyr Zelensky a cité la Hongrie et l'Allemagne et les a accusées de bloquer les efforts visant à instaurer un embargo européen.
Indirectement, Zelensky a accusé les deux pays de ne pas avoir compris que ce n'était plus une question d'affaires et d'argent. «Il s’agit maintenant d'une question de survie». En continuant à acheter du pétrole russe, les pays «gagneraient leur argent avec le sang d'autres».
Si un embargo était effectivement décrété dans l'UE, cela aurait également des conséquences pour la Suisse. Comme l'explique Roland Bilang, directeur de l'association des importateurs de pétrole Avenergy, les prix du pétrole brut augmenteraient encore plus à l'échelle mondiale qu'ils ne le font déjà actuellement. Cela rendrait l'essence et le mazout plus chers en Suisse.
Il n'est, cependant, pas possible d'estimer l'ampleur de la hausse des prix. Selon Avenergy, il y a trop d'impondérables sur le marché mondial du pétrole.
En revanche, l'approvisionnement de la Suisse ne serait pas remis en question par un embargo européen. En effet, la Suisse n'achète pas de pétrole brut directement à la Russie et seule une petite partie provient de Russie via d'autres pays. Le pétrole transformé, que la Suisse achète à son voisin allemand, provient de raffineries situées à l'ouest de l’Allemagne.
Dans tous les cas, la Suisse peut relativement facilement trouver de nouveaux fournisseurs de pétrole. Pour le gaz, c'est plus difficile, car celui-ci doit être livré via des pipelines existants. Pour faire venir du gaz liquide du Qatar, par exemple, l'Europe doit d'abord construire de nouveaux ports spécialisés dans ce domaine.
Avec son attitude hésitante, le gouvernement allemand est de plus en plus sous pression, tant à l'international qu'à l'interne. A Bruxelles, la Commission européenne travaille déjà sur une procédure d'embargo. Sa présidente, Ursula von der Leyen, a déclaré au Bild am Sonntag:
Elle a, en outre, appelé les pays de l'UE à livrer rapidement des armes à l'Ukraine. Sur ce point, l'Allemagne est jusqu'à présent restée réservée.
L'opposition allemande, représentée par Norbert Röttgen, membre de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) en charge des affaires étrangères, demande, depuis longtemps, un arrêt immédiat des importations de pétrole et de gaz. Il justifie sa demande:
Röttgen n’est pas d’accord avec l'argument du chancelier allemand Olaf Scholz selon lequel un embargo plongerait l'Allemagne dans une récession.
Le politicien soutient ses arguments par une citation de Mario Draghi, ancien président de la Banque centrale européenne et aujourd'hui premier ministre italien:
La France a tenu des propos clairs à l'égard des pays hésitants. Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a déclaré à propos d'un embargo:
Il a ajouté que la France souhaitait qu'un embargo soit mis en place.
Traduit de l'allemand par Charlotte Donzallaz