Plusieurs ONG ont appelé jeudi les dirigeants d’entreprises se rendant à Davos la semaine prochaine à éviter d’emprunter des jets privés et à «privilégier le train» en pleine crise climatique.
«Nous saluons le fait que le Forum économique mondial (WEF, NDLR) a renforcé ses efforts de manière significative pour encourager les participants à voyager en train», ont indiqué ces organisations dans un communiqué.
Le WEF, qui se présente comme «climatiquement neutre» depuis 2017 grâce à des compensations carbone, incite les participants à se rendre en train sur les lieux de l’événement, les billets étant gratuits pour les accrédités.
Des ONG, dont Transport & Environment, ECODES et TravelSmart, ont appelé non seulement à se conformer à ces préconisations, mais aussi le WEF à «s’assurer qu’elles sont respectées».
L’aviation privée a vu ses émissions mondiales de CO2 bondir de 46 % entre 2019 et 2023 et sa contribution au réchauffement, encore marginale, va s’aggraver faute de mesures de régulation, selon une étude publiée le 7 novembre dernier dans la revue «Communications earth & environment» affiliée à Nature.
Ces travaux menés par des chercheurs d’universités suédoise, allemande et danoise avaient notamment pointé un recours à des centaines de jets privés pendant de grands rendez-vous sportifs, ainsi qu’à Davos et au sommet climatique COP28 de Dubaï en 2023.
Les chercheurs estiment que l’aviation d’affaires est responsable de «1,7 à 1,8 %», soit 15,6 millions de tonnes de CO2 en 2023, de l’empreinte carbone de l’aviation commerciale. Celle-ci, selon les compagnies aériennes, représente elle-même entre 2,5 et 3 % des émissions mondiales de CO2, qui totalisent 57 milliards de tonnes équivalent CO2 en 2023 selon l’ONU Environnement.
Recourir à des jets privés pour se rendre à Davos discuter des grands dossiers du monde, dont l’urgence climatique, nourrit des accusations d’«hypocrisie» envers les dirigeants, ont souligné les ONG jeudi.
«Tout avion d’affaires voyageant vers Davos envoie le message que les entreprises, avec tous leurs moyens et leurs capacités à montrer l’exemple, manquent d’une véritable volonté de consentir à des changements simples pour aider à rester sous les 1,5 °C de réchauffement», ont-elles plaidé.