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Un vieux problème fera grimper les prix de l'immobilier suisse

Un vieux problème va faire grimper les prix de l'immobilier suisse

La politique douanière chaotique de Donald Trump impacte tous les secteurs de l'économie suisse.
05.06.2025, 05:3005.06.2025, 05:30
Niklaus Vontobel / ch media
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Selon le Washington Post, Donald Trump publie 17 fois par jour sur son réseau Truth Social. Il a posté 2262 messages au cours de ses 132 premiers jours à la tête des Etats-Unis. Pour la banque suisse Raiffeisen, la politique douanière étasunienne est devenue chaotique, le dirigeant a «augmenté massivement les droits de douane», et il a surtout provoqué une «énorme insécurité et des perturbations» à travers le monde.

La Suisse n'y échappe pas, écrit Raiffeisen dans une étude. Cela se ressent à de multiples niveaux.

Les perspectives se sont nettement assombries pour l'industrie d'exportation. Des droits de douane sur le secteur pharmaceutique, primordial pour la Suisse, pourraient bientôt suivre. Ceux sur les voitures et l'acier menacent indirectement les entreprises suisses qui fournissent l'industrie européenne. En effet, les marchandises chinoises destinées aux Etats-Unis pourraient finir en Europe ou en Suisse, entraînant une baisse des prix.

Tout cela impacte les taux d'intérêt, l'inflation et les prix des logements helvétiques. Raiffeisen prévoit que l'inflation pourrait temporairement tomber en dessous de zéro:

«On ne peut donc pas exclure des taux d'intérêt négatifs»

Ceux d'une durée de quatre ans maximum le seraient déjà, et les taux pour les hypothèques fixes auraient également baissé. Résultat, les prix de l'immobilier pourraient grimper encore.

La BNS doit réagir, mais comment?

Conformément aux projections de la banque, la Suisse a effectivement connu en mai une inflation annuelle négative, pour la première fois depuis quatre ans. C'est ce que montre l'indice national des prix à la consommation, qui vient d'être publié par l'Office fédéral de la statistique. Par rapport à l'année précédente, les prix ont reculé de 0,1%. En moyenne, tout est donc devenu légèrement moins cher.

Cela vaut surtout pour le pétrole. Les prix de l'essence, du diesel ou du mazout enregistrent près une baisse de 10% en moyenne. Le trafic aérien, dont les prix dépendent du brut, affiche, lui, une diminution de près de 14%. Avec 2,6% de hausse, les loyers ont à l'inverse contenu la baisse du niveau des prix. Tous les autres ont baissé de 0,7% en moyenne.

Ce qui ne fait pas les affaires de Martin Schlegel. Le président de la Banque nationale suisse (BNS) veut maintenir l'inflation entre 0 et 2%. Les derniers chiffres en la matière plaident en faveur d'une baisse du taux directeur de la BNS. Un examen de la situation économique et monétaire est agendé au 19 juin, l'occasion de prendre une décision à ce sujet. Reste à déterminer l'ampleur d'une éventuelle baisse.

Le taux directeur de la BNS se situe aujourd'hui à 0,25%. Martin Schlegel doit donc décider s'il le ramène à 0% - ou s'il le fait passer directement en négatif, à -0,25%. Pour Alexander Koch, économiste chez Raiffeisen, les marchés financiers s'attendent en tout cas à un retour à des taux directeurs négatifs dans le courant de l'année.

Cela se reflète dans les taux des obligations d’Etat suisses à deux ans. Ceux-ci sont en territoire négatif depuis fin avril et ont récemment même chuté en dessous de -0,2%. Cela signifie que la BNS devrait repasser en territoire négatif cette année, avant de remonter à 0 % ou légèrement au-dessus au cours des deux années suivantes. En moyenne, cela donnerait un taux directeur d’environ -0,2% – soit le taux actuel des obligations d’Etat à deux ans.

Les propriétaires pourront à nouveau épargner

La baisse des taux suisses est également soutenue par les chiffres de l'inflation dans la zone euro. En mai, les prix n’y ont pas augmenté, selon l’office statistique européen Eurostat. Par rapport à l’année précédente, les prix n’ont augmenté que de 1,9%, ce qui est en dessous de l’objectif de la Banque centrale européenne (BCE). Cela ouvre donc la voie à une baisse des taux directeurs de la BCE ce jeudi. Les experts s’attendent à une réduction du taux de dépôt de la BCE, de 2,25% à 2%.

Cela met la BNS encore plus sous pression. Si elle ne baisse pas à son tour son taux directeur dans deux semaines, l’écart entre son taux et celui de la BCE se réduira: elle conservera certes des taux plus bas, mais la différence serait moindre. Le franc s’en trouverait renforcé, les importations suisses depuis la zone euro deviendraient moins chères, et l’inflation en Suisse encore plus faible. Pour éviter cette pression baissière supplémentaire, la BNS devra probablement procéder à une baisse de ses taux directeurs.

Quoi qu’il en soit, tout porte de plus en plus à croire que la période de taux d’intérêt élevés liée au Covid n’était qu’une tendance temporaire, et que, selon Raiffeisen, une «phase prolongée de faibles taux, voire de taux négatifs, s’annonce à nouveau».

Avec ces taux bas, l’achat redevient plus avantageux que la location, comme avant la pandémie. Il est possible d’économiser entre 15 et 30% des coûts liés au logement. Cela accroît la demande de propriété immobilière, et après deux années de croissance modérée, les prix repartent nettement à la hausse. Ainsi, les appartements en propriété devraient augmenter de 3,5% sur un an, et les maisons individuelles de 5%.

Adaptation française par Valentine Zenker

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