L'accès à la propriété échappe de plus en plus à la classe moyenne dans notre pays. En témoigne l'évolution de la situation à Zurich. Sur onze grandes villes européennes passées en revue, la plus grande localité suisse a enregistré la plus forte croissance de prix au cours des cinq dernières années. C'est ce qu'ont constaté les économistes d'UBS dans une étude tout juste publiée. Zurich remporte donc aussi la palme d'un risque d'une bulle immobilière et de son éclatement.
Ce risque y serait plus important que dans n'importe quelle autre métropole: Paris, Londres, Milan, Munich, Madrid ou Amsterdam. A Zurich, les prix corrigés de l'inflation sont plus de 20% plus élevés qu'avant la pandémie de Covid. Elle n'a pas pu contenir la flambée.
La hausse des taux d'intérêt hypothécaires a certes pesé sur la demande, mais cela n'a pas suffi à faire chuter les prix. Ils ont continué à augmenter, mais plus lentement qu'auparavant. Les salaires moyens n'ont pas suivi, loin de là.
En termes réels, ils n'auraient progressé que faiblement progressé, de moins de 10%. La disproportion entre les prix et les revenus s'est donc encore accrue. Les premiers correspondent de moins en moins à ce que les gens peuvent effectivement payer.
Et les perspectives d'amélioration restent peu réjouissantes. Ce qui devrait normalement se produire dans une économie de marché n'a pas encore eu lieu. Ces prix élevés reflètent en effet une pénurie et devraient constituer une incitation à y remédier. Mais au lieu de cela, la construction stagne comme elle ne l'a pas fait depuis longtemps, le nombre de permis de construire délivrés est tombé à un niveau historiquement bas.
Selon les économistes, il y a par ailleurs une autre tendance qui aggrave la situation. Lorsque des appartements à vendre arrivent sur le marché, les investisseurs se les arrachent d'entrée de jeu. Ils ne les utilisent pas pour eux-mêmes, mais les louent pour faire du rendement.
Les loyers seuls ne rapportent certes pas grand-chose par rapport au prix d'achat; les rendements sont faibles, estime UBS. Mais les investisseurs sont poussés par l'idée d'une plus-value à long terme.
Cela revient à miser sur des prix toujours plus élevés, un comportement typique des bulles spéculatives. Voilà pourquoi les économistes de la grande banque parlent d'un risque «élevé» de bulle immobilière à Zurich.
Toujours selon eux, rien ne laisse cependant supposer que cette bulle va bientôt éclater. Elle peut persister encore longtemps. La situation pourrait aussi se résorber lentement et sans faire de vague.
En attendant, la vie à Zurich restera probablement plus onéreuse. De plus en plus d'entreprises et de personnes continueront en effet de s'y installer. Enfin, le faible nombre de logements disponibles contribuera à renforcer l'image de «biens de luxe» des maisons individuelles. Celles-ci «gagneront en importance en tant que symboles de statut social».
(Traduit de l'allemand par Valentine Zenker)