Le camp de concentration d'Auschwitz reste aujourd'hui encore le symbole des atrocités commises par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. Il est donc difficile de croire qu'en 1940, un jeune résistant s'est porté volontaire pour infiltrer le camp de concentration en tant que prisonnier. Mais au lieu de le célébrer pour ses actes, on a longtemps gardé son histoire sous silence.
En 1940, Witold Pilecki, officier polonais et membre de la résistance à l'occupation nazie, a fait un geste sans précédent: il s'est porté volontaire pour s'infiltrer dans le camp de concentration d'Auschwitz. Lors d'une rafle SS à Varsovie, il s'est rendu à la Wehrmacht et a été déporté directement à Auschwitz.
Pilecki a donc plongé dans le camp de concentration et a été témoin des cruautés incommensurables du régime nazi. Mais au lieu de se laisser intimider par la brutalité, ce prisonnier volontaire portant le numéro 4859, s'est concentré sur sa mission. Il organisa une résistance à l'intérieur du camp et recueillit secrètement des informations sur les crimes commis.
Fin 1940, Pilecki a remis ses premières observations écrites à un détenu libéré. Il y décrivait les exécutions de masse, les mauvais traitements, les conditions de travail brutales et listait les noms des pires gardiens. En mars 1941, ses notes sont même parvenues à Londres.
Les espoirs de Witold Pilecki de voir les Alliés ou la Résistance libérer Auschwitz ne se concrétiseront cependant pas. En Grande-Bretagne, les responsables n'ont pas pris le rapport au sérieux – ils pensaient que c'était une description exagérée. Witold Pilecki s'est donc retrouvé seul, prisonnier à Auschwitz.
Lorsqu'il a compris que personne ne viendrait l'aider, il a pris les choses en main. Avec deux autres détenus, il a maîtrisé un gardien dans la nuit du 27 avril 1943. Les trois détenus ont réussi à voler des documents et à s'échapper du camp de concentration.
Pilecki ne disposait désormais non seulement de ses propres rapports, mais aussi de documents prouvant les gazages au camp de concentration d'Auschwitz. Mais ses déclarations n'étaient toujours pas considérées comme crédibles. En outre, une attaque sur Auschwitz n'était pas intelligente d'un point de vue stratégique, disait-on du côté des Alliés.
Après trois ans d'emprisonnement à Auschwitz et une évasion risquée, Pilecki a poursuivi son combat malgré les revers. Il a participé à l'insurrection de Varsovie et a continué à se battre contre l'oppression. Il a vécu la fin de la Seconde Guerre mondiale en captivité en Allemagne.
Mais au lieu d'être célébré comme un héros, l'histoire de Witold Pilecki a pris une tournure tragique. Lorsque la Pologne est passée sous le contrôle d'un gouvernement communiste après la guerre, il est tombé dans leurs griffes. Et les nouveaux dirigeants considéraient Pilecki comme un ennemi. En effet, il avait également rassemblé des preuves sur leurs atrocités, comme le massacre de Katyn. Pilecki a donc été condamné à mort en 1948 lors d'un procès-spectacle pour espionnage au profit des alliés occidentaux.
Jusqu'en 1989, les informations sur les actes de Pilecki et son sort ont été tenues secrètes. Ce n'est qu'après la chute du régime communiste polonais que Witold Pilecki a été réhabilité. Il a probablement été exécuté en 1948. On ne sait toujours pas où il est enterré. En 2013, il a été promu colonel à titre posthume.
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci