Le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, résume en quelques mots la situation à laquelle fait face la grande organisation internationale:
La mission centrale de l'Organisation des nations unies est l'instauration et le maintien de la paix, comme en avaient décidé ses pères fondateurs après la Seconde Guerre mondiale. Cette mission, aujourd'hui, n'est pas remplie: une cinquantaine de conflits et de crises violentes secouent actuellement le globe. Notamment en Ukraine depuis plus de deux ans.
«Nous assistons à un nombre de conflits violents sans précédent depuis 1945», déplore Volker Türk, le haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme.
Les Nations unies sont souvent cantonnées au rôle de pompiers humanitaires. Le Programme alimentaire mondial, les organisations humanitaires UNHCR et Unicef apportent leur soutien à des millions de victimes de la violence. Sans les femmes et les hommes œuvrant sous les bannières onusiennes, la situation dans le monde serait encore pire.
C'est surtout les rivalités entre puissances disposant d'un droit de veto au Conseil de sécurité de l'ONU et la défense acharnée des intérêts de chacune qui empêchent l'organisation mondiale d'avoir un réel engagement politique et de mettre fin aux différents conflits, à commencer par l'Ukraine.
L'échec de l'ONU est particulièrement patent au Proche-Orient et en Ukraine. L'organisation ne peut stopper ni même atténuer la violence entre le groupe terroriste Hamas et Israël, ni la guerre d'agression menée par la Russie dans l'Est de l'Europe. Dans la guerre de Gaza, l'ONU fait preuve d'une singulière faiblesse qui sape encore plus sa réputation.
Le Conseil de sécurité de l'ONU à New York a certes exigé dès novembre 2023 des trêves au Proche-Orient – sans pour autant faire pression sur les belligérants. Cette exigence n'a donc eu pratiquement aucun effet. Dans l'organe décrit comme le plus puissant de l'ONU, les Etats-Unis utilisent leur veto pour bloquer toutes les résolutions qui critiquent trop Israël – pour la première fois, une résolution demandant un cessez-le-feu immédiat à Gaza a été acceptée lundi 25 mars, les Etats-Unis s'étant abstenus. Mais les belligérants, Israël en particulier, se plieront-ils à cette exigence?
Interrogé avant la résolution qui vient d'être acceptée, un diplomate occidental déclarait:
Mais la déclaration imprudente du secrétaire général de l'ONU, selon laquelle les attaques terroristes du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 «ne viennent pas de rien», a alimenté le soupçon que l'organisation mondiale n'agit pas de manière neutre dans le conflit.
Paradoxalement, c'est l'une des principales agences de l'ONU qui affaiblit en ce moment l'organisation. En effet, des collaborateurs de l'agence d'aide palestinienne UNRWA sont accusés d'avoir participé aux attentats du 7 octobre contre Israël. Des enquêtes internes sont encore en cours, mais si les accusations s'avèrent vraies, l'ensemble des Nations unies risque de subir une grande perte d'autorité.
Depuis le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022, les Nations unies prêtent moins le flanc à la critique que ce n'est le cas au Proche-Orient. Le secrétaire général de l'ONU, l'Assemblée générale et le Conseil des droits de l'homme ont clairement condamné l'invasion des troupes de Vladimir Poutine. António Guterres a contribué à l'aboutissement de l'initiative sur les céréales de la mer Noire. L'accord a garanti pendant un an l'exportation sans encombre de produits agricoles ukrainiens par voie maritime.
En outre, les enquêteurs de l'Onu rassemblent systématiquement des preuves des atrocités et des crimes de guerre commis par les Russes. Ces documents pourraient être utilisés dans le cadre de procédures pénales internationales contre les auteurs de ces crimes. Le président de la commission d'enquête du Conseil des droits de l'homme de l'ONU, Erik Møse, a déclaré, à ce propos:
Le veto du Kremlin est la seule raison pour laquelle le Conseil de sécurité ne dénonce pas la guerre d'agression de la Russie. Moscou menace systématiquement d'utiliser son veto ou l'active pour rendre inopérant toute condamnation de son impérialisme agressif, que ce soit en Ukraine ou dans d'autres régions.
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci